La baisse de la consommation de gaz et d’électricité, voulue ou imposée par les circonstances, offres des perspectives plus sereines pour la fin de l’hiver
Électricité : une situation plus favorable
Baisse de la consommation : Elle atteint 8,5 % par rapport à la période 2014 – 2019 (corrigée des effets de la température). Il semble que cette tendance concerne tous les secteurs d’activité et ne s’explique ni uniquement, ni majoritairement, par une baisse de l’activité économique dans l’industrie, mais l’augmentation des prix de l’énergie ainsi que la pression inflationniste de ces derniers mois induisent un effet baissier sur la consommation, notamment via des optimisations voire des arrêts de production dans le secteur industriel. La sobriété n’est pas forcément choisie, mais les particuliers ont largement diminué leur consommation depuis la fin de l’été alors que les prix de l’électricité n’ont pas augmenté sur cette période du fait du bouclier tarifaire.
Stabilisation de la production : La disponibilité du parc nucléaire s’est approchée de 45 GW (les trois quarts de la puissance maximale du parc). Elle devrait progresser encore légèrement d’ici fin janvier. Elle demeure toutefois très en-deçà des références historiques : cela n’autorise aucun retard dans la maintenance classique ou les travaux en cours ou programmés sur les réacteurs affectés par le phénomène de corrosion. La production éolienne est particulièrement abondante depuis mi-décembre, ce qui a permis de ne quasiment pas solliciter les centrales à gaz et au charbon durant ces périodes. Les stocks hydrauliques sont désormais largement remplis et dépassent à présent la moyenne des années passées.
Baisse des prix : L’amélioration de la situation énergétique européenne a conduit à une forte détente sur les marchés de l’électricité, et à un écroulement des prix au cours des derniers mois. Cela confirme que les prix pratiqués pour la France à l’été et l’automne 2022 n’étaient pas cohérents avec les fondamentaux du système et témoignaient d’une anticipation exagérée du risque de défaillance par les acteurs de marché, même en se projetant sur une situation dégradée. Cette détente offre une perspective positive d’évolution des prix pour les consommateurs qui demeurent exposés aux prix de marchés (en particulier les entreprises).
Conclusion : Le niveau de risque sur la sécurité d’approvisionnement demeure « moyen » jusqu’à la fin de la période hivernale. RTE pourrait abaisser ce niveau de risque lors de la prochaine réactualisation, sous réserve que la trajectoire sur le parc nucléaire soit tenue et d’un maintien de la tendance sur les économies d’énergie.
Gaz : Le risque s’éloigne
Baisse programmée des stocks : Le niveau des stocks de gaz est historiquement élevé (au 15 janvier 2023, il représentait 106 TWh (80%), à comparer à une moyenne de 55% sur les 6 dernières années à la même date). Une baisse significative de ces niveaux est toutefois attendue dans les prochaines semaines pour respecter les contraintes techniques de « respiration » des stockages français pour conserver leurs performances pour les hivers à venir. Une baisse significative du niveau de remplissage est donc à prévoir dans les semaines à venir pour respecter cette contrainte.
Prix maîtrisé : Après une période de fin novembre à mi-décembre marquée en Europe par des températures plus froides que la normale et une production importante d’électricité à partir de gaz, le prix du gaz a fortement diminué.
Consommation en baisse : Du 1 er août 2022 au 15 janvier 2023, la consommation française de gaz a baissé de 12,8%, en neutralisant les effets climatiques, par rapport à la même période en 2018/19. Cette baisse résulte d’une baisse des consommations des clients raccordés aux réseaux de distribution (-13,0%) et d’une moindre consommation de gaz des industriels raccordés au réseau de transport (-24,0%). Ce changement de comportement des consommateurs finals de gaz (résidentiels, tertiaires et industriels) traduit à la fois un effet sobriété mais également un effet prix. Elle est compensée partiellement par une hausse des consommations des centrales électriques au gaz très sollicitées pour pallier les indisponibilités du parc nucléaire (+23,3%).
Terminaux opérationnels : 87,7 TWh ont été déchargés dans les terminaux méthaniers français entre le 1 er novembre (début de l'hiver gazier) et le 15 janvier 2023, soit 41% de plus que le précédent record à la même date. Pendant cette période, les entrées de GNL ont représenté environ 75% de la consommation française.
Prix : détente significative : Après une période de fin novembre à mi-décembre marquée par des températures plus froides que la normale et une production éolienne très faible, le gaz revient à des niveaux de prix plus faibles. Le gaz s'échangeait à 60 €/MWh début janvier 2023 sur la TRF (place de marché française) alors que son prix atteignait 200 €/MWh en août. On constate la même tendance sur la place de marché de référence en Europe (TTF) avec un prix de 66 €/MWh début janvier contre 305 €/MWh en août.
Conclusion : Compte tenu du déroulement de l’hiver jusqu’à maintenant et du niveau des stockages encore très élevé, le risque d’un déficit de gaz en volume sur le reste de l’hiver 22-23 apparait très improbable. Le risque de déficit journalier a également quasiment disparu. Un risque résiduel sur quelques jours persiste toutefois en cas de concomitance d’une forte pointe de froid et d’une baisse des approvisionnements.
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