Les voyants économiques sont toujours dans le rouge, même si les indicateurs montrent un léger ralentissement de la chute par rapport aux trimestres précédents.
Pour prendre le pouls de l’économie française, rien de tel que d’aller regarder les chiffres des greffes de tribunaux de commerce, qui, avec l’institut Xerfi Spécific, évalue tous les trimestres l’état des entreprises, en se basant sur l’analyse des données des 6 millions de sociétés immatriculées au RCS.
De cette enquête grandeur nature il ressort que la France s’enfonce dans une période particulièrement morose pour l’entrepreneuriat.
Au cours du troisième trimestre, le nombre d’entreprises en difficulté a bondi de 22 % par rapport à la même période l’an passé. Le nombre de radiations, lui, ralentit : il baisse de 14 % par rapport au troisième trimestre 2022. En l’espace de 3 mois, plus de 10 000 entreprises ont ainsi fait l’objet d’une ouverture de procédure collective, élevant à 35 000 le nombre de procédures ouvertes depuis le début de l’année.
La construction flanche
Les ouvertures de procédures collectives ont marqué un léger ralentissement ces 3 derniers mois par rapport aux trimestres précédents, et ce tous secteurs confondus, tout en gardant un rythme de croissance très prononcé. L’augmentation la plus importante concerne les activités financières et l’assurance, avec une hausse de 38% sur un an d’intervalle. Les secteurs de l’information-communication (+35%) et des services aux entreprises (+37%) affichent aussi une forte progression des procédures, en raison notamment de la fin des PGE dont l’échéance est imminente.
Grâce à la bonne tenue de l’activité durant la période estivale, les secteurs de l’hébergement-restauration et du commerce ont été un peu moins touchés que durant les trimestres précédents (hausse respective de 21% et 16%, soit +39% et +35% en rythme annuel). En revanche, dans la construction, la chute des mises en chantier de bâtiments neufs et la faible demande pour les chantiers de rénovation se font ressentir sur l’évolution de la sinistralité (+26% entre juin et septembre). Les entreprises de l’industrie manufacturière et extractive sont également toujours plus nombreuses à subir des difficultés (+20% pour les procédures collectives), en particulier les plus énergivores qui pâtissent des prix élevés. Finalement, les activités de transport et entreposage font partie des plus résistantes, avec une hausse des ouvertures de procédures limitée à 13%
Les redressements judiciaires et les procédures de sauvegarde ont respectivement augmenté de 38% et de 33 % au 3e trimestre 2023 alors que les liquidations judiciaires, qui représentent presque trois quarts des jugements de procédures collectives, ont augmenté de 18% sur cette même période. Par ailleurs, il convient de noter que la part des procédures débouchant sur un jugement de liquidation est quasiment aussi importante pour les SARL (76,5%) que pour les entreprises individuelles (75,5%) à l’exception des SAS (72,5%).
L’immobilier s’effondre
Le nombre de liquidations judiciaires a également continué d’augmenter au 3e trimestre 2023, même si le rythme de hausse a été divisé par 2 comparé au trimestre précédent (+18% contre +36% au 2e trimestre 2023). Les métiers en lien avec le secteur immobilier sont une nouvelle fois les premiers concernés par cette vague de défaillances. C’est le cas des agences immobilières (+175%) ou encore des entreprises de nettoyage courant des bâtiments (+98%) et de travaux en tous genres (+90% pour les travaux de maçonnerie générale et gros œuvre de bâtiment), qui souffrent de la chute de la construction neuve.
La situation reste aussi critique pour certaines branches du commerce et des services de proximité, à l’image des boulangeries-pâtisseries (+87%) et des salons de coiffure (+82%), victimes d’un « effet ciseau » entre hausse des coûts et baisse de la consommation. Les acteurs du multimédia et des services à l’entreprise ne sont pas non plus épargnés avec +124% pour les programmateurs informatiques et +102% pour les sociétés de conseil pour les affaires et autres conseils de gestion.
Au cours du 3e trimestre 2023, plus de 106 000 entreprises ont été détectées comme étant en difficulté, soit un recul de 15% par rapport au 3e trimestre 2022. Presque 80% des ouvertures de procédures préventives s’effectuent par convocation suite à des informations internes. Les demandes d’entretien spontanées ne représentent quant à elles que 15% de l’ensemble des dossiers de prévention étudiés, une part légèrement en baisse par rapport à 2022 mais supérieure à celle des années précédentes.
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