Avec 18 709 procédures ouvertes, le dernier trimestre établit un record pour une fin d’année et le cap des 67 000 jugements est franchi au terme de 2024
Au 31 décembre 2024, un pic de 18 709 ouvertures de procédures collectives sur les 3 derniers mois est atteint, révèle le groupe Alteres. Un record absolu pour un 4ème trimestre. Seul le 1er trimestre 2015 avait présenté un tel niveau (18 750). Sur l’ensemble de l’année, nous atteignons un nouveau record de 67 830 défauts. Néanmoins, avec 6 700 procédures ouvertes en octobre, 6 220 en novembre et 5 789 en décembre, la fin d’année actionne le frein moteur permettant de contenir la hausse à +10 % sur le trimestre. Un taux au plus bas depuis trois ans, loin des +40 % auxquels notre économie a dû faire face en moyenne trimestrielle jusqu’en début 2024. Cette décélération de fin d’année permet de retomber sous les 20 % (17 %) sur 12 mois. Dans ces conditions, il apparaît probable que le dernier trimestre 2024 ait atteint un plafond.
Les procédures de redressement judiciaire (RJ) augmentent le plus vite avec 19 641 jugements prononcés en 2024, soit 29,4 % de plus sur un an. Désormais, près de 30 % des jugements sont des RJ, un taux conforme au passé après l’intermède Covid sous 25 %. Le retour des assignations URSSAF (25 % des RJ au T2 et 26 % au T3) participe à cette hausse. La procédure de sauvegarde est quant à elle davantage demandée (1 549 en 2024 contre 1 537 en 2023) mais représente toujours à peine plus de 2 % de l’ensemble des jugements. Plus des deux tiers (68 %) des jugements prononcés concernent des liquidations judiciaires. Un taux redevenu conforme aux habitudes alors que la parenthèse Covid avait porté ce taux au-delà de 75%.
La procédure de traitement de sortie de crise, instituée en 2021 et jusqu’à juin 2023 pour permettre aux entreprises de moins de 20 salariés de faire face aux conséquences économiques du contexte Covid, a été réactivée par la loi d'orientation et de programmation du ministère de la justice 2023-2027. Ceci pour deux ans à compter du 22 novembre 2023 jusqu’au 21 novembre 2025 inclus. Ce dispositif reste cependant peu utilisé. 100 ouvertures ont été prononcées en 2024 contre 76 en 2023 sur six mois.
• CONSTRUCTION : Le secteur de la construction concentre un gros quart des procédures (27 %) des faillites et compte 5 111 défauts dont près de 4 000 dans les seules activités du bâtiment. 3 988 entrepreneurs ont obtenu l’ouverture d’une procédure : c’est 8,6 % de plus sur un an, soit un rythme inférieur à la moyenne globale du trimestre (+10 %). Le chiffre encourageant de cette fin d’année est porté par le gros œuvre dont les jugements n’ont progressé que de 3 % (+3 % en maçonnerie et +8 % en maison individuelle). Le second œuvre (+12 %) et les travaux publics (+16 %), peinent en revanche davantage. L’immobilier reste lourdement affecté (+36,5 %), en particulier la promotion immobilière (+266 %) du fait du défaut d’un groupe lyonnais, tandis que souffle un vent de retour d’optimisme pour les agences immobilières (-10 %).
• COMMERCE : Le commerce de détail, autre poids lourd des défaillances représentant un défaut sur dix (2 094), passe enfin dans le vert (-0.6 %). Les tendances sont même très nettement positives dans l’alimentaire (-11 %), le multi-rayons (- 14 %) c’est à dire épiceries et superettes, l’optique (-22 %), les pharmacies (-14 %), mais aussi l’habillement (-5 %). A l’inverse, le meuble ne parvient toujours pas à redresser la barre (+54 %). Le commerce et la réparation de véhicules résiste (+8 %) tiré par les garagistes (+5 %) alors que la vente de véhicules automobile (+12 %) reste sous tension. La situation est cependant plus difficile pour les grossistes (+17,5 %) dans toutes les activités de la branche.
• INDUSTRIE : Les défaillances dans l’industrie (1 132) augmentent deux fois moins vite (+4,9 %) que la moyenne (+10 %). Cette performance est portée par l’agroalimentaire où la boulangerie est reine (+3 %). La manufacture est en ligne avec la tendance globale (+9.3 %) en dépit des tensions dans la fabrication de vêtements de dessus (+18 %), de structures métalliques (+19 %) ou de portes et fenêtres en métal (+65 %), de récupération de déchets (+100 %) ou de réparation d’équipements mécaniques (+86 %). Notons que l’imprimerie repasse dans le vert (-3 %).
• SERVICES : Dans les services aux entreprises (2 563), la hausse (+14,6 %) est plus rapide. La tendance est encore forte dans le conseil pour les affaires (+20 %), les activités liées aux systèmes de sécurité (+56 %), le nettoyage des bâtiments (+21 %) ou encore l’organisation de foires et salons (+29 %). L’évolution est toutefois favorable pour les agences de publicité (-16 %). Dans les activités d’information et communication, les hausses sont marquées dans les activités informatiques (+23 %), particulièrement dans la programmation (+20 %), le conseil (+40 %) ou le traitement de données (+75 %). Pour les services aux particuliers, la mauvaise surprise vient des coiffeurs. 360 ont défailli, c’est 26 % de plus par rapport au T4 2023. Les soins de beauté s’en sortent beaucoup mieux (+1 %).
• TRANSPORTS : Près de 900 transporteurs ont défailli sur cette fin d’année, un nombre en forte hausse (+23,6%). La tendance est cependant un peu moins lourde pour le transport routier de marchandises (+13 %) tiré par le fret de proximité (+11 %) tandis que l’interurbain (+18 %) est davantage sous tension. Dans les autres activités de transport, l’orientation est donnée par les taxis (+38 %) dont près de 200 ont défailli sur cette seule fin d’année.
• RESTAURATION : 1 962 établissements de restauration sont tombés sur le T4, c’est encore beaucoup mais le rythme ralentit fortement sur un an et tombe sous les 5% de hausse. Une performance constatée à la fois en restauration traditionnelle (997 ; +5 %) et rapide (888 ; +5 %). Les débits de boisson font encore mieux (+3 %) tandis que l’hébergement (+7,6 %) peine en hôtellerie (+11 %) et plus encore en hébergement touristique de courte durée (+41 %).
• AGRICULTURE : Le secteur se distingue avec une sinistralité contenue à +1,2 % (436 défauts) sur le dernier trimestre. Les difficultés sont néanmoins sensibles dans l’exploitation forestière (+38 %). La culture passe au vert (-2 %) mais la vigne reste encore très à l’écart (+59 %). L’élevage est également favorablement orienté (-1 %) mais l’élevage de vaches laitières repart dans le rouge (+32 %) en comparaison d’un 4e trimestre 2023 qui avait été bon.
• AUTRES ACTIVITES : Le secteur du social présente encore sur cette fin d’année des évolutions très négatives. Ainsi, les défaillances d’entreprises organisées sous forme associative (comme c’est souvent le cas dans le secteur), s’envolent de +44 % dans l’aide à domicile, +60 % dans les crèches et pire encore, +113 % dans l’action sociale sans hébergement. La santé n’est pas épargnée, avec +17 % pour les infirmiers. Les activités récréatives (+6,3 %) s’en sortent mieux tirées par les activités liées au sport (-12 %) qui généralement connaissent un recul du nombre de défauts. Néanmoins, la situation est plus compliquée pour les activités artistiques et de spectacle (+37 %). Les structures d’enseignement quant à elles finissent bien l’année (-4 %).
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