Un horizon toujours bouché

Les TPE-PME anticipent un nouveau ralentissement de leur activité en 2024 et n’attendent rien de très bon de 2025

L’activité des TPE-PME françaises est de nouveau attendue en ralentissement en 2024, dans un contexte de faiblesse de la demande, selon l’enquête de conjoncture Bpifrance Le Lab.

. Le solde d’opinion relatif à l’activité poursuit son recul (−6 points sur le semestre et −10 points sur un an) et s’établit, à +2, nettement en-dessous de sa moyenne historique (+14), alors que les carnets de commande restent peu garnis. La croissance moyenne du chiffre d’affaires est attendue légèrement négative en 2024, à −0,5 % après +0,6 % estimé en 2023. Les difficultés d’approvisionnement se sont en revanche encore estompées et limitent désormais significativement l’activité de 29 % des TPE-PME contre 36 % en novembre 2023.

L’emploi resterait relativement dynamique, en particulier dans l’Industrie. L’indicateur relatif à l’évolution des effectifs des TPE-PME, qui avait nettement reculé à l’automne, se redresse partiellement (+3 points en 6 mois à +9) et repasse ainsi tout juste au-dessus de sa moyenne de long terme (+8). Sur 1 an, il affiche un recul de 5 points là où l’indicateur d’activité chute de 10 points. Les difficultés de recrutement restent élevées mais sont moins prégnantes qu’en fin d’année dernière : 78 % des dirigeants déclarent en rencontrer, une proportion stable sur le semestre, mais ils sont moins nombreux à les juger sévères (34 % soit −2 points depuis novembre 2023).

Le ralentissement de l’activité des TPE-PME s’observe dans tous les secteurs d’activité à l’exception des Services, quelle que soit la taille de l’entreprise, selon une ampleur plus ou moins marquée. Les secteurs des Transports, du Commerce et de la Construction sont les plus affectés, avec un chiffre d'affaires attendu en recul cette année. La croissance du chiffre d’affaires est attendue plus faible qu’en 2023 et qu’en moyenne au cours des dernières années, quelle que soit la taille de l’entreprise. Les TPE, habituellement moins dynamiques, sont plus en difficulté. Elles anticipent un recul de 2,5 % de leur chiffre d'affaires là où les PME d’au moins 20 salariés verraient leur chiffre d’affaires progresser en moyenne en 2024, de manière croissante selon la taille.

 La situation de trésorerie des TPE-PME se stabilise à un niveau relativement confortable. La rentabilité est attendue moins bonne cette année.

L’indicateur relatif à la situation de trésorerie sur les six derniers mois, en dégradation continue depuis les points hauts atteints en 2021, interrompt sa baisse à un niveau un peu supérieur à sa moyenne de long terme (stable à −10 contre −14 en moyenne entre 2000 et 2023). Les PME sont moins inquiètes qu’en novembre dernier quant à l’évolution future de leur trésorerie, mais ne s’attendent pas à une amélioration (+4 points sur le semestre à −8, encore 3 points sous son niveau moyen de long terme). Les dirigeants sont un peu plus nombreux à prévoir une diminution de leur rentabilité en 2024 qu’une augmentation. À −4, le solde d’opinion est en légère baisse sur 1 an (−2 points) et s’écarte de sa moyenne de long terme (+3).

Le remboursement des PGE s’accélère. Le risque de non-remboursement reste limité.

Parmi les TPE-PME déclarant avoir souscrit à un Prêt Garanti par l’Etat (environ la moitié des répondants), 67 % déclarent l’avoir consommé dans sa majorité (après 66 % en novembre 2023 et 64 % il y a un an), dont 47 % dans sa quasi-totalité. Le remboursement s’accélère : 19 % des dirigeants concernés ont déjà intégralement remboursé leur prêt (+3 points en 6 mois) et 10 % prévoient de le rembourser dans son intégralité d'ici la fin de l'année 2024. 66 % amortiraient leur prêt sur plusieurs années, une proportion en baisse sensible ce semestre (75 % en novembre dernier). Le risque de crédit attaché au remboursement des PGE reste limité : 4 % des répondants craignent ne pas être en mesure de rembourser leur prêt, une proportion stable sur 6 mois comme sur 1 an.

L'investissement poursuivrait son ralentissement cette année, dans un contexte de demande affaiblie et de taux encore élevés.

L’accès au financement des TPE-PME reste souple : 13 % d’entre elles déclarent rencontrer des difficultés pour financer leur trésorerie (proportion stable sur le semestre) et 11 % pour financer leurs investissements (en léger recul sur le semestre), des proportions proches de celles observées avant la crise sanitaire. Les taux d’intérêt accordés aux PME ont légèrement reflué en début d’année, tout en restant à des niveaux encore très élevés. Le coût du crédit reste ainsi un obstacle majeur à l’investissement mais moins pénalisant qu’en fin d’année dernière (cité par 49 % des TPE-PME après 56 % en novembre dernier). La faiblesse de la demande redevient le principal obstacle à l’investissement, cité par 52 % des TPE-PME (proportion stable sur le semestre).

Dans cet environnement, l’investissement ralentirait en 2024. Les intentions d’investissement diminuent : 43 % des TPE-PME ont réalisé ou prévu des investissements en 2024 contre 45 % un an auparavant et environ 50 % avant-crise. L'industrie se distingue des autres secteurs avec 57 % de TPE-PME prévoyant des investissements au cours de l’année 2024, une proportion quasi stable sur un an et proche de sa moyenne de long terme. Les montants investis sont en net ralentissement : à −9, l’indicateur perd 6 points sur un an et s’établit à un niveau nettement inférieur à sa moyenne de long terme (−4).

Les TPE-PME sont peu confiantes quant à leurs perspectives d’activité pour 2025.

L’indicateur prévisionnel d’activité se stabilise sur 1 an à +16, un niveau nettement en-deçà de sa moyenne de long terme (+25). Les perspectives d'activité se dégradent dans le Tourisme et les Transports (resp. −14 et −4 points), et se stabilisent à bas niveau dans la Construction et le Commerce. Seule l’Industrie voit ses perspectives s’améliorer sur un an (+3 points, à +25). Ce serait, avec les Services, les secteurs les plus porteurs. L’indicateur prévisionnel d’activité y demeure toutefois 7 à 8 points sous son niveau moyen de long terme. Les embauches resteraient relativement dynamiques au regard de l’activité. L’indicateur prévisionnel perd 1 point à +16 mais s’établit proche de son niveau moyen observé depuis 2000 (+17).

 

   

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