Encore deux années difficiles à prévoir pour l’activité, la consommation, la croissance, l'emploi, avant une reprise espérée en 2026.
La Banque de France a publié ses projections sur l’activité économique de la France pour les trois porchaines années. Selon les experts, le pays « parviendrait à sortir progressivement de l’inflation sans récession ». Mais les jours vraiment meilleurs attendront 2026, avec une croissance estimée à 1,6 %, soit deux fois plus que le chiffre probable de cette année, sous réserve « que les effets des chocs récents pesant sur l’économie française (choc de prélèvement extérieur, resserrement des conditions monétaires et financières) se seront estompés ».
Au total, « l’activité resterait ralentie en 2024 et sera portée en 2025 par l’améloration de l’investissement privé ».
Croissance : rien de bon à venir
En 2024, la croissance du PIB demeurerait à 0,9 %, mais serait davantage tirée par la demande intérieure qu’en 2023. La consommation des ménages, dont la contribution augmenterait en 2024), bénéficierait notamment de gains sur le pouvoir d’achat des salaires grâce au repli de l’inflation, en partie atténués par le tassement de l’emploi, conséquence décalée dans le temps du ralentissement économique. En 2025, la croissance du PIB augmenterait pour atteindre 1,3 %, toujours portée par les moteurs intérieurs de l’activité (principalement la consommation des ménages et dans une moindre mesure l’investissement des entreprises). En 2026, la croissance du PIB serait porté la poursuite de la baisse du taux d’épargne des ménages, sans que celui-ci ne retrouve pour autant son niveau pré-Covid.
Inflation : le recul s’amorce
En 2024, l’inflation totale reculerait à 2,5 % et l’inflation hors énergie et alimentation diminuerait plus lentement, à 2,8 %. La modération des hausses de prix de l’alimentation se poursuivrait, en lien avec le fort ralentissement des prix de production agroalimentaires observé depuis plusieurs mois, sous l’hypothèse que les révisions de prix discutées dans le cadre des prochaines négociations commerciales s’achevant fin janvier 2024 restent contenues. En 2025 et 2026, sous le double effet de la poursuite de la normalisation des prix des matières premières alimentaires et énergétiques, l’inflation totale reculerait respectivement à 1,8 % et 1,7 %, et l’inflation hors énergie et alimentation à 2,2 % et 1,9 %, sans tension sur l’offre à ce stade du cycle économique
Salaires : nette progression
Après avoir reculé en 2023, les salaires réels recommenceraient à croître en 2024-2026, pour revenir vers une croissance proche de celle de la productivité du travail, elle-même en accélération. Ce décalage entre la dynamique de l’inflation et celle des salaires nominaux résulte du caractère largement annuel des négociations salariales et de l’indexation retardée du Smic.
Emploi : la dégradation se poursuit
La dégradation de l’emploi constatée depuis quelques mois se poursuivrait jusqu’en 2025, correspondant à la fois aux effets retardés du ralentissement de l’activité et à un rétablissement partiel de la productivité du travaill. Toutefois, d’autres facteurs seraient plus durables, notamment la montée en puissance de l’apprentissage et le retour à l’emploi de personnes peu qualifiées, si bien que la productivité resterait durablement sous sa tendance pré-crise Covid Par conséquent, le taux de chômage augmenterait jusqu’en 2025 pour atteindre 7,8 % de la population active et ne baissera pas avant la fin 2026.
Consommation des ménages : pourvu qu’elle tienne
Ainsi, après une croissance en demi-teinte en 2023, soutenue par les gains de pouvoir d’achat et la baisse du taux d’épargne, la consommation des ménages se rétablirait entre 2024 et 2026, avec des taux de croissance de 1,5 % par an en moyenne. L’investissement des ménages se contracterait de 3,6 % en 2023 et 4,1 % en 2024. D’autre part, l’investissement des ménages dans la transition énergétique devrait être soutenu en 2024 par le dispositif MaPrimeRénov’. Il se stabiliserait dans le courant de 2025, pour ensuite rebondir en 2026, quand les effets du resserrement des conditions financières se seront estompés et que le pouvoir d’achat immobilier des ménages aura commencé à se redresser.
Investissement des entreprises : il faut attendre
Les effets de la politique monétaire sur la croissance de l’investissement par l’intermédiaire des coûts de financement atteindraient leur maximum en 2024, avant de s’estomper à partir de 2025. La Bank Lending Survey indique toujours un net durcissement des conditions de crédit aux entreprises, qui se maintiendrait encore plusieurs trimestres avant de se normaliser. Une fois ces freins levés, la reprise de l’investissement se manifesterait dans le courant de l’année 2025, soutenue par l’accélération de l’activité et par le maintien des marges des entreprises.
Déficit public : toujours le gouffre
En l’absence de nouvelles mesures, la réduction du déficit public ne serait pas suffisante pour entraîner une diminution du ratio de dette publique à l’horizon 2026, pour atteindre environ 3,9 % du PIB en 2026, un niveau encore supérieur à 2019. Après avoir un peu reculé à 109,9 % du PIB en 2023, le ratio de la dette publique cesserait de se replier et s’établirait sans nouvelles mesures à environ 111 % du PIB en fin d’horizon de prévision, soit un niveau à peine inférieur à celui de 2020. À titre de comparaison, pour l’ensemble de la zone euro, ce ratio baisserait de – 9 points entre 2020 et 2026 (à 88 % du PIB selon les projections de l’Eurosystème).
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