Sur les 3 millions d’indépendants que compte la France, un peu plus d’un indépendant sur dix gagne moins de la moitié du Smic annuel et vit sous le seuil de pauvreté.
En 2019, la France compte pus de 3 millions d’indépendants, d’après les résultats de la dernière enquête sur les revenus fiscaux et sociaux. Présents dans l’ensemble des secteurs d’activité, ils peuvent travailler seuls, employer un ou plusieurs salariés ou encore avoir le statut d’aide familial. Une partie d’entre eux exercent leur activité en tant que micro-entrepreneurs et ils peuvent par ailleurs cumuler une activité salariées (et donc des revenus salariés) en plus de leur emploi principal d’indépendant.
Ce statut présente un risque en matière de revenu liée aux aléas affectant leur activité. Ainsi, en 2018 et 2019, quatre indépendants sur dix ont des revenus d’activité déclarés à l’administration fiscale inférieur au Smic annuel correspondant à la quotité de travail qu’ils déclarent exercer. Plus d’un quart d’entre eux (27 %) ont des revenus d’activité annuels inférieurs à la moitiés du Smic rapporté à leur quotité de travail. Par ailleurs, 18 % des indépendants ont un niveau de vie inférieur au seuil du pauvreté monétaire (soit, en 2019, 1 102 € par mois et par unité de consommation).
Ces deux populations ne coïncident que partiellement. Seuls 12 % des indépendants cumulent faibles revenus et pauvreté. Le niveau de vie prend en effet compte de l’ensemble des ressources du ménage et dépend de la composition familiale.
Revenus de remplacement
Les indépendants ayant des revenus d’activité très faibles peuvent par ailleurs percevoir des revenus de remplacement : 21 % d’entre eux bénéficient d’allocations chômage contre 11 % de l’ensemble des indépendants et 12 % perçoivent une pension de retraite contre 8 % des indépendants. L’approche monétaire de la pauvreté a toutefois certaines limites, dans la mesure où une partie des dépenses de consommation des indépendants peut être intégrée directement dans les comptes de leur société ou d’exploitation (dépenses d’énergie ou de logement, par exemple), rendant les conditions de vie potentiellement moins défavorables.
Sur l’échelle des niveaux de vie, la distribution des indépendants se distingue de celle des salariés par une plus forte représentation aux extrémités. 13 % d’entre eux font partie des 10 % des ménages les plus pauvres contre 5 % des salariés et 25 % appartiennent aux 10 % des ménages les plus aisés contre 12 % des salariés.
Agriculteurs et commerçants très représentés
Les indépendants exerçant une profession de l’information, des arts et des spectacles ne représentent que 3 % de l’ensemble des indépendants mais ils comptent à la fois la plus forte proportion de personnes gagnant très peu (51 % ont un revenu annuel inférieur à la moitié d’un Smic annuel) et des personnes vivant dans un ménage en-dessous du seuil de pauvreté (28 %). Les agriculteurs sont également très nombreux à avoir des revenus d’activité très bas 38 % gagnent très peu et 26 % vivent sous le seuil de pauvreté. Les commerçants ont plus souvent de très faibles revenus que les artisans (36 % contre 29 %).
Les femmes exerçant leur activité sous le statut d’indépendant perçoivent plus souvent de faibles revenus d’activité que les hommes (30 % gagnent moins que la moitié du Smic annuel contre 26 % pour les hommes). Parmi elles, 12 % exercent sous le statut d’aide familial d’exploitant agricole ou de conjoint collaborateur d’artisan, de commerçant ou de professionnel libéral.
Jeunes et micro-entreprises
Les indépendants les plus jeunes ont plus souvent des revenus d’activité très bas. Plus du tiers des indépendants de moins de 30 ans perçoivent de faibles revenus d’activité (35 %). Ils sont deux fois plus souvent micro-entrepreneurs que l’ensemble des indépendants et leurs revenus sont limités par les plafonds sur les chiffre d’affaires réalisés. On trouve dans cette catégorie notamment les livreurs à domicile ou les chauffeurs de VTC mais aussi des commerçants.
La proportion d’indépendants percevant de très faibles revenus d’activité est la plus élevée parmi les seniors (65 ans et plus) : 45 %. A ces âges, la perception de faibles revenus d’activité résulte souvent d’une cessation progressive d’activité. Ainsi, plus des trois quarts des indépendants seniors perçoivent une pension de retraite.
Les indépendants sont plus souvent en couple (avec ou sans enfant) que les salariés. Qu’ils gagnent très peu ou non, neuf indépendants sur dix vivant en couple ont un conjoint ayant des revenus d’activité ou de remplacement, qui représentent en moyenne près de la moitié du revenu disponible des ménages des indépendants.
Les dispositifs de redistribution sociale jouent un rôle essentiel dans la lutte contre la pauvreté monétaire. Plus de la moitié des indépendants (et des salariés) bénéficie d’au moins une des cinq prestations sociales (RSA, prime d’activité, allocation adulte handicapé, allocations logement, prestation familiale). Ces prestations comptent pour une part importante du revenu des indépendants gagnant très peu et des indépendants confrontés à la pauvreté. Lorsqu’ils en perçoivent, elles représentent de 27 à 36 % des revenus moyens des ménages.
Cette étude, réalisée par l’Insee, se base sur des données datant d’avant la crise sanitaire. Il est à craindre que les fermetures administratives et les confinements aient fortement augmenté les difficultés financières de nombreux travailleurs indépendants.
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