PGE : les TPE étalent leur remboursement

Quelle stratégie les entreprises ayant eu accès au PGE utilisent pour le rembourser ?

En examinant le chiffre d’affaires des entreprises entre 2019 et 2021, on note que les entreprises ayant remboursé en intégralité leur PGE dès la première date anniversaire ont eu un taux de croissance plus important que celles qui ont choisi de conserver leur prêt, souligne une note de la Banque de France. Au-delà de la dynamique du chiffre d’affaires, d’autres facteurs ont-ils affecté le choix de remboursement ?

Dans le cas des « PGE Covid », aucun remboursement n'était exigé la 1ère année. Puis, un an après l’octroi, l’entreprise pouvait décider :  de le rembourser immédiatement dans son intégralité, de commencer à le rembourser sur une période allant de 1 à 5 ans, ou  de différer le début du remboursement d’une année supplémentaire et de l’étaler sur une période allant de 1 à 4 ans

La décision de rembourser immédiatement et en intégralité son prêt un an après l’octroi dépend d’un grand nombre de facteurs. La taille est un déterminant : seules 10% des microentreprises et très petites entreprises (TPE) choisissent de rembourser l’intégralité de leur PGE en 2021 contre 15% des moyennes entreprises (ME) et 26% des entreprises de taille intermédiaires (ETI).

La santé des trésoreries

Par ailleurs, la situation en termes de trésorerie à la veille du confinement de mars 2020 est susceptible d’influencer cette décision. La trésorerie médiane à fin 2019 est plus élevée pour les entreprises choisissant de rembourser leur prêt immédiatement et en intégralité que pour celles choisissant de le rembourser progressivement, avec ou sans différé d’un an. Non seulement la position de trésorerie constitue un élément discriminant pour les petites entreprises mais aussi que la trésorerie des entreprises remboursant immédiatement et en intégralité est, en nombre de jours de CA, significativement plus importante pour les PME que pour les ETI.

Un an après la souscription d’un PGE, c’est-à-dire au printemps 2021 pour la majorité des PGE, si l’entreprise a décidé de ne pas rembourser son prêt immédiatement et en intégralité, elle doit choisir la durée d’amortissement (jusqu’à 5 ans). Elle peut cependant différer ce remboursement d’un an supplémentaire : dans ce cas-là le remboursement se fait sur 1 à 4 ans (au plus) pour rester dans la limite des 6 ans après la date d’octroi. Ce choix de différer le début du remboursement est fréquemment fait parmi les firmes n’ayant pas remboursé intégralement un an après l’octroi du prêt.

Il est cependant davantage privilégié par les plus grandes des entreprises : 72% des ETI ont fait le choix de différer un PGE, contre 62% des microentreprises. Et cette relation entre le choix de différer le remboursement et la taille de l’entreprise est linéairement croissante avec la taille.

PGE résilience : moindre efficacité

Cette préférence moins marquée des plus petites entreprises pour le différé peut être liée à une volonté de lissage du remboursement dans le temps. On observe d’ailleurs que, parmi les entreprises qui n’ont pas intégralement remboursé en 2021 et ont choisi de ne pas différer le remboursement en 2022, les petites entreprises sont plus promptes à choisir une durée de remboursement longue : plus de 90% d'entre elles choisissent une durée de remboursement supérieure ou égale à 3 ans contre « seulement » 83% des ETI. Parmi les entreprises ayant choisi de différer leur remboursement, on retrouve un ordonnancement similaire, mais des écarts entre taille moins marqués.

Enfin, l’entreprise peut choisir un remboursement in fine. Ce choix est essentiellement pris par les plus grandes des entreprises considérées ici : 32% des ETI choisissent de rembourser in-fine, contre 20% des ME, 16% des PE, 13% des TPE et 11% des microentreprises. Là-aussi ce choix peut s’interpréter comme une volonté de lisser l’effort dans le temps pour les plus petites entreprises ; il peut aussi être lié à une complexité plus élevée dans la gestion de ce type de prêt.

À l’heure actuelle, le remboursement des PGE ne soulève pas d’inquiétudes particulières : à fin mai 2024, près de 60% des montants octroyés ont été remboursés et cette proportion est la même quelle que soit la taille d’entreprise. Les appels en garantie s’élèvent à cette date à 4,1 Mds euros, soit 2,8% du total octroyé.

À partir de 2022, l’économie française a subi les conséquences de l’augmentation du coût de l’énergie. L’octroi des PGE Covid s’étant achevé fin 2022 et les « PGE résilience » ont pris le relai entre avril 2022 et décembre 2023. Mais ces PGE ont été octroyés selon des critères plus stricts et à des taux plus élevés que les PGE Covid. Seules 3 334 entreprises en ont bénéficié pour un encours de 2 Mds d’euros. Parmi ces bénéficiaires, 62% avaient déjà souscrit un PGE Covid, que seuls 145 avaient choisi de rembourser intégralement en 2021. En examinant le taux de croissance médian du chiffre d’affaires réel entre 2021 et 2023, contrairement à ce qui avait été observé entre 2019 et 2021, il apparaît que les entreprises qui ont décidé de rembourser progressivement leur PGE Covid affichent une plus forte dynamique de chiffre d’affaires sur la période 2021-2023 que celles ayant décidé de le rembourser dès 2021.

Il est probable que cette hausse s’explique en partie par un effet rattrapage. Mais cette observation questionne aussi sur le rôle joué par les PGE Covid durant la crise énergétique : le fait de conserver un PGE a-t-il donné de la souplesse financière aux entreprises en 2022 ?

   

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