Pénurie : après le carburant, l’électricité ?

Les mouvements sociaux dans les centrales nucléaires font peser de réelles menaces sur l’approvisionnement électrique en France.

Si les grèves dans les raffineries font la « Une » de l’actualité ces derniers temps, un autre mouvement social commence à menacer un autre secteur crucial de l’économie : les centrales nucléaires, et donc l’approvisionnement en électricité dans les prochaines semaines.

Alors que ces grèves ne sont menées que par une minorité de salariés et que la manifestation censée les soutenir a été un échec, on voit bien que des apprentis-sorciers continuent à rêver à des convergences de luttes et autres grands soirs, tellement éloignés et déconnectés des préoccupations des Français

Ainsi, les travaux de réparation dans plusieurs centrales suivent le calendrier prévu, sont achevés pour certains réacteurs et en bonne voie de l’être sur d’autres. De ce fait, la disponibilité du parc nucléaire s’est accrue depuis le mois de septembre. Mais cette disponibilité se trouve petit à petit rongée par les grèves en cours sur plusieurs réacteurs, qui voient leurs procédures de redémarrage ou de maintenance interrompue. « Une partie de ces retards ne pourra pas être rattrapée et se traduira donc in fine par un retard du retour des réacteurs sur le réseau. Elle fait néanmoins peser une hypothèque réelle sur la disponibilité du parc au cours du mois de novembre, en retardant de deux à trois semaines les nombreuses remises en service attendues autour de la Toussaint. Une éventuelle prolongation du mouvement social entrainera des conséquences importantes au cœur de l’hiver », prévoit RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité en France, qui espère toutefois, si la situation redevient normale, rattraper le retard en début d’année prochaine.

Baisse de la consommation

Ce questionnement sur le parc nucléaire survient alors que plusieurs bonnes nouvelles sont enregistrées sur le front de la consommation. « Nous observons une tendance claire depuis plusieurs mois : une tendance baissière de la consommation, corrigée des aléas météorologiques, avec une nette rupture de tendance à la sortie de l’été », constate RTE, qui estime cette baisse à – 5 % par rapport aux chiffres enregistrés en 2019. L’aspect négatif de cette diminution est qu’elle est liée au ralentissement de l’activité économique. Le secteur industriel pèse en effet pour – 8 % à – 9 % dans la statistique. « La diminution de la consommation touche aussi, dans des proportions qui demeurent à affiner par activités, le secteur tertiaire et résidentiel », poursuit RTE. Il est encore trop tôt pour mesurer précisément les conséquences du plan de sobriété.

Sur les autres composantes du système électrique, l’hydraulique se tient bien, après avoir connu des stocks historiquement bas au cours de l’été. « La gestion prudente des exploitants a conduit à améliorer la situation », souligne RTE. Du côté du gaz, les stocks français sont remplis à 98 %, « écartant le risque à court terme que les centrales à gaz connaissent des problèmes ». Le renouvelable reste à la traine, le projet de loin visant à accélérer son développement n’ayant pas d’effet avec au moins 2023.

Au total « les risques sur la sécurité d’approvisionnement restent très faibles jusqu’à la fin du mois et seront en augmentation à partir de novembre. Pour le cœur de l’hiver, les incertitudes continuent de porter sur la disponibilité du gaz en Europe et sur celle du parc nucléaire en France », précise RTE. Si des vagues de froid venaient à survenir, la tension pourrait vite augmenter sur le réseau.

Reste la question des prix, bien trop élevés par rapport aux fondamentaux. « Nous constatons une vraie déconnexion sur les marchés à terme, avec une anticipation de problème largement excessive. Cette déconnexion constitue un réel problème pour le tissu économique », souligne RTE.

   

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