Moins d’inflation, pas de consommation

Les Français restent très marqués par la récente poussée inflationnistes et modèrent toujours leurs intentions d’achat

 

 

 

Avec un indice des prix à la consommation en baisse de 1,2% sur un mois, la sortie de l’épisode inflationniste se confirme. Et tous les paramètres sont au vert : cours de l’énergie et des matières premières, prix de production agricole et industrielle, inflation sous-jacente à +1,4 %... 

Deux petites nuances cependant : la désinflation, faut-il le rappeler, ne signifie pas le retour aux niveaux de prix initiaux, alors même que l’instabilité géopolitique peut à tout moment générer de nouvelles tensions inflationnistes.

Pour autant, des baisses de prix ciblées portant sur les postes qui ont été les plus inflationnistes sont observées, dans l’énergie bien sûr, mais aussi pour les produits de grande consommation, dont les prix reculent de quelques décimales depuis plusieurs mois consécutifs. 

Ce retour de l’inflation dans la cage des critères de Maastricht devrait de surcroît et en toute logique encourager les banques centrales à poursuivre une baisse des taux déjà engagée. Une bonne nouvelle, pour l’immobilier bien sûr, mais aussi pour l’ensemble de l’économie alors que le vent de rigueur budgétaire qui se lève risque de peser sur la croissance.

Mais comment les consommateurs réagissent-ils à cette franche amélioration de la situation ? La vague de juin du Baromètre des Intentions et du pouvoir d'achat de l’'ObSoCo, faisait état d’une très forte inertie dans le ressenti et les comportements des consommateurs. La dernière vague de septembre confirme cette inertie, même si elle met aussi en lumière quelques éléments favorables. 

Haut niveau de restriction

Alors que les comptes nationaux font état d’une croissance (modeste) du pouvoir d’achat par unité de consommation au cours du premier semestre, le ressenti de l’intensité de la contrainte budgétaire s’inscrit aussi dans la lente tendance à l’amélioration observée depuis mars. Désormais, 25 % des Français interrogés affirment ne pas se trouver contraints de se restreindre sur des postes de dépenses nécessaires ou essentielles. Il en va de même sur le sentiment de devoir se restreindre pour des raisons financières sur les dépenses alimentaires qui fléchit ce trimestre. Même s’il convient de signaler qu’il demeure toujours 1 Français sur 10 (11 %) pour déclarer un très haut niveau de restriction en la matière. Autre indice de l’amélioration de la situation financière des ménages : la proportion de Français qui disent avoir réduit leur effort d’épargne ou avoir dû prélever sur celle-ci, connaît un recul marqué de 6 points par rapport à septembre 2023 (à 31%).

Cette embellie relative peine cependant à se manifester dans la consommation. Ainsi de la consommation de biens, stable en volume depuis près d’un an, à un niveau semblable au début des années 2010. La consommation alimentaire continue quant à elle de reculer en volume. L’embellie sur le front des matériels de transport bute désormais sur un palier, en dessous des niveaux d’avant la crise sanitaire ; la consommation d’habillement-textile continue sa descente aux enfers. Même si l’équipement du logement confirme le redressement observé depuis le début de l’année. 

Ce bilan pour le moins mitigé de la dynamique de la consommation trouve son écho dans la note moyenne d’appétence à la consommation qui apparaît figée depuis juin 2023 à 5,5/10, loin des 6,2 relevés au second semestre de 2021. La moyenne de l’envie de consommer à l’échelle des 24 catégories de biens et services testés dans le baromètre est même en léger recul par rapport au trimestre précédent, un recul observé sur quasiment la totalité des catégories.

On note cependant quelques signes encourageants. Les intentions d’achat à 3 mois, sont en hausse. Seuls 20% des personnes interrogées ne déclarent aucun projet d’achat sur l’ensemble des 24 catégories abordées, soit un recul de 5 points par rapport à septembre 2023. À 4,3, le nombre moyen de projets d’achat est lui aussi en hausse de 0,5 point. La plupart de ces catégories bénéficient d’une proportion d’acheteurs potentiels en hausse, avec une mention spéciale pour les achats de vêtements-chaussures (+ 6 points, à 45 %), pour les vacances, voyages, séjours, week-ends (+ 4 points, à 27 %) et pour les objets de décoration (+4 points, à 15 %). 

De manière moins marquée, le niveau moyen de la probabilité déclarée de réaliser effectivement les projets d’achat s’inscrit à la hausse (il est cependant en recul marqué de 9 points pour les achats immobiliers). 

Autre évolution positive intéressante : après le recul observé au trimestre précédent, la proportion de Français déclarant accorder la priorité à la qualité des produits alimentaires par rapport au prix reprend la tendance à la hausse observée précédemment. Nous sommes cependant encore loin des niveaux observés avant le déclenchement de la vague inflationniste. Y a-t-il ici le signe d’un recul relatif du renforcement du prima accordé au prix dans les arbitrages de consommation à la suite de la pousse inflationniste ? L’avenir le dira. 

Reste une ombre au tableau et pas des moindres : si la situation économique s’améliore avec le recul de l’inflation, entrainant les indicateurs émotionnels et de ressentis, ceux-ci demeurent suffisamment bas pour peser sur l’appétence à la consommation et inciter à l’épargne (d’autant plus que les taux demeurent encore attrayants, le taux réel du livret A étant même positif). Le taux d’épargne des Français affiche même un niveau historiquement élevé, flirtant avec les 18%. Ceci, alors que la majeure partie du supplément d’épargne accumulé (par certains) durant la crise sanitaire n’a toujours pas été dépensé. 

Pas sûr que le climat politique et géopolitique soit de nature à inciter les Français à plus de légèreté dans les mois qui viennent !

 

   

 

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