Lutter contre les tensions de recrutement 

Des initiatives locales se multiplient tout tenter de répondre aux besoins des entreprises face aux difficultés de recrutement

Un nombre croissant d’entreprises rencontrent des difficultés pour recruter.

Le plan de réduction des tensions de recrutement, annoncé le 27 septembre 2021, vise à soutenir l’effort de formation des salariés et des demandeurs d’emploi, en particulier de longue durée, pour favoriser leur accès à des métiers en tension. Il est doté d’un budget de 1,4 milliards d’euros. Les sous-préfets sont mobilisés pour décliner ce plan à l’échelle de chaque bassin d’emploi.

Les actions engagées s’attachent à lever les différents freins d’accès à l’emploi pour mieux répondre aux besoins de recrutement des entreprises et à l’insertion professionnelle des demandeurs d’emploi. Elles reposent en particulier sur :

  • la promotion de certains métiers, par exemple dans l’industrie ou les services à la personne, avec des initiatives du service public de l’emploi « hors les murs » pour faire changer l’image de ces secteurs (visites d’entreprises par des demandeurs d’emploi, organisation d’événements en lien avec les représentants des entreprises concernées…) ;
  • le développement des compétences des demandeurs d’emploi en réponse aux besoins des entreprises, avec un accent mis sur les formations en situation de travail,  associées à une promesse d’embauche;
  • la levée des freins périphériques à l’emploi, en particulier les difficultés liées au logement (avec, par exemple, la mise à disposition de solutions temporaires d’hébergement pour les jeunes en alternance), à la mobilité (ex : garages solidaires) et à la garde d’enfants (ex : offre de solutions pour les parents travaillant avec des horaires atypiques dans la restauration) ;
  • le renforcement des liens entre les acteurs du service public de l’emploi, les collectivités territoriales, les représentants des entreprises et des organismes de formation dans le cadre des instances existantes ou d'initiatives ad hoc, comme par exemple la création d'un « Lab » dédié aux tensions de recrutement.

Voici quelques exemples d’actions engagée pour lever les différents freins d’accès à l’emploi pour favoriser la réponse aux besoins de recrutement et l’insertion professionnelle des demandeurs d’emploi.

AUVERGNE-RHÔNE-ALPES

Développer l’adéquation entre le niveau de formation et de qualification des demandeurs d’emploi et les besoins exprimés par les employeurs de la filière « bois ».

L’enjeu

 Dans l’arrondissement de Brioude (Haute-Loire), il s’agit de garantir une offre de formation de proximité lisible et répondant aux besoins des entreprises dans la filière « bois » en lien avec les professionnels concernés.

Les objectifs

L’action vise à faire connaître et à développer l’offre de formation locale aux métiers du bois. Plusieurs actions sont mises en œuvre :  recensement de l’offre de formation disponible dans le bassin d’emploi pour les métiers du bois ; promotion de cette offre au moyen de supports attractifs ;  développement de l’offre de formation en faveur de la filière bois ; élargissement de l’offre de formation aux métiers de la scierie ; adaptation de l’offre de formation en adéquation avec les besoins de l’entreprise Biosyl (en cours d’implantation à Lempdes/Allagnon).

BOURGOGNE - FRANCHE-COMTÉ

Favoriser l’attractivité des entreprises d’un secteur via les médias

Les enjeux

La sous-préfecture, Pôle emploi et la Mission Locale de l’arrondissement de Louhans (Saône-et-Loire) se sont coordonnés afin de faire découvrir un panel de métiers du secteur de l’industrie agroalimentaire et améliorer leur image auprès des demandeurs d’emploi.

Les actions

Ces partenaires organisent, avec l’appui de l’Agence de développement économique de la Bresse Bourguignonne, des visites d’entreprises du secteur de l’industrie agroalimentaire par des demandeurs d’emploi en présence des médias. Ces visites donnent de la visibilité aux entreprises sur le territoire. Elles permettent aux demandeurs d’emploi de découvrir des métiers qui pourraient les intéresser et correspondre à leurs attentes. Ces visites sont suivies par une mobilisation de la part de Pôle emploi des demandeurs d’emploi concernés. L’objectif fixé est de deux visites d’entreprises par mois.

BRETAGNE

Saint-Malo Emploi : orienter les publics réfugiés vers l’emploi et l’insertion professionnelle

L’enjeu

Ce projet vise à développer un projet territorial en matière d’emploi pour des secteurs en fortes tensions de recrutement (bâtiment, industrie), à partir des besoins des collectivités et acteurs du territoire. Les réfugiés ou bénéficiaires de la protection internationale (BPI) sont confrontés à des difficultés d’insertion professionnelle mais également à des freins périphériques à l’emploi (ex : difficultés de logement). Cette démarche pilotée par Coalia permet de prendre en charge globalement ce public en s’appuyant sur une offre de services comportant un volet accompagnement social (logement, démarches administratives, citoyenneté), une formation en français avec une orientation professionnelle, et un accompagnement professionnel (stages, missions d’interim, immersions en entreprise). L’État pilote cette action en lien avec Coallia (centre social), un réseau d’entreprises locales et une entreprise de travail temporaire d’insertion.

Les objectifs

Cette action vise à faciliter l’insertion professionnelle en garantissant un parcours d’une durée de 9 mois décliné en 3 phases :

. Sas de préparation : module de formation en français ;  projet d’accompagnement et d’intégration sociale : création de dynamiques de groupe par l’insertion via le sport, la participation à des ateliers de citoyenneté ;  présentation du bassin d’emploi de Saint-Malo, de son accessibilité en termes de mobilités, et des services publics et d’accès aux droits sur le territoire.

. Prépa Avenir FLE (Français langue étrangère) spécialisée bâtiment/industrie : travail sur le projet professionnel bâtiment – industrie, amélioration de la communication orale et écrite ;

. Accompagnement professionnel : organisation d’une « matinale entreprises », proposition de stages et de missions d’intérim en lien avec les entreprises implantées localement, immersion en centre de formation qualifiant Afpa et Greta. Tout au long du parcours, un accompagnement social est assuré par l’association Coallia, en particulier sur les démarches liées à l’accès et au maintien dans un logement, l’accès aux droits et les mobilités. Le maintien de cet accompagnement est garanti, y compris en cas d’interruption du parcours.

CENTRE-VAL DE LOIRE

« À table pour l’emploi », pour développement l’attractivité des métiers du HCR

Les enjeux

La semaine de l’hôtellerie, de la restauration et du tourisme s’est déroulée dans trois arrondissements du Loir-et-Cher du 25 septembre au 1er octobre 2021. Cette semaine s’inscrit dans le cadre du concept « À table pour l’emploi » qui a vu le jour en 2019 pour répondre aux tensions de recrutement dans le secteur HCR. Dans ce cadre, un plan d’actions porté par l’État, le Conseil régional et l’UMIH s’articule autour de 5 axes : mobilisation des entreprises, des acteurs de l’emploi et de l’orientation ; mobilisation des publics ; appui au développement des compétences ;  accompagnement des professionnels dans les fonctions ressources humaines et managériales ;  soutien à la mobilité et au logement.

Les actions

Des temps d’échanges sont organisés  entre le SPE et les restaurateurs pour mieux se comprendre : intervention d’une troupe de théâtre pour faire « tomber les idées reçues » ;  Immersion des conseillers de Pôle emploi et des Missions Locales dans les restaurants ; « Vis ma vie d’un chef » : le sous-préfet et les élus ont participé à un service dans des restaurants ;  Création de restaurants éphémères avec des jeunes ou des demandeurs d’emploi participant à l’élaboration des repas ;  Signature d’une convention pour une action de développement des emplois et des compétences (ADEC) avec le secteur professionnel pour accompagner les restaurateurs dans la professionnalisation de la fonction RH ;  Création d’un réseau d’ambassadeurs pour la dimension QVT et conditions de travail.

CORSE

Création d’un groupement d’employeurs pour répondre aux besoins de recrutement du secteur médico-social et sécuriser les parcours des salariés.

L’enjeu

Pour répondre aux tensions de recrutement, la DREETS de Corse a financé en 2019, au titre du plan d’investissement dans les compétences (PIC), la conduite d’une étude d’opportunité sur la création d’un groupement d’employeurs (GE) dans le secteur médico-social. En effet, les structures rencontrent des difficultés communes : turn-over, difficultés de recrutement, absentéisme ;  des besoins particulièrement importants sur les métiers suivants : aide-soignant, aide médico-psychologique, infirmier en soins généraux, cuisinier.

Les objectifs

Un groupement d’employeurs spécialisé dans le sanitaire et le médico-social a été créé sous statut associatif le 1er novembre 2020. Ce GE met à disposition de ses adhérents des salariés diplômés et expérimentés. Grâce à une astreinte 24h/24 et 7 jours/7, il offre des solutions de remplacement rapides et ponctuelles. Il propose enfin à ses salariés des formations spécifiques (maladie d’Alzheimer/ prise en charge du résident, gestion du stress et prévention du burn-out pour le personnel soignant).

GRAND-EST

Accompagner un plan de recrutement massif en mobilisant l’offre de services de pôle emploi.

Les enjeux

Une entreprise dans le secteur aéronautique a confié à Pôle emploi le recrutement de 100 personnes dans le cadre de son développement et du déménagement de son site. Les embauches seront étalées de septembre 2021 à mars 2022. Le site est spécialisé dans la fabrication de pièces aéronautiques de moteurs et de composants de structure nécessitant des procédés de forge. L’entreprise recherche notamment des profils d’opérateur forge, d’opérateur parachèvement et de contrôleur solex. Les responsable RH ont conscience qu’il faut « s’ouvrir » à des profils inexpérimentés dans le domaine de l’industrie.

Les actions

Cette action pilotée par Pôle emploi est basée sur la méthode du recrutement par simulation de Pôle emploi. Elle associe systématiquement l’entreprise. Elle s’appuie également sur la Mission Locale et Cap Emploi pour le repérage des publics. L’agence organise des informations collectives en partenariat avec quatre agences intérim. Ainsi, les candidats et l’entreprise n’ont qu’un seul interlocuteur et les candidatures sont centralisées. Lors de ces informations collectives, les équipes RH présentent l’entreprise et, à l’issue de cette présentation générale, elles reçoivent les candidats en entretien. L’entreprise est venue à plusieurs reprises dans l’agence locale exposer ses besoins pour attirer un public de plus en plus éloigné de l’emploi. Les conseillers de Pôle emploi proposent aux demandeurs d’emploi une visite de l’entreprise pour qu’ils aient une meilleure représentation des postes et de l’environnement de travail. Les personnes qui réussissent le premier entretien sont reçues pour un second entretien au sein de l’entreprise. Lors du second entretien, les candidats visitent l’entreprise, découvrent le poste et passent un entretien avec le responsable d’atelier. Ce sont 534 personnes qui ont été rencontrées depuis le 21 juillet 2021 dans le cadre des informations collectives. À ce jour, 76 recrutements ont été réalisés, dont celui de personnes issues du monde du spectacle et de l’esthétique.

ÎLE-DE-FRANCE

Favoriser l’attractivité des métiers de la filière du BTP

Les enjeux

Le BTP est un secteur particulièrement en tension en Ile-de-France compte tenu de l’importance des travaux liés au Grand Paris, à la construction des ouvrages olympiques, et à la rénovation énergétique du bâti. Une offre de services a été mise en place pour encourager le recrutement local. Un travail important sur les viviers de demandeurs d’emploi immédiatement employables a également été initié par Pôle emploi :

Les actions

Pour les travaux du Grand Paris Express, des actions de développement de compétences des demandeurs d’emploi sont déployées, ce qui représente un potentiel de 210 personnes qui bénéficieront de cette opportunité d’accès vers l’emploi. Pour les Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024, la POEC est mobilisée avec l’OPCO Constructys et la Solidéo. Les entreprises en charge de la construction des ouvrages olympiques en Seine-Saint-Denis ont été sondées afin d’identifier les besoins prioritaires en termes de compétences. Des POEC sont en cours sur les métiers de coffreur bancheur, aide plombier, aide électricien.

Le travail sur les viviers se fait en deux temps : Analyse des besoins des employeurs et des profils disponibles ; Constitution des viviers.

OCCITANIE

Accompagner la stratégie de développement d’une entreprise par la formation délocalisée

L’enjeu

Une société spécialisée dans la collecte et le recyclage de batteries a besoin de recruter des compétences spécifiques au secteur. Sur le territoire aucune formation ne permettait de répondre aux besoins en compétences de l’entreprise.

L’objectif

L’action vise à accompagner la stratégie de développement et de recrutement de l’entreprise en mobilisant les publics et en apportant une réponse locale de formation par la mise en œuvre d’un plateau technique au sein de l’entreprise. L’AFPA, missionnée par l’État pour une mission d’ingénierie pédagogique, a travaillé avec ses collègues d’Hazebrouck (59) pour transférer sur le bassin d’emploi, la formation expérimentale développée à Hazebrouck à laquelle participent des salariés (électromécanicien de maintenance de batteries, option recyclage). L’objectif est de résoudre les problèmes d’éloignement (mobilité/logements) pour former les salariés et futurs salariés. Pôle emploi a par ailleurs mobilisé la Méthode de recrutement par simulation (MRS) pour accompagner la phase de repérage et de recrutement des demandeurs d’emploi en vue d’intégrer la formation. L’entreprise et l’organisme de formation ont été étroitement associés. L’entreprise s’est impliquée sur le montage de la formation

PAYS DE LA LOIRE

Favoriser l’insertion professionnelle de jeunes salariés.

L’enjeu

Début 2020, les acteurs de la Sarthe sud intervenant dans le champ emploi/formation ont constaté que pour attirer et/ou maintenir sur ce territoire rural étendu des jeunes de 15-30 ans en démarche d’insertion professionnelle, il était indispensable de développer des solutions d’hébergement flexibles pour des séjours d’une durée courte ou alternée. Ils ont souhaité créer, à l’échelle du territoire, une nouvelle offre d’habitat temporaire pour les jeunes actifs au plus près de leur lieu d’immersion, de stage, de formation, de travail, et intéressante à mobiliser en zone rurale où les problématiques de mobilité sont des freins à l’insertion professionnelle des jeunes

Les objectifs

Ce dispositif permet à des jeunes de 15-30 ans de disposer d’une offre d’hébergement sous 48 heures à un coût raisonnable. L’association le Flore est garante du bon état de l’hébergement proposé, de la qualité de l’accueil et de la mise en relation entre l’hébergeur et le jeune hébergé avec un accueil « familial » sécurisant notamment pour l’accueil de jeunes mineurs. Cette offre est actuellement déployée dans les communautés de communes du Pays Sabolien et du Pays Fléchois.

 

   

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