L’investissement étranger en baisse

Comment le contexte économique et politique actuel impacte-t-il les perspectives d’investissements des dirigeants ?

Au printemps dernier, la France conservait pour la 5ème année consécutive la première place européenne pour les investissements étrangers. Les changements politiques et économiques actuels génèrent ainsi de multiples questions : les entreprises étrangères ont-elles modifié leurs projets en France ? Quelles sont leurs préoccupations ? Sur quelles perspectives la France et l’Europe peuvent-elles construire l’avenir ? 


La situation politique aura un impact sur les investissements étrangers en 2024, d'après une étude d'EY. 
•    49 % des investisseurs étrangers déclarent avoir réduit ou reporté leurs projets d’investissement en France à la suite de la dissolution.
•    Aucune entreprise ne déclare avoir annulé ses projets dans l’Hexagone.
•    42 % des dirigeants estiment que l’attractivité du Royaume-Uni s’est améliorée par rapport à celle de la France malgré l’augmentation récente de la pression fiscale. L’attractivité de l’Allemagne est jugée davantage préoccupante.
•    Il est trop tôt pour évaluer l’impact réel sur les montants investis en 2024, conditionnés par l’issue du débat budgétaire, la situation politique, économique et le contexte international.


Les dirigeants étrangers justifient la réduction de leurs décisions d’investissements. Parmi les raisons évoquées :


•    Les incertitudes législatives et réglementaires (59 % de taux d’inquiétude) et la difficulté à bâtir des business plans fiables.
•    Le ralentissement des réformes (simplification administrative, retraites, réindustrialisation, etc.) pour 47 % d’entre eux et une remise en question des décisions publiques dans des secteurs clés (40 %).
•    Des préoccupations sur la situation budgétaire et économique du pays et le coût du travail (entre 20 et 30 %).
Cependant, les entreprises internationales comptent toujours sur la France.
•    Concernant les investissements non réalisés en 2024, 84 % des dirigeants interrogés indiquent avoir reporté leurs décisions d’investissements à 2025, au moins.
•    Plus de 60 % des répondants prévoient de développer d’ici 2027 des activités de R&D ou de services en France.
•    Pour ce qui est de l’implantation ou de l’extension d’usines à horizon 3 ans, seuls 49% partagent ces intentions. 
•    Seulement 15 % des dirigeants étrangers envisagent de développer des centres de décision en France.
Ils nous appellent à préserver les atouts de la France et à écouter leurs préoccupations :
•    Capitaliser sur nos atouts différenciants, notamment la richesse des compétences (37 %), la capacité d’innovation et de recherche (29 %) et la fiabilité des infrastructures (25 %).
•    Rester vigilants sur des signaux d’alerte selon les secteurs, notamment en ce qui concerne la croissance, la fiscalité, le coût de l’énergie, le financement ou encore l’agilité et le pragmatisme des autorités locales (entre 15 et 25 % d’opinions favorables).
•    Ecouter les critiques à l’égard de notre stabilité politique (14 % la mentionnent comme un « atout »), du coût de la main d’œuvre (13 %) et les moyens consacrés au changement climatique (12 %).


Les dirigeants identifient 5 conditions au maintien de leurs projets en France.


1.    Compétitivité : préserver les marqueurs d’une fiscalité déjà élevée et limiter l’ampleur des ajustements du PLF pour maintenir l’effet de levier des entreprises étrangères sur l’emploi (15 %), l’innovation (25 %) et les exportations (35 %).
2.    Réduction de la dépense publique : conditionner toute augmentation des prélèvements à une optimisation de la dépense publique qui implique l’État, les opérateurs publics, les collectivités et les administrations sociales.
3.    Réindustrialisation : déployer les réformes ou PPL prévues (Simplification, Industrie Verte II), réduire les délais et libérer du foncier, rassurer les entreprises sur les moyens de France 2030 et soutenir les recommandations du Rapport Draghi.
4.    Décarbonation : simplifier et amplifier les dispositifs de cofinancement de la décarbonation, comme le fait l’Inflation Reduction Act, et donner plus de visibilité aux investisseurs dans les domaines de l’énergie et de la décarbonation.
5.    Compétences et innovation : renforcer l’accompagnement des PME/ETI dans la transformation numérique et la formation, soutenir l’innovation et l’IA en améliorant les incitations à la recherche et à l'innovation de rupture.


« L’économie française fait face à des enjeux majeurs dans le contexte politique actuel. Pour rester attractifs, le financement des entreprises, de l’innovation et de la décarbonation doit s’inspirer des recommandations du rapport Draghi. Cela est d’autant plus important dans un contexte où la concurrence des blocs régionaux s’intensifie. En France, il faut accentuer notre avantage énergétique et prioriser l’accompagnement des PME et ETI dans leur transformation industrielle, numérique et environnementale » analyse Jean-Roch Varon, président d’EY France.

  

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