Les chefs d’entreprise ne voient pas le bout du tunnel, les enquêtes le démontrent les unes après les autres.
Afin de mettre en lumière le moral et la situation des sociétés françaises au regard de l'environnement inflationniste qui touche la France et l’Europe depuis le début de la crise ukrainienne, le Cabinet ARC a mené, avec l'IFOP, une étude sur la perception par les entreprises de leur avenir économique, le financement de leur trésorerie, leurs attentes, l’impact des retards de paiements.
Niveau d’activité et résilience
Malgré l’instabilité du contexte économique actuel, la majorité des entreprises interrogées (61%) mise sur le maintien à l'équilibre de leur activité. Peu d’optimisme est néanmoins ressenti pour l’avenir : 64% d'entre elles pensent que le taux de croissance sera inférieur à 2%. La part des entreprises prévoyant une croissance de leur activité au cours des 6 prochains mois (23%) est bien moins importante qu’en 2021 (45%) et davantage de sociétés en prévoient le recul (15% contre 8% en 2021). Par ailleurs, près de 50% prévoient un délai d’un à deux ans pour effacer les effets des différentes crises subies sur leur santé financière mais elles sont 40% à ne pas l’envisager avant 3 à 5 ans voire davantage, dans un contexte où le coût de l’énergie (27%) et l’approvisionnement en marchandises et matières premières (26%) sont les principales difficultés qu'elles rencontrent. Près de 7 entreprises sur 10 pensent également que la conjoncture actuelle va freiner les opérations d'investissement.
Les risques du "Quoi qu’il en coûte"
Dans cet environnement, alors que 57% des entreprises estiment que les dirigeants des TPE/PME ne sont pas suffisamment accompagnés juridiquement pour prévenir et gérer les difficultés financières de leur sociétés (procédures de mandat ad hoc, conciliation, redressement judiciaire simplifié, etc.), près de 3 entreprises sur 5 (56%) pensent que l’arrêt progressif du "Quoi qu’il en coûte" va entrainer une augmentation du nombre de dépôts de bilan de leurs clients. 41% pensent que ces derniers ne seront pas en mesure de faire face au remboursement de leurs créances (PGE, dettes sociales, investissements, factures, ...). Un sentiment en forte hausse : plus de 10 points par rapport à juin 2022 (30%) et 16 points par rapport à octobre 2021 (25%).
Les délais de paiement se raccourcissent mais…
On constate que les retards de paiement se sont réduits de 15 à 12 jours. Un résultat positif qui doit néanmoins être appréhendé avec nuance. En effet, 80% des entreprises interrogées (+5 points par rapport à juin 2022) pensent que les délais de paiement risquent de devenir une variable d’ajustement - et donc d'augmenter -, comme l'illustre le fait que les entreprises envisagent d'avoir recours à un allongement du délai de paiement de leurs fournisseurs au même titre qu'un découvert bancaire (16%). Les délais de paiement sont donc pleinement considérés comme un moyen de financement. Or, la conséquence de leur allongement pourrait s’avérer nuisible pour le tissu économique puisque, comme le mentionnent 91% des entreprises interrogées, le non-respect des délais de paiement met en danger la santé des entreprises pouvant aller jusqu’au dépôt de bilan.
Les entreprises préfèrent les banques à l’État
Le prêt bancaire renforce sa prééminence et reste, à 44%, le moyen de financement considéré comme le plus efficace pour une entreprise rencontrant des besoins de trésorerie, très loin devant les aides d’Etat (12%). Des résultats qui traduisent un "retour à une certaine normalité" pour les entreprises en termes de financement mais qui sont à mettre en miroir avec les inquiétudes des dirigeants. En effet, près de 6 entreprises sur 10 (59%) pensent que les banques se désengageront vis à vis des TPE/PME qui n'auront pas encore remboursé leur PGE. Or, parmi les raisons expliquant les difficultés à recouvrer leurs créances, les entreprises citent très majoritairement, à 42% (en hausse de près de 10 points par rapport à 2021), la détérioration de la trésorerie de leurs clients; et si l'affacturage est identifié comme une solution de financement, celui-ci est considéré comme trop couteux et donc peu voire pas rentable par 83% des sondés.
La notation « délais de paiement » plébiscitée
73% des entreprises seraient favorables à la création d’une notation "délais de paiement", car elle permettrait de connaitre les comportements de paiement des sociétés avant de s’engager commercialement. Par ailleurs, 53% estiment que la publication des amendes sur les bases d’annonces légales (type infogreffe) serait une solution efficace pour réduire les délais de paiement. La crainte d'un non paiement de la part du secteur public 50% des PME déclarent refuser de répondre aux appels d'offres émis par le secteur public par crainte de ne pas être payées ou de subir des délais de paiement trop longs.
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