La région de la capitale truste la majeure partie du PIB national, et pèse sur l’économie de ses régions voisines. Une situation très déséquilibrée qui traduit le poids du centralisme français
Les disparités régionales ont été très visibles sur la carte électorale lors des dernières élections présidentielles. France des métropoles et France de la ruralité n’ont pas les mêmes façons de voir le monde, d’envisager l’avenir, de vivre au sein de la société. Et le centralisme est loin d’être disparu dans notre pays. C’est vrai administrativement, culturellement, sociologiquement, et encore plus peut-être économiquement.
En effet, l’Île-de-France pèse pour 31 % du PIB (produit intérieur brut) de la France, contre 12 % pour Auvergne-Rhône-Alpes, second de ce classement, selo une récente étude de l'Insee. Toutes les autres régions sont en-dessous de 8 %. Une autre façon de voir ces chiffres : alors que le PIB par habitant moyen est de 34 100 € en France, il s’élève à 57 600 € en Île-de-France, qui est la seule région à disposer d’un PIB supérieur à la moyenne nationale. Les PIB par habitant sont les plus faibles à Mayotte et en Guyane, où ils s’élèvent respectivement à 9 700 euros et 15 100 euros. Au sein des régions de France métropolitaine hors Île-de-France, les disparités sont moindres, avec des PIB par habitant s’échelonnant de 25 600 euros en Corse à 33 200 euros en Auvergne-Rhône-Alpes.
Le niveau élevé du PIB par emploi dans la région capitale, en lien avec la présence de secteurs à forte valeur ajoutée (à titre d’exemple, le secteur des activités scientifiques et techniques représente 21 % de la valeur ajoutée de l’Île-de-France, contre 14 % au niveau national), ainsi que la contribution de travailleurs résidant dans d’autres régions et enfin la faible proportion de personnes âgées expliquent l’écart de PIB par habitant avec les autres régions. La démographie joue aussi un rôle, le nombre d’habitants conditionnant en grande partie la capacité de production d’une région.
En 2020, sous l’effet de la crise sanitaire, le PIB a diminué dans l’ensemble des régions avec une baisse de 7,9 % au niveau national ; cette baisse a été la plus marquée dans les Hauts-de-France (– 8,9 %) ainsi qu’en Normandie et en Île-de-France (– 8,7 %). Le choc a été tel que, dans certaines régions, le PIB par habitant est revenu à un niveau inférieur à celui mesuré vingt ans auparavant.
La France n’est pas un cas isolé : Dans nombre de pays européens, le PIB par habitant est également le plus élevé dans la région où se trouve la capitale, en lien avec la concentration des activités économiques du pays. Mais des écarts aussi importants ne se retrouvent qu’en Belgique, Pologne et Hongrie. Et en Allemagne, la région d’Hambourg dispose d’un PIB supérieur à celui de la région de Berlin, en Italie, la région du Nord-Ouest devance celle de Rome et en Autriche, l’Est dépasse Vienne.
Sur le long terme
Sur la période 2000-2019, parmi les régions métropolitaines, le PIB par habitant (mesuré en volume) augmente faiblement dans le Grand Est, en Bourgogne-Franche-Comté, en Centre-Val de Loire et en Normandie (entre + 0,2 et + 0,3 % par an). Ce faible taux de croissance est le résultat d’une croissance peu dynamique du PIB par emploi, conjuguée à une légère baisse du ratio emploi par habitant. Cette diminution de l’emploi par habitant s’explique par une intensification des déplacements domicile-travail vers l’Île-de-France, notamment pour la Bourgogne-Franche-Comté, une croissance modérée du taux d’emploi, et le vieillissement de la population sur la période, relativement plus marqué en Normandie. À l’opposé, l’Île-de-France et la Corse sont les régions métropolitaines qui enregistrent les taux de croissance de leur PIB par habitant les plus élevés, de l’ordre de + 1,0 % par an. Le rythme est sensiblement le même en Provence-Alpes-Côte d’Azur et en Occitanie (+ 0,9 % par an), les autres régions étant dans une situation intermédiaire, avec des taux de croissance compris entre + 0,7 et + 0,8 % par an.
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