L’état de santé mentale des salariés français est préoccupant

Près d’1 salarié sur 2 est dans un état de santé mental global sous-optimal à cause du stress au travail et 23% sont dans un état de santé mentale critique ou à risque de dépression

 Près d’1 salarié sur 2 estime ne pas avoir un niveau de stress gérable au travail et attribue son état de stress à son environnement professionnel, une tendance observée depuis plusieurs années et qui peine à être infléchie malgré les actions de sensibilisation au stress, selon le « baromètre de la santé mentale des salariés » réalisé par la plateforme teale.

Principaux enseignements

  • un état de santé mentale des salariés préoccupant : près d’1 salarié sur 2 estime ne pas avoir un niveau de stress gérable au travail et 23% sont dans un état de santé mentale critique ou à risque de dépression
  • 55% des salariés français interrogés se déclarent stressés
  • 39% des salariés ne sont pas satisfaits de leur équilibre vie professionnelle et vie personnelle
  • 30% des salariés ont même envisagé de quitter leur entreprise pour préserver leur santé mentale

 

Pour Julia Néel Biz, co-fondatrice de teale : « L’année 2023 a marqué une nouvelle dégradation de la santé mentale des salariés en France. Si la santé mentale n’a pas de prix, elle a un coût bien réel. Les troubles liés à la santé mentale constituent la première cause d’absentéisme (22% des arrêts maladie) et le coût engendré par les problèmes liés à la santé mentale s’élèvent à 3 000€ par an et par collaborateur. Il est urgent non seulement d’alerter, mais également d’agir. Il faut donc sensibiliser les DRH et dirigeants à l’impact de la santé mentale sur leurs collaborateurs mais aussi sur la performance de l’entreprise au global.».

 Un état de santé mentale préoccupant

  • un état de santé mentale qui reste alarmant pour l’ensemble des salariés. La moyenne du score obtenu par les salariés interrogés à l’indice WHO-5 de l’OMS en 2023 est de 48 sur 100. Or, selon l’OMS un score inférieur à 50 indique un état de santé mentale dégradé/sous-optimal
  • Contrairement aux attentes, il n’y a pas de rebond post Covid ; une tendance de long terme se confirme

  Il est urgent de faire de la santé mentale un sujet stratégique au sein des entreprises. Il n’est plus l’heure de dire que c’est un “Nice to have” ! Pour inverser cette tendance inquiétante, les organisations doivent commencer un travail en profondeur, tant sur les valeurs, le respect, la reconnaissance et les compétences, la gestion et le niveau de stress, l’équilibre de vie, les relations managériales. Et ce travail de fond à l’échelle de l'entreprise doit être opéré tant au niveau individuel que collectif.

Partir pour préserver ma santé mentale ou rester engagé.e ?

  • Près d’1/3 des collaborateurs envisagent de quitter leur entreprise pour préserver leur santé mentale
  • Pour les salariés ayant pensé à quitter leur entreprise pour des raisons liées à leur santé mentale, 30% seulement se sont sentis motivés et productifs
  • Pour les salariés n'ayant pas pensé à quitter l'entreprise pour préserver leur santé mentale, 71% se sont sentis motivés et productifs

 Les 5 facteurs communs aux salariés qui ont pensé à quitter leur entreprise pour préserver leur santé mentale :

  • le manque de motivation et la perte de productivité : Parmi les salariés ayant pensé à quitter leur entreprise pour des raisons liées à leur santé mentale, 70% ne se sont pas sentis motivés et productifs (contre 29% seulement pour ceux qui ne considèrent pas quitter leur entreprise
  • le manque d’alignement avec les valeurs : Parmi les salariés ayant pensé à quitter leur entreprise pour des raisons liées à leur santé mentale, 65% ne se sentent pas alignés avec les valeurs de l’entreprise
  • le manque d’évolution des compétences : Parmi les salariés ayant pensé à quitter leur entreprise pour des raisons liées à leur santé mentale, 64% n’ont pas le sentiment que leur entreprise leur permet de développer leurs compétences
  • le sentiment de ne plus être respecté : Parmi les salariés ayant pensé à quitter leur entreprise pour des raisons liées à leur santé mentale, 45% n’ont pas le sentiment d’être respectés au travail (contre 11% seulement pour ceux qui ne considèrent pas quitter leur entreprise)
  • le sentiment d’un manque de reconnaissance : Parmi les salariés ayant pensé à quitter leur entreprise pour des raisons liées à leur santé mentale, 56% n’ont pas le sentiment d’être reconnus au travail (contre 23% seulement pour ceux qui ne considèrent pas quitter leur entreprise)

A la lecture de ces chiffres il semble aberrant que les principes mêmes de respect ou de reconnaissance ne soient pas ancrés dans les entreprises aujourd’hui, alors qu’il s’agit de la clef de voûte de toute organisation post années 70’.

Impact d’une bonne santé mentale sur la performance et la productivité

  • Les salariés ayant une bonne santé mentale se sentent 2,2 fois plus motivés à travailler de manière productive que ceux ayant les scores les plus bas
  • 80% des personnes déclarant avoir été motivées et productives estiment avoir eu un niveau de stress gérable au travail. En revanche, chez les personnes ne s’estimant pas productives, 1 sur 2 estime avoir un trop fort niveau de stress au travail
  • Chez les personnes ne s’étant pas estimées productives, on remarque que 49% d’entre elles ont déjà envisagé de quitter l’entreprise. Tandis que les personnes ayant réussi à travailler de manière productive ne sont que 15% dans ce cas (les salariés productifs sont donc 3 fois plus fidèles que ceux qui ne parviennent pas à réaliser leurs tâches efficacement)

La productivité, au-delà d’être un besoin pour l’entreprise afin de produire des résultats, est aussi un levier de motivation chez les collaborateurs et une des raisons qui les pousseraient à partir s’ils ne se sentent pas productifs - et donc utiles. Cette dernière est influencée de façon conséquente par leur santé mentale. La santé n’est pas un “NICE TO HAVE” mais un élément “BUSINESS” pour la productivité et la compétitivité de l’entreprise. Il est donc urgent de mettre en place une mesure de l’impact de la santé mentale sur la productivité.

Un niveau de stress toujours très élevé qui impacte directement la santé

  • 55% des collaborateurs se sont déclarés stressés durant les 2 dernières semaines précédant la complétion de l’indice de santé mentale
  • Parmi elles, la moitié estiment que le stress au travail en est à l’origine
  • Parmi eux, 48% estiment ne pas avoir un niveau de stress gérable au travail
  • Ces données sont alignées avec les données communiquées ces dernières années (Gallup, 2019 - Opinionway 2017). Le stress est toujours très présent malgré une forte sensibilisation et touche plus d’1 personne sur 2

Quand le stress est présent, ce sont toutes les sphères de la santé qui sont touchées parce qu’il n’existe pas de limite entre santé physique et mentale.

Pour mettre fin à cette tendance dangereuse, il est possible de travailler sur la métacognition ; pour apprendre à se connaître, identifier ses limites, apprendre des techniques de gestion du stress qui nous correspondent. Il est également essentiel de démocratiser la thérapie afin de ne pas attendre d’aller (trop) mal pour consulter. Enfin, il est essentiel de former les équipes et les managers pour acquérir des bons réflexes et des méthodes simples pour appréhender et distinguer les différents types de stress.

Charge mentale et déséquilibre de vie

  • 39% des salariés ne sont pas satisfaits de leur équilibre vie professionnelle et vie personnelle
  • 62% des salariés insatisfaits de leur équilibre des temps de vie ne trouvent pas de satisfaction dans leur travail
  • 55% déclarent ne pas disposer des ressources suffisantes pour mener à bien leur travail
  • Le sujet le plus plébiscité en 2023 sur teale est d’ailleurs la charge mentale. L'équilibre de vie est en 4ème position. Ce qui montre un réel besoin pour les collaborateurs de préserver leur équilibre

Prioriser l’équilibre vie professionnelle / vie personnelle est crucial et agir sur la charge mentale est essentiel pour toutes les raisons que l’on connaît.

Mais changeons de paradigme : en plus de travailler sur la charge de travail, il est fondamental de travailler sur les vrais tenants d’une charge mentale : par exemple, le plaisir ressenti, le sens, les ressources allouées. Il y a deux leviers d’actions immédiats :

  • d’une part agir sur l’équilibre de vie et la charge mentale, en diversifiant les sources de satisfaction (ne pas tout miser sur le travail !)
  • d’autre part, agir sur la perception de la charge, par exemple en formant les managers à comprendre la charge mentale de leurs équipes et à leur proposer des outils adéquats pour éviter la surcharge

Les relations sociales : véritable facteur de protection de la santé mentale

  • 75% des salariés interrogés estiment avoir suffisamment de relations chaleureuses et confiantes avec les autres
  • 35% ont indiqué avoir de bonnes relations avec leur supérieur hiérarchique direct  

2023 a été une année où le lien aux autres a été une réelle ressource. Les relations sociales sont un fort facteur de protection de la santé mentale et l’émergence d’un “Care management” est d’autant plus intéressante quand on voit son impact potentiel sur l’épanouissement et la productivité des collaborateurs. De plus, ces données sur le lien social montrent l’importance de traiter ces sujets en collectif.

Pour accélérer en ce sens, il est essentiel d'intégrer la santé mentale dans les rituels managériaux, de renforcer les relations professionnelles et également de former les managers à prendre soin de leur propre santé mentale.

La santé mentale en entreprise est un investissement vital pour assurer la pérennité et la compétitivité. Négliger ce domaine expose les entreprises à des risques tels que l'absentéisme, la baisse de productivité et la perte de talents. Il est donc crucial que les entreprises intègrent la santé mentale au cœur de leur stratégie, créant ainsi un environnement propice à une réussite durable et épanouissante. Investir dans le bien-être mental des employés devient un avantage concurrentiel, favorisant la résilience et l'adaptabilité. En somme, la santé mentale doit être considérée comme une composante essentielle de toute stratégie d'entreprise axée sur la performance à long terme.

« La démocratisation de la santé mentale nécessite des actions concrètes au niveau national et au sein des entreprises. En brisant les tabous et en faisant de la santé mentale une priorité, nous contribuons à la construction d'organisations plus saines et d'une société émotionnellement résiliente. Il est urgent de faire de la santé mentale une priorité nationale en 2024 », conclut Julia Néel Biz.

   

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