La montée irrépressible de l’inflation s’explique par une conjoncture de plusieurs effets.
La Commission des affaires économiques du Sénat vient de publier un rapport très complet sur les causes et conséquences de l’inflation, avec une première conclusion forte, détaillée par Sophie Primas, présidente de la commission, « combinée à l’augmentation du prix de l’énergie (+33,1 % en juin 2022 sur un an), l’inflation des prix des produits de grandes consommation ampute significativement le pouvoir d’achat des Français. Cela plaide, non pas pour une politique de chèques dispendieuse et éphémère, mais pour une politique ferme de revalorisation du travail et notamment de défiscalisation et de socialisation des heures supplémentaires ».
Les élus signalent également que, contrairement à certaines affirmations lancées dans le débat public ces dernières semaines, il ne semble pas y avoir de phénomène généralisé de hausses injustifiées des tarifs de la part des industriels vis-à-vis des distributeurs, sauf exceptions. Les demandes de hausses de prix sont en effet largement liées à la flambée spectaculaire du coût des matières premières, qui place les industriels face au choix suivant : les répercuter dans leurs tarifs, ou comprimer leurs marges, déjà malmenées par neuf années de déflation des prix.
Dialogue de sourds
C’est un dialogue très compliqué, presqu’un dialogue de sourds, qui s’engage entre les deux parties. Les industriels reprochent aux distributeur d’augmenter les prix dans les rayons alors même qu’ils ont refusé les hausses de tarifs demandées = marge nette supplémentaire pour la distribution, au détriment du consommateur et de faire trainer les négociations afin de gagner du temps pendant que les industriels subissent des pertes. Au total, des risques réels de rupture d’approvisionnement, les industriels ne veulent pas produire à perte, les distributeurs ne veulent pas « passer » toutes les hausses demandées. Mais on note aussi des hausses de tarifs pour un même produit peuvent aller du simple au triple d’un industriel à l’autre : + 8 % à + 22 % sur l’eau minérale, de 3 % à + 15 % pour les glaces, selon les fournisseurs, pour ne prendre que quelques exemples.
À la rentrée, l’inflation devrait donc se poursuivre pour atteindre entre 7 % et 10% (soit jusqu’à 45 € par mois pour un panier moyen).
Cela s’explique par plusieurs facteurs : essentiellement par la combinaison de la reprise économique mondiale soudaine en 2021 et des aléas climatiques extrêmes. Ces facteurs ont entraîné une envolée spectaculaire du prix des matières premières agricoles et industrielles dès l’an dernier, entretenue notamment par les craintes des États et entreprises de manquer d’approvisionnement. La guerre en Ukraine, si elle n’a pas provoqué cette inflation, l’a en revanche renforcée et accélérée. Elle expliquerait 30 % de l’inflation constatée.
Cela demande, selon les Sénateurs, une adaptation de la loi « Egalim 2 », qui régit les relations commerciales. Inflationniste par construction, elle doit être adaptée à la période actuelle de renégociations commerciales permanentes.
Les 10 catégories qui ont le plus augmenté en juin 2022:
Viandes surgelées + 20,92 %
Pâtes alimentaires + 17,04 %
Viandes hachées (rayons frais) + 15, 48 %
Pâtes ménagères + 14,21 %
Moutardes + 13, 74 %
Huiles + 13, 55 %
Plats cuisinés appertisés à base de pâtes + 13,08 %
Desserts et pâtes surgelées + 12,79 %
Essuie-tout + 12,78 %
Cafés torréfiés + 12,66 %
Exemples de hausses des prix des matières premières agricoles et industrielles
(sur un an)
Engrais + 32 %
Coûts de production agricole + 24 %
Matières premières alimentaires importées + 41 %
Oléagineux + 96 %
Carton + 59 %
Verre + 45 %
Gaz + 450 %
Fret maritime + 85 %
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