Une confirmation : le nombre d’entreprises en difficultés atteint des niveaux exceptionnels
Le Baromètre National des Entreprises dresse de premières tendances consolidées sur 11 mois, et laisse transparaître une envie d'entreprendre qui résiste (+ 8,4% d'immatriculations) malgré un nombre d'entreprises en difficulté qui atteint des records historiques (54 256 ouvertures de procédures collectives, + 17,3 % sur un an).
Le Baromètre national des entreprises s'appuie sur l'analyse des données des 6 millions d'entreprises immatriculées au Registre du commerce et des sociétés (RCS), contrôlées et certifiées par les greffiers des tribunaux de commerce, diffusées par Infogreffe et analysées par Xerfi Spécific. Il permet de mesurer l'impact des crises cumulées sur la santé du tissu entrepreneurial français.
Une économie française contrastée
2024 aura été une année de mise à l’épreuve pour l’économie française, entre euphorie de l’organisation des Jeux Olympiques et inquiétudes budgétaires provoquant l’anxiété des marchés. Le baromètre national des entreprises, établi à partir des données rassemblées par l’institut Xerfi auprès des greffes des tribunaux de commerce de janvier à novembre 2024, dresse les grandes tendances de l’année pour l’entrepreneuriat français.
Sur les onze premiers mois de l’année, les données dénotent une hausse modérée de la création d’entreprises (+ 8,4 % à un an d’intervalle), signe de la résilience de l'esprit entrepreneurial français. Derrière ce signe positif, la réalité est cependant plus nuancée. Ainsi, les procédures collectives s'envolent sur les onze premiers mois de l’année, en hausse de 17,3 % à un an d'intervalle. Le début du remboursement des PGE (prêts garantis par l’État) contractés pendant la crise sanitaire met en porte-à-faux de nombreuses entreprises, également touchées par une difficulté structurelle à remplir leurs carnets de commandes ainsi que par l’inflation. Les radiations connaissent, quant à elles, une augmentation moins marquée (+ 7,9 %).
Malgré les Jeux, l’Île-de-France en difficulté
Les données du Registre du commerce et des sociétés traduisent une grande hétérogénéité dans les dynamiques observées à l'échelle locale. L’Île-de-France apparaît comme l’une des régions les plus touchées au cours des onze premiers mois de l’année. Si l’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 a contribué à l’augmentation des immatriculations (+ 13,5 %, contre une moyenne nationale de + 8,5 %), la forte augmentation des ouvertures de procédures collectives (+ 29,6 %) et des radiations (+14,9 %) est largement supérieure à la moyenne nationale.
Plus inquiétant encore, la région francilienne comme la région métropolitaine avec la plus forte hausse en ce qui concerne les ordonnances portant injonction de payer : alors que la délivrance de ces actes diminue à l’échelle nationale (- 0,7 %), elle y connaît une hausse marquée (+ 15,4 %). Les statistiques de la grande majorité des régions métropolitaines sont, quant à elles, dans la moyenne et s’éloignent peu des standards nationaux. Les territoires ultramarins sont exposés à de fortes disparités, avec des statistiques inquiétantes. Ainsi, la Martinique connaît une baisse importante du nombre d’entreprises immatriculées (- 23,3 %), tandis que le nombre de radiations s’envole en Guadeloupe (+ 91,3 %).
Vigilance pour les entreprises immobilières, les activités de service mènent la danse
Les secteurs de l’immobilier et de la construction s’enfoncent à nouveau dans la crise. Le secteur immobilier connaît une hausse minime des immatriculations (+ 0,8 %), quand celui de la construction accuse une légère baisse (- 2,8 %). Pour l’immobilier, c’est surtout l’explosion des procédures collectives (+ 39,3 %) qui inquiète — inquiétude tempérée par une large baisse du nombre d’entreprises radiées (- 14,0 %). À l'inverse, les activités de services paraissent particulièrement en forme : une forte hausse de la création d’entreprises (+ 18,6 %) croise une des plus faibles hausses de procédures collectives (+ 4,7 %). Les secteurs des industries manufacturières et extractives ainsi que de l’hébergement et de la restauration présentent, eux, des statistiques inférieures à la moyenne nationale.
Victor Geneste, président du Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce, a déclaré : « Notre baromètre met en évidence une situation paradoxale pour l’année 2024, à partir des données des onze premiers mois : la confiance semble revenir chez les entrepreneurs, avec une nette reprise des immatriculations ; cependant, les difficultés s'accumulent dans de nombreux secteurs et entraînent une hausse historique des ouvertures de procédures collectives. En attendant la publication des données consolidées sur 12 mois, la situation appelle à des mesures incitatives et à des réponses adaptées, notamment pour répondre aux besoins de simplification et de sécurité exprimés par les entrepreneurs »
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