L’écart se comble entre les grandes entreprises, qui voient leur absentéisme diminuer, et les petites entreprises, jusqu’alors davantage épargnées par ce phénomène, et dont les arrêts maladie sont en augmentation.
42% des salariés se sont vu prescrire au moins un arrêt maladie durant l’année 2023, soit 8 points de moins que l’année précédente dont le taux était exceptionnellement élevé, selon la 9ème édition du baromètre Absentéisme de Malakoff Humanis.
2023 marquerait ainsi le véritable début de la période post-Covid. En 2019 et 2020, les confinements avaient entraîné une forte chute de l’absentéisme : cessation d'activité pour de nombreux salariés, confinements et gestes barrières ayant eu pour conséquence une baisse des maladies dites ordinaires. En 2022, le retour au travail, le relâchement des gestes barrière, et la vague Omicron expliquaient en partie un pic exceptionnel de l’absentéisme, peut-être également accru par un report de soins post-Covid.
2023 serait une sorte de « retour à la normal » sachant que durant la période 2015 - 2020, l’absentéisme maladie se situait en moyenne autour de 40%, un niveau relativement stable mais qui n’en demeure pas moins élevé et auquel 2023 ne fait pas exception.
Comme l’année précédente, cette tendance concerne plus spécifiquement les jeunes, les femmes et les managers, même si ces catégories de salariés sont également impactées par la baisse générale.
Avec la baisse des arrêts liés au Covid (-10 pts vs 2022), les arrêts pour cause de maladie ordinaire (grippe, angine, gastro-entérite…) redeviennent majoritaires (+5 pts vs 2022). On constate par ailleurs un ancrage des arrêts pour troubles psychologiques qui représentent toujours 15% des arrêts maladie, et un quart des arrêts longs. Comme l’an dernier, les arrêts longs (+ de 30 jours) représentent 10% des arrêts maladie.
Les secteurs de santé (52%, soit 10 points au-dessus de la moyenne) et de l’industrie (45%) sont les plus concernés par l’absentéisme maladie.
Les entreprises de moins de 10 salariés enregistrent la plus forte progression de leur absentéisme passant de 30% en 2021 à 40% en 2023 (Baromètre 2024), alors que les entreprises de plus de 1000 salariés enregistrent la baisse la plus importante passant de 49% en 2021 à 33% en 2023.
Croissance continue
Longtemps épargnées par le phénomène d’absentéisme, notamment grâce à un engagement plus important de leurs salariés, les petites entreprises connaissent désormais des taux comparables voire supérieurs à ceux des plus grandes. En 2023, les entreprises de moins de 10 salariés constituent la seule catégorie d’entreprise à voir son absentéisme augmenter. Et cette croissance est continue depuis trois ans : 30% en 2021, 38% en 2022 et 40% en 2023 (Baromètre 2024). Quant aux entreprises de 10 à 49 salariés, les arrêts maladie concernent 49% de leurs salariés en 2023 (vs 33% dans les entreprises de plus de 1000 salariés, et 42% en moyenne).
Différents facteurs peuvent expliquer cette tendance et cet écart :
- Un moindre recours au télétravail comme alternative aux arrêts maladie dans les petites entreprises (10% vs 24% dans les grandes entreprises). Les petites entreprises sont en effet plus présentes dans des secteurs où le recours au télétravail est moins naturel : commerce & restauration, BTP, Santé.
- L’augmentation du respect des arrêts maladie prescrits dans les petites entreprises : 75% des arrêts ont été pris en 2023 contre 64% en 2022 et 58% en 2020. Une tendance que peut expliquer la surreprésentation dans les petites entreprises des jeunes ; ces derniers étant plus enclins aujourd’hui à respecter les arrêts maladie.
- L’érosion de l’engagement des salariés dans les petites entreprises : 48% des salariés de petites entreprises se disent engagés vs 55% en 2020, même si cet engagement reste fort dans les petites entreprises (48% vs 26% des salariés des entreprises de plus de 1000 personnes).
- Les situations de fragilité vécues par les salariés - difficultés financières, maladie chronique, situation d’aidant, situation familiale compliquée - plus nombreuses dans les entreprises de 10 à 49 salariés que dans les entreprises de plus de 1000 salariés (25% vs 17%).
Les grandes entreprises sont par ailleurs de plus en plus nombreuses à mettre en œuvre des actions de prévention – TMS et risques psychosociaux notamment - pour lutter contre l’absentéisme ; seules 13% des entreprises de 1 à 9 salariés ont mis en place de telles actions contre 43% pour les plus grandes, des dispositifs dont l’impact se mesure aujourd’hui. Enfin, le contrôle des arrêts maladie, plus élevé dans les grandes entreprises, avec un écart allant de 8% dans les entreprises de moins de 10 salariés à 58% dans les entreprises de plus de 250 salariés, constitue également un élément d’explication de ce décalage.
Comprendre, agir, mesurer
Derrière le terme absentéisme se cache une variété de situations qui n’ont pas toutes le même impact sur l’organisation ou la performance des petites entreprises. L’absence non prévue d’un salarié pendant deux jours est susceptible de peser fortement sur l’organisation de l’entreprise. A contrario, une période d’absence longue est parfois plus facile à gérer dès lors qu’elle est anticipée.
Analyser les causes de l’absentéisme devient désormais pour les dirigeants de TPE aussi que pour les DRH de grandes entreprises
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