Dans l’expectative face à une sortie définitive de la crise sanitaire, à l’issue de la guerre en Ukraine et aux résultats des élections, les chefs d’entreprise affichent un moral toujours faible.
Entre des doutes sur une reprise de l’épidémie de Covid, la poursuite du conflit en Ukraine et l’attente du résultat de l’élection présidentielle, le dernier mois a laissé peu de répit aux chefs d’entreprise. En conséquence, l’indicateur de l’optimisme calculé chaque mois par une enquête Opinionway pour La Tribune, LCI et CCI France stagne à 67 points (+1 point), après un décrochage important le mois dernier (-26 points entre février et mars). Il s’agit de la cinquième mesure la plus basse depuis le début du baromètre.
Preuve de la dureté de la situation économique subie par les dirigeants depuis le début de la pandémie, les dix scores les plus faibles ont tous été mesurés après février 2020.
Après une dégradation particulièrement prononcée en mars, l’état d’esprit des dirigeants des entreprises comptant 10 salariés ou plus s’améliore légèrement (64, +8 points). Il rejoint celui des chefs des entreprises plus petites (67, +1 point).
La perception du contexte actuel traduit bien ce climat morose : moins de trois chefs d’entreprise sur dix trouvent que c’est très bien en ce moment (29%, -8 points). Pour autant, ils sont plus nombreux à penser que ce sera mieux demain (30%, +7 points), signe qu’une large partie des dirigeants garde l’espoir que la situation économique va bientôt s’améliorer. L’état d’esprit le plus courant demeure toutefois la nostalgie : une majorité relative estime que c’était mieux hier (39%, stable).
Face à la montée du prix de l’énergie, due à la crise en Ukraine et aux problèmes rencontrés sur le parc nucléaire français, la moitié des dirigeants indique qu’ils ont pris ou qu’ils envisagent de prendre des mesures (50%). Les deux solutions le plus répandues portent sur le prix. Alors que 15% des dirigeants ont fait le choix d’augmenter leurs prix de vente pour compenser la hausse de leurs frais, 15% ont plutôt fait le choix de prendre celle-ci à leur compte en baissant leur taux de marge. Certaines entreprises ont opté pour des solutions plus structurelles : 8% des dirigeants d’entreprise déclarent avoir adopté des solutions énergétiques alternatives. D’un autre côté, l’autre moitié des chefs d’entreprise déclare n’avoir pris aucune mesure car cela ne leur semble pas nécessaire (49%). Les entreprises comptant 10 salariés ou plus réagissent plus fortement à la hausse des prix de l’énergie : 66% d’entre elles ont pris des mesures ou envisagent de le faire, contre 49% des entreprises plus petites. En termes de secteur d’activité, les entreprises des services affichent davantage d’indifférence concernant la hausse des prix de l’énergie : 58% n’ont pris aucune mesure, contre moins de 40% dans tous les autres secteurs.
Le FMI a revu ses prévisions de croissance à la baisse pour les pays européens, principalement à cause de la guerre en Ukraine. En dépit de cela, les intentions d’embauche n’affichent qu’une légère baisse (9%, -2 points), qui se traduit intégralement par une légère hausse de l’intention de conserver des effectifs stables (90%, +2 points). Comme en novembre dernier, une large majorité des dirigeants d’entreprise considèrent que leur secteur d’activité n’est pas attractif pour les investissements étrangers (76%, stable). Ils sont même moins nombreux qu’alors à déclarer que leur secteur est attractif (19%, -2 points).
Bien qu’on enregistre des légères hausses, attirer les investissements étrangers n’est toujours pas un réel enjeu stratégique pour leur secteur d’activité (15%, +2 points) ni pour leur entreprise (10%, +2 points). Dans une optique plus large, deux dirigeants sur trois considèrent toutefois que la France doit s’ouvrir davantage (66%) sur le plan économique.
Les partisans d’une plus grande ouverture de l’économie française sont aussi nombreux parmi les dirigeants des petites et des grandes entreprises (respectivement 66% et 69%). Les dirigeants des entreprises industrielles ou de services soutiennent davantage l’ouverture de l’économie française (71% et 69%) que leurs homologues du secteur du commerce (59%) ou de la construction (53%).
Les chefs d’entreprise citent toujours des éléments administratifs comme les principaux obstacles à l’investissement venant de l’étranger. Malgré des baisses notables, la fiscalité française demeure encore la difficulté la plus citée (49%, -13 points) suivie par la complexité des démarches auprès de l’administration française (41%, -16 points).
On observe toutefois un bouleversement important dans cette vague : la très forte hausse du coût de la main d’œuvre s’impose parmi les problèmes les plus cités (37%, +33 points). En novembre, le coût de la main d’œuvre était déjà mentionné par un tiers des dirigeants des entreprises de 10 salariés ou plus (32%), chiffre qui a encore légèrement augmenté depuis (39% ce mois-ci). La hausse de cette critique dans l’opinion des dirigeants est finalement le fait des chefs d’entreprises comptant moins de 10 salariés. Quasiment aucun d’entre eux ne citait ce problème en novembre (3%), alors que plus d’un tiers en parle désormais (37%).
Six dirigeants sur dix considèrent que l’une des deux crises actuelles que sont la reprise du Covid et la guerre en Ukraine a le plus de conséquences négatives sur leur activité. Que ce soit actuellement (31% et 30%) ou dans les prochaines semaines (31% et 29%). Les dirigeants des entreprises comptant 10 salariés ou plus craignent plus fortement la guerre en Ukraine du fait des problèmes énergétiques qu’elle déclenche (39% actuellement et 41% dans les semaines à venir). Près de quatre chefs d’entreprise sur dix n’identifient pas l’une de ces deux crises comme une source d’obstacles pour leur entreprise (38% actuellement et dans les semaines à venir). Pour les dirigeants, redouter les conséquences de ces multiples crises qui impactent l’économie mondiale n’empêche pas une hausse de la confiance dans les perspectives économiques. Cela vaut à la fois pour la confiance des dirigeants dans leur entreprise (67%, +3 points), dans l’économie française (22%, +4 points) et dans l’économie mondiale (15%, +4 points).
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