Les jours meilleurs attendront

Regards croisées de la Banque de France et de l’Insee sur les perspectives économiques. 

Pour la Banque de France, après le léger recul de l’activité observé en fin d’année dernière, le PIB progresserait à un rythme encore modéré au premier semestre 2025, avant de gagner en vigueur en seconde partie d’année. La croissance pourrait finalement s’établir à seulement 0,7 %, contre 1,1 l’an dernier, « avant d’augmenter en 2026 et 2027 avec des progressions respectives de 1,2 % et 1,3 %. Notre prévision confirme donc que l’économie française ne devrait pas se trouver en récession », souligne les économistes de la Banque de France. L’inflation (2,3 % l’an dernier) devrait s’établir sous la barre des 2 %, à 1,3 %, en raison du reflux des prix des services et de l’électricité. En 2026 et 2027, l’inflation totale resterait modérée à 1,6 % et 1,9 %. Du côté de l’alimentation, la hausse est annoncée à 1,8 % pour les trois prochaines années. Mais, « les aléas autour de cette prévision demeurent nombreux, en lien avec la situation géopolitique, et notamment les incertitudes autour de la politique commerciale américaine et les éventuelles réponses européennes ». 


Les salaires nominaux, tout en ralentissant davantage en 2025, continueraient de progresser plus que les prix. Les dernières informations disponibles sur les salaires négociés dans les branches et les entreprises (qui prévoient pour 2025 des hausses voisines de 2 % en moyenne pour le salaire de base, c’est-à dire hors effets de composition et primes) conduisent à réviser la croissance en moyenne annuelle du salaire moyen par tête en 2025 de – 0,4 point, à 2,4 %. 


Du côté de l’emploi, c’est vers le service public qu’il faut regarder pour compenser les difficultés de l’emploi privé, qui ne repartira à la hausse en 2027. « Le taux de chômage atteindrait un pic en moyenne annuelle à 7,8 % en 2025 et 2026, avant de refluer à 7,4 % en 2027 », analyse la Banque de France. 

Croissance faible

L’Insee prévient que « la nouvelle orientation de l’administration américaine, les changements géopolitiques et les perspectives de guerre commerciale qu’elle entraîne, hypothèquent un peu plus l’éventualité d’un redémarrage européen à court terme ». Seule conséquence positive pour les ménages et les entreprises européens : le cours du pétrole a baissé, tombant à 70 $ et leur apportant un peu d’air. « Dans ce contexte, la zone euro resterait embourbée dans une croissance faible d’ici juin 2025 (+0,2 % puis +0,1 % aux deux premiers trimestres de l’année) et les divergences des économies resteraient fortes, entre l’échappée espagnole et le surplace allemand », anticipe l’Insee.  

Contrairement à ses voisins, qui ont largement entamé leur consolidation budgétaire, la France prévoit un effort significatif de réduction du déficit public cette année. Les ménages seraient largement épargnés et ils bénéficieraient en outre d’une inflation tombée à +0,8 % en février et qui resterait faible d’ici juin (+1,1 %). Le pouvoir d’achat continuerait ainsi de croître, engrangeant déjà +0,9 % d’acquis à mi-année, après +2,5 % en 2024. La consommation lui emboîterait le pas, malgré des intentions d’épargne qui se maintiennent à haut niveau. À l’inverse, les entreprises sont plus sollicitées par les mesures de redressement budgétaire, qui représentent un prélèvement de 0,9 point de leur valeur ajoutée, et leur situation financière reste pénalisée par la hausse passée des taux d’emprunt. De fait, dans un contexte international incertain, les entreprises interrogées dans les enquêtes de conjoncture sont peu nombreuses à envisager une hausse de leurs investissements. 


«  Au final, l’économie française tournerait au ralenti au premier semestre (+0,1 % au premier trimestre puis +0,2 % au deuxième) et l’acquis de croissance pour 2025 atteindrait seulement +0,4 % à mi-année. Ce rythme est cohérent avec les réponses des entreprises aux enquêtes de conjoncture : la morosité est patente dans les industries intensives en énergie », explique l’Insee. 


Sur le marché du travail, l’emploi salarié s’est nettement retourné en fin d’année, l’économie française détruisant 90 000 postes sur les trois derniers mois de 2024. Les entreprises continueraient de réduire leurs effectifs de 50 000 postes salariés au premier semestre, en partie compensés par des créations d’emplois non salariés. Conjuguée à une augmentation de la population active favorisée par la montée en charge de la réforme des retraites, cette baisse de l’emploi pousserait le taux de chômage à la hausse à 7,6 % mi-2025. 
 

   

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