La 74ème enquête de conjoncture, réalisée pat Bpifrance auprès de 5 028 entreprises, permet d’évaluer l’ampleur du rebond économique après le choc récessif de 2020, et d’identifier les difficultés rencontrées par les TPE-PME en sortie de crise et les freins à la reprise.
Le rebond de l’activité en 2021 est plus fort qu’anticipé en mai dernier
La levée progressive des restrictions sanitaires au cours de l’année a permis à l’économie de rebondir en 2021, après un choc récessif d’ampleur en 2020. En moyenne, les dirigeants de TPE-PME tablent sur un chiffre d’affaires en hausse de +7 % en 2021, après un net recul en 2020 (évalué à −13,2 % dans l’enquête de novembre 2020). Le rebond est ainsi beaucoup plus marqué qu’anticipé en mai dernier (+2,8 %). Le solde d’opinion relatif à l’évolution du chiffre d’affaires rebondit nettement (+12 points sur 6 mois et +84 points sur 1 an à +36) pour atteindre un plus haut depuis 2007.
Néanmoins, 53 % des entreprises rapportent toujours une moindre activité cette année par rapport à une situation sans crise.
En adéquation avec le rebond d’ampleur du côté de l’activité, les dirigeants ont nettement revu à la hausse leurs intentions d’embauche en 2021, même si de manière un peu plus modérée qu’en mai dernier. Le solde d’opinion relatif à l’évolution des effectifs des TPE-PME pour 2021 gagne 23 points sur 1 an à +16, mais recule de 3 points sur le semestre.
Dans ce contexte l’investissement a également rebondi en 2021. 47 % des TPE-PME déclarent avoir investi en 2021 ou prévoyaient de le faire d’ici fin 2021, une proportion en forte hausse sur un an (41 % en novembre 2020 pour 2020) mais toujours inférieure à son niveau d’avant-crise (51 % en novembre 2019 pour 2019). Les TPE-PME signalent moins d’entraves à l’investissement que l’année dernière. La faiblesse de la demande, citée par 44 % des TPE-PME, constitue toujours le principal obstacle à l’investissement mais s’affiche en net recul sur un an (58 % en novembre 2020) et par rapport aux niveaux d’avant crise.
Les TPE-PME industrielles affichent le plus fort rebond (+9 % de croissance du chiffre d’affaires en moyenne estimée pour 2021). La reprise semble plus timide dans le Tourisme et les Transports, secteurs plus fortement pénalisés par la crise et les restrictions sanitaires jusqu’à aujourd’hui. Les dirigeants de ces secteurs tablent sur une croissance de leur chiffre d’affaires d’environ +4 % en moyenne.
Les TPE-PME innovantes et exportatrices se montrent plus optimistes (+11 % de croissance du chiffre d’affaires estimée pour 2021) que leurs homologues non-exportatrices et non-innovantes (5 %). De même, les PME d’au moins 10 salariés s’attendent à une croissance plus élevée de leur chiffre d’affaires en 2021 (+9 %) que les TPE de moins de 10 salariés (+3 %).
La situation de trésorerie des entreprises se trouve renforcée fin 2021
L’indicateur relatif à la situation de trésorerie sur les 6 derniers mois gagne 2 points depuis mai 2021 atteignant, à +2, un nouveau record depuis le lancement de l’enquête. Les PME sont désormais plus nombreuses à juger leur situation de trésorerie aisée (21 %) que difficile (19 %).
65 % des PME jugent désormais leur trésorerie suffisante pour surmonter la crise, une proportion en hausse continue depuis mai 2020 (49 %). Seules 1,5 % rencontrent des difficultés de trésorerie insurmontables. Néanmoins, encore aujourd’hui, la bonne santé financière d’une frange des TPE-PME dépend des aides d’urgence. 35 % des TPE-PME rapportent que le retrait des aides d’urgence engendrerait des difficultés de trésorerie supplémentaires, insurmontables pour 10 % des entreprises et surmontables pour 25 % d’entre elles.
Fin 2021, le PGE reste encore en grande partie en réserve
Parmi les PME déclarant avoir souscrit à un PGE (53 % des répondants), 30 % déclarent l’avoir très peu voire pas du tout utilisé et 22 % n’en ont utilisé qu’une minorité. En revanche, 29 % déclarent avoir dépensé la quasi-totalité de leur PGE, une proportion logiquement en hausse depuis 1 an (20 % en novembre 2020).
Le risque de crédit attaché au remboursement des PGE apparaît à ce stade relativement limité. 5 % des répondants craignent de ne pas être en mesure de rembourser leur prêt, une proportion proche de celle observée en mai dernier. La majorité des TPE-PME ayant sollicité le dispositif public prévoient un amortissement de la totalité du prêt sur plusieurs années (58 %). 37 % auraient remboursé leur prêt au moins partiellement d’ici la fin de cette année 2021 (9 % intégralement et 29 % partiellement), une proportion en hausse depuis mai dernier (32 % alors).
Les difficultés de recrutement et d’approvisionnement pourraient peser sur la reprise
La reprise s’accompagne d’une forte hausse des difficultés de recrutement, 82 % des dirigeants déclarant en rencontrer. 43 % rencontrent même des difficultés sévères pour recruter, une proportion en nette hausse sur le semestre (35 % en mai 2021) et proche des niveaux d’avant crise. Les TPE-PME de la Construction sont les plus concernées (56 % rencontrent d’importantes difficultés à recruter).
Deux-tiers des TPE-PME font par ailleurs face à des difficultés d’approvisionnement, cette proportion grimpant à 92 % dans l’Industrie. Ces difficultés se sont intensifiées au cours du mois précédent selon 59 % d’entre elles. Environ 30 % des TPE-PME de l’Industrie, de la Construction et du Commerce jugent que ces difficultés limitent fortement leur activité. En réaction, 66 % des TPE-PME comptent répercuter la hausse des coûts sur leurs prix de vente et 37 % envisagent de rogner sur leurs marges. 10 % déclarent même devoir réduire leur activité et 5 % leurs effectifs. À noter que les entreprises faisant face à des difficultés d’approvisionnement fortes rencontrent davantage de difficultés de trésorerie, mais le risque de non-remboursement du PGE n’est en revanche pas plus élevé chez ces entreprises.
Les TPE-PME restent toutefois, à ce stade, confiantes pour 2022
Les entreprises ont fortement revu à la hausse leurs perspectives d’activité, d’embauche et d’investissement par rapport à l’année dernière ; elles faisaient alors face à des restrictions bien plus importantes. En particulier, le solde d’opinion sur l’évolution anticipée de l’activité se redresse très nettement (+28 points sur 1 an à +31). 66 % des TPE-PME auraient retrouvé ou dépassé leur niveau d’avant crise d’ici la fin d’année 2022, une proportion toutefois plus faible qu’en mai dernier (74 %). 14 % envisagent en revanche un retour à une activité normale plus tardif et 19 % sont dans l’incertitude.
Une majorité de dirigeants (59 %) estiment que leurs salariés sont au moins aussi productifs en télétravail que sur site
La crise sanitaire a durablement modifié l’organisation du travail au sein des entreprises. Désormais, les entreprises autorisent en moyenne 1,3 jour de télétravail par semaine contre 0,75 avant la crise. En particulier, les TPE-PME des Services, qui autorisaient avant crise davantage de télétravail (1,1 jour contre 0,5 hors services), ont doublé le nombre de jours en télétravail autorisés par semaine (2 contre 0,8 hors services). Ce recours accru au télétravail est amené à perdurer, au moins partiellement, pour trois quarts des TPE-PME. Une majorité des dirigeants estiment que leurs salariés sont autant (52 %) voire plus (7 %) productifs en télétravail que sur site. C’est plus particulièrement le cas dans les services (63 % contre 53 % hors services). 26 % des dirigeants jugent en revanche leurs salariés moins productifs en télétravail que sur site. Ce sont par ailleurs ceux qui ont le moins de recul sur ce dispositif, qu’ils mobilisent logiquement moins.
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