Le record de 66 000 défauts sur 12 mois glissés est franchi, avec une hausse de 20 % des défaillances au 3e trimestre
Le groupe Altares, expert historique et référent de la donnée d’entreprises, dévoile les chiffres des défaillances d’entreprises en France pour le 3e trimestre 2024. En hausse de 20 %, le niveau de défaillances est au plus haut
Thierry Millon, directeur des études Altares : « A fin septembre, sur 12 mois glissés, le nombre de défaillances d’entreprises établit un record à 66 000, dont un peu plus de 64 000 cessations de paiement. Alors que l’horizon s’éclaircit un peu du côté des ménages, l’incertitude est encore forte du côté des entreprises ne favorisant ni l'investissement ni l’emploi. Par conséquent, si un mur des faillites au-delà de 70 000 reste toujours évidemment exclu, il semble difficile de redescendre sous le plafond actuel dans les prochaines semaines. Le point de vigilance portera, cependant, moins sur le nombre historique attendu des défaillances que sur la fragilité des PME et ETI dont les défauts reportent le risque sur les fournisseurs et l’emploi. »
13 429 entreprises sont tombées en défaillance entre le 1er juillet et le 30 septembre 2024, soit une hausse de 20,1 % par rapport à la même période de 2023. La France remonte ainsi à sa sinistralité des étés 2013 à 2015 un peu sous le plafond des 14 000 défauts.
Le nombre de sauvegardes augmente peu (+ 4,7 %), restant sous les 300 procédures (291) et concentre toujours à peine plus de 2 % de l’ensemble des procédures (2,2 %).
Les redressements judiciaires (RJ) sont en hausse encore rapide de 34,5 % pour 3 816 jugements prononcés. Ils représentent désormais plus de 28 % des décisions.
La hausse des jugements de liquidation judiciaire (LJ) tombe nettement sous les 20 % (+ 15,6 %).
9 322 liquidations directes ont été prononcées, soit un peu plus de 69 % de l’ensemble des procédures, un taux plus conforme au ratio traditionnellement observé.
Le risque s’accélère chez les petits employeurs.
86 % des entreprises défaillantes comptent moins de cinq salariés et donnent donc le ton de la tendance globale. Près de 11 600 très petites structures sont entrées en défaillance, un nombre en augmentation de 20 % par rapport au 3e trimestre 2023. Quasiment les trois quarts (73 %) d’entre-elles ont fait l’objet d’une liquidation directe.
Les TPE de six à neuf salariés sont davantage en difficulté. 775 sont tombées en défaillance, c’est 31 % de plus sur un an. L’accélération des défauts est tirée par la procédure de redressement judiciaire qui s’envole de 61 %.
Les PME de moins de cinquante salariés résistent davantage. 970 procédures ont été ouvertes, un nombre en hausse de « seulement » 13 %. Pour cette typologie d’entreprises, la poursuite d’activité est privilégiée ; moins d’une société sur deux (45 %) est directement liquidée.
Au-delà de cinquante salariés, en revanche, la situation reste tendue. 106 PME-ETI sont entrées en défaillance au cours de ce 3e trimestre, c’est 47 % de plus sur un an. Le nombre de sociétés directement liquidées est quasi stable (17). Plus du tiers de ces liquidations ont été prononcées sur résolution d’un plan de redressement non respecté. Sauvegardes et redressement constituent donc l’essentiel (84 %) des décisions judiciaires, favorisant ainsi le maintien de l’activité et de l’emploi.
La question de l’emploi est naturellement plus marquée lorsque les défaillances accélèrent chez les PME-ETI. Au cours de ce 3ème trimestre, près de 52 000 emplois sont menacés ; c’est 13 300 de plus que lors de l’été 2023. 20 000 de ces emplois sont associés à des sociétés placées en liquidation mais près de 32 000 sont portés par des sociétés sous redressement judiciaire ou en sauvegarde et donc susceptibles d’être en partie maintenus.
Le B2C se redresse progressivement tandis que le B2B est parfois à la peine.
Après des mois d’activité atone, les activités à destination du consommateur, notamment le commerce de détail et les services à la personne, pénalisés par une forte inflation retrouvent des clients. En revanche, le B2B est encore à la peine notamment dans les transports ou le commerce de gros. La construction souffre mais ne s’écroule pas.
Le nombre de défaillances reste élevé pour commerce de détail alimentaire, même si de légères améliorations sont constatées. La restauration continue à souffrir, avec des chiffres qui restent élevés dans la restauration rapide. Après avoir atteint des records de défaillances en 2023, la coiffure retrouve un étiage raisonnable, ainsi que les soins de beauté ou l’optique et la parfumerie. Le commerce de détail d’habillement reste dans le rouge, comme les auto-écoles ou le commerce de détail d’articles de sport. Quand on commerce interentreprises, il voit sa sinistralité exploser, avec des pointes dans la matériaux de construction, les biens domestiques ou les machines et équipements pour l’industrie. Beaucoup de difficultés pour le conseil, la sécurité, les matériaux de construction, le textile, le transport de marchandises. De fortes tensions continuent de peser sur le secteur de la construction et l’immobilier.
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