L’ère du survivalisme entrepreneurial

Les dirigeants abordent 2024 dans une forme d’attentisme, entre inquiétudes grandissantes pour leur activité et regain de confiance envers le gouvernement

La 74ème vague du Baromètre des TPE, enquête trimestrielle menée par l’IFOP pour Fiducial auprès de 1005 dirigeants de TPE dresse le portrait de petits patrons globalement moins sereins pour leur propre avenir, qui ressentent plus durement les impacts de la conjoncture. Sondés sur leurs prévisions pour 2024, les dirigeants démontrent une forme d’attentisme, tablant quasi majoritairement sur une stagnation de leurs activités.

Moins sereins pour l’avenir de leur propre activité, les décideurs montrent un regain de confiance à l’égard des mesures gouvernementales sur le plan économique 

Le troisième trimestre faisait émerger une ambivalence forte chez les dirigeants de TPE: particulièrement optimistes pour leur propre avenir, leur sentiment de défiance envers les mesures gouvernementales et leur pessimisme vis-à-vis du climat général des affaires étaient au plus haut. Une forme de « survivalisme entrepreneurial »?

Au terme de l’année 2023, la donne change. Alors que l’optimisme des dirigeants pour leur propre activité est en légère baisse, passant de 63 % au T3 à 58 % au T4, on observe un fort regain de confiance envers les mesures prises ou annoncées par le gouvernement. 39 % des dirigeants interrogés se disent confiants, un taux en hausse de 12 points par rapport au trimestre précédent, au-dessus de la moyenne des taux observés sur 20 ans (32%). Un degré qui varie fortement d’un secteur à l’autre puisque les dirigeants des services aux entreprises sont 53 % à faire part de leur confiance contre seulement 27 % dans le secteur de l’hôtellerie.

Même tendance pour l’indicateur de confiance envers le climat général des affaires, en progression de 7 points sur le quatrième trimestre. Au terme de 2023, s’ils restent minoritaires, les décideurs sont ainsi 33 % à se dire optimistes pour le climat des affaires, contre 26% trois mois plus tôt.

Les difficultés financières des entreprises s’accentuent pour les plus fragiles: le taux de TPE qui pourraient faire défaut dans les 6 mois est au plus haut depuis le début 2023

Au terme de ce quatrième trimestre, 1 dirigeant de TPE sur 3 (32 %) déclare rencontrer des difficultés financières. Un taux en légère hausse sur 3 mois, qui reste néanmoins en deçà des seuils observés en début d’année. Parmi eux, 15 % évoquent des difficultés  importantes, une part également en légère hausse sur 3 mois, mais sous les seuils des T1 et T2.

Plus préoccupant, on observe une précarisation de la situation des dirigeants déjà fragilisés. En effet, parmi les 15 % de dirigeants évoquant des difficultés importantes, 45 % envisagent de déposer le bilan ou cesser leur activité, dont 28 % dans les 6 prochains mois, un taux au plus haut depuis le début d’année et qui double par rapport au T3.

Autre chiffre très révélateur des tensions qui pèsent sur les trésoreries des entreprises, 13 % des dirigeants confient avoir dû renoncer à un emprunt en raison des taux d’intérêts actuels, soit une hausse de 6 points sur trois mois.

Sur le front de l’emploi, embauches et suppressions de postes sont restés quasi stables tout au long de l’année 2023

13 % des dirigeants interrogés ont embauché ou prévoyaient d’embaucher au dernier trimestre 2023, soit +1 point par rapport au T3. Dans le détail selon la taille d’entreprise, ce taux grimpe à 49 % chez les dirigeants de TPE de plus de 10 salariés. En léger repli de 2 points sur 3 mois, 6 % des dirigeants avaient à l’inverse supprimé ou prévoyaient de supprimer des postes au cours du dernier trimestre. 85 % des TPE déclarent n’avoir aucun poste vacant au sein de leur entreprise.

Pour 2024, les dirigeants se projettent très majoritairement dans une stagnation de leur activité, mais 43 % des décideurs des plus grandes TPE et entreprises de services B2C visent la croissance.

Interrogés sur leurs prévisions pour 2024, 49 % des dirigeants envisagent plutôt une stagnation de leur activité, 30% veulent miser sur leur croissance et 21 % envisagent plutôt une baisse. Les plus grandes TPE de 10 à 19 salariés et les entreprises de services aux particuliers sont les plus optimistes avec 43 % qui projettent une croissance de leurs affaires. A l’inverse, seules 20 % des entreprises du commerce envisagent une année 2024 plus dynamique.

 

   

 

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