L’entreprise n’a pas de genre

Les stéréotypes de genre demeurent un frein persistant aux carrières scientifiques et techniques des femmes.

En France, les femmes restent sous-représentées parmi les ingénieurs : seulement un quart des ingénieures en activité sont des femmes. Le constat est similaire chez les étudiants scientifiques, où un futur ingénieur sur trois est une femme. L'association Elles Bougent a fait appel à l’institut de sondage OpinionWay pour mener une enquête nationale et comprendre l’influence des stéréotypes sur l'orientation des femmes vers les métiers scientifiques.

Cette consultation révèle que les stéréotypes de genre et la sous-représentation des filles continue de freiner l’orientation des filles et des femmes vers les métiers scientifiques. Malgré un intérêt marqué pour les mathématiques et les sciences pour 88% des femmes actives et des étudiantes, 30% des répondantes ne se sentaient pas aussi capables que leurs homologues masculins de s’affirmer dans ces matières. Les stéréotypes de genre, expérimentés par 82 % des femmes interrogées, sont des obstacles puissants : 44 % ont entendu qu’elles étaient moins compétentes que les garçons en mathématiques.

Autant d’idées reçues qui impactent les esprits des plus jeunes et freinent celles qui osent moins s’affirmer. Selon les résultats de baromètre ces stéréotypes engendrent une auto-censure qui détourne les filles de certains secteurs professionnels, dont ceux de l'industrie, perçus comme peu accessibles par 65 % des femmes actives.

Syndrome de l’imposteur

En plus des obstacles liés à l'orientation, le cadre des études présente un défi supplémentaire pour les étudiantes en formation scientifique et technique. L'environnement très masculin est la difficulté principale mentionnée : 50 % des étudiantes ressentent un sentiment de ne pas être à leur place, renforçant l'idée que ces carrières ne sont pas faites pour elles. Dans le monde professionnel, les inégalités de genre persistent et les stéréotypes sont encore plus marqués. 81 % des femmes estiment que les hommes accèdent plus facilement aux postes à responsabilité, et 75 % jugent que les hommes bénéficient de meilleurs salaires à poste égal.

L’enquête révèle également des appréhensions liées aux violences sexistes et morales. 81 % des étudiantes ingénieures ou techniciennes craignent de subir du sexisme dans leur future carrière. Ce climat d’appréhension contribue au « syndrome de l’imposteur » ressenti par 63 % des étudiantes et 53 % des femmes actives. « Cette réalité, illustrée par notre enquête souligne plus que jamais l’urgence d’agir, afin de promouvoir la diversité et la mixité des genres dans l’ensemble des métiers scientifiques et dans toutes les filières industrielles. C'est en un véritable enjeu d'efficacité pour nos partenaires entreprises puisque dès lors qu'il y a 23% de femmes dans un groupe, l'efficacité de ce dernier s'en trouve augmentée d'au moins 40%. C’est une situation que nous devons collectivement changer, en continuant de combattre les stéréotypes de genre et les idées reçues, et ce dès le plus jeune âge comme nous le faisons notamment avec Elles bougent en primaire », indique Valérie Brusseau, Présidente de l’association Elles bougent.

Les entreprises s’engagent

Face à ces défis, les écoles de l’enseignement supérieur comme les entreprises s’engagent pour l’égalité femmes-hommes et prennent des mesures. 66 % des étudiantes et 67 % des femmes actives observent des initiatives pour soutenir leur parcours et lutter contre les violences sexistes et sexuelles. Cependant, les femmes interrogées estiment que des mesures supplémentaires sont nécessaires. 73 % des femmes actives et 62 % des étudiantes soutiennent la mise en place de programmes de sensibilisation dans les écoles et les entreprises, et la création de programmes de mentorat ou de marrainage entre les femmes en poste et les jeunes filles intéressées par les métiers techniques (69 %-59 %). Les répondantes attendent également davantage de mesures contre les violences sexistes et sexuelles, en entreprise, comme à l’école.

   

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