Le trafic aérien français ne retrouve pas son rythme

Publié le 12/07/2022

Ecrit par Francois Colombier

Après une année 2020 de crise très dure pour les aéroports français, le trafic a repris des couleurs en 2021, mais reste toujours loin de son niveau de 2019.

L’an dernier, le trafic passagers des aéroports français a été en diminution de 57.7% par rapport à 2019, mais en augmentation de 29.5% par rapport à 2020. Il a comptabilisé 90 678 535 passagers commerciaux en 2021, contre plus de 214 millions en 2019 et 70 millions en 2020.

L’année 2021 peut se découper en deux phases. Sur les six premiers mois de l’année, le trafic aérien a du mal à redémarrer du fait de l’importance de l’épidémie de la COVID-19 et reste sur la même dynamique que la fin de l’année 2020 : -76.8% pour le quatrième trimestre 2020, -78.9% pour le premier trimestre 2021 et -76.7% pour le deuxième trimestre 2021. En revanche, sur la seconde moitié de l’année, avec la levée de certaines restrictions, l’arrivée des vaccins, et la mise en place du passe sanitaire, le trafic redécolle : -43.2% pour le troisième trimestre et -35.4% pour le quatrième trimestre 2021. Ainsi, en août 2021, 13 millions de passagers ont été accueillis dans les aéroports français (-39% par rapport à août 2019) contre 8 millions de passagers en août 2020. Au niveau européen, la même dynamique se retrouve : le trafic a diminué de 59.0% en Europe par rapport à l’année 2019, mais est en hausse de 36.9% par rapport à 2020.

Les plateformes parisiennes représentent encore la moitié du trafic des aéroports métropolitains (49.9% du trafic contre 53.6% en 2019), mais l’année 2021 a été moins bonne pour elles que pour les autres aéroports métropolitains. En effet, avec un peu moins de 42 millions de passagers accueillis en 2021, les plateformes parisiennes ont retrouvé 38.8% de leur niveau de trafic de 2019, alors que les autres aéroports de métropole sont revenus à 45.1% de leur niveau de trafic de 2019. Le trafic a augmenté de 37.4% entre 2020 et 2021 pour les autres aéroports métropolitains contre une augmentation de 26.8% pour les aéroports parisiens.

Disparités régionales

Cette année encore, ce sont les aéroports régionaux qui affichent la plus faible baisse avec 40.6% de passagers en moins, notamment grâce à l’importance du trafic domestique pour ces aéroports-là. Les aéroports régionaux représentent un peu moins de 11% du trafic total métropolitain. Cette dynamique est principalement portée par les bons chiffres des aéroports corses Ajaccio – Napoléon Bonaparte et Bastia – Poretta (-12.8% et -23.0% par rapport à 2019). La Corse est la région dont le trafic a le moins diminué par rapport à 2019 : -13.2%. Les aéroports de proximité ont vu leur trafic diminuer de 56.3% par rapport à 2019, mais c’est une catégorie d’aéroports où il y a le plus de disparités entre les aéroports. En effet, d’un côté, l’aéroport corse de Figari a déjà retrouvé et même dépassé son niveau de trafic de 2019 (+5.5%) tandis que de l’autre côté, les aéroports alpins de Grenoble Alpes Isère et de Chambéry – Savoie Mont Blanc ont vu leur trafic diminuer d’environ 96% par rapport à 2019, alors qu’ils avaient plutôt eu de bons résultats en 2020 comme une grande partie de la saison hivernale des stations de ski avait pu se dérouler sans être impactée par la crise de la COVID-19.

Les aéroports très dépendants du trafic vers et depuis le Royaume-Uni (comme Bergerac ou Limoges dont environ 80% du trafic en 2019 concernait cette destination) ont été très pénalisés par les différentes mesures de restriction des voyages mis en place outre-manche tout au long de la crise sanitaire : leur trafic a baissé d’environ de 75% en 2021 par rapport à 2019. Les grands aéroports régionaux5 qui représentent plus d’un tiers du trafic métropolitain ont vu leur trafic diminuer de 57.8% par rapport à 2019. Ils ont accueilli en 2021 un peu moins de 30 millions de passagers contre plus de 70 millions en 2019.

La percée du low-cost

En 2021, le trafic low-cost représente un peu moins de 40% du trafic de la France métropolitaine, soit presque 33 millions de passagers, alors qu’il représentait 35% du trafic en 2019. Le trafic low-cost représente plus de 50% du trafic des aéroports régionaux (56.3%) et des grands aéroports régionaux (54.2%). Le trafic low-cost a diminué de 53.8% par rapport à 2019, tandis que le trafic des compagnies traditionnelles a diminué de 60.7%. Comme en 2019, trois aéroports en France ont un trafic 2021 à plus de 99% composé de trafic low-cost : Carcassonne Sud de France, Béziers – Cap d’Agde Hérault Occitanie, et Paris – Beauvais. Le trafic low-cost représente plus de 50% du trafic total de 21 aéroports français en 2021, contre seulement 15 aéroports en 2019.

L’international à la peine

Le trafic à l’international a encore du mal à redémarrer : il a diminué de 64.4% par rapport à 2019, tandis que le trafic domestique a diminué de 41.1%. Le trafic international représente 63% du trafic de la France métropolitaine en 2021, contre 74% en 2019. Sur les 84 millions de passagers de la France métropolitaine en 2022, plus de 52 millions étaient à destination ou en provenance de l’international.

Plus les aéroports sont de petite taille, plus le trafic domestique est important pour eux. Le trafic domestique représente 75.0% du trafic pour les aéroports de proximité, 66.1% pour les aéroports régionaux et 47.7% pour les grands aéroports régionaux. En 2021, le trafic vers et depuis les destinations hors Schengen représente 29.6% du trafic métropolitain total (contre 38.5% en 2019) et il représente 44.0% du trafic des plateformes parisiennes (contre 51.0% en 2019).

Les aéroports d’Outre-mer résistent mieux

En 2020, les aéroports d’Outre-mer avaient mieux résisté à la crise que leurs homologues métropolitains, grâce notamment à l’importance de la continuité territoriale et des flux touristiques. C’est encore le cas cette année, avec une baisse de 48.2% de leur trafic en comparaison avec 2019, alors que le trafic est en diminution de 58.3% en métropole par rapport à 2019. Toutefois, en comparaison avec 2020, le trafic reprend plus doucement en Outre-mer : +5.0% pour les aéroports d’Outre-mer entre 2020 et 2021, contre +31.9% pour les aéroports métropolitains. Ainsi, les aéroports ultramarins ont accueilli en 2021 6.7 millions de passagers, contre 6.4 millions de passagers en 2020 et 12.9 millions de passagers en 2019.

Le fret aérien, un secteur dynamique

Mis en lumière pendant la crise, le fret aérien a retrouvé son niveau d’avant-crise. Les aéroports français ont accueilli 2.5 millions de tonnes en 2021, soit une augmentation de 0.5% par rapport à 2019, dont plus de 2 millions de tonnes pour les aéroports parisiens (+0.8% par rapport à 2019). Certains aéroports ont vu leur activité fret bien se développer pendant la crise de la COVID-19 : c’est particulièrement le cas de l’aéroport de Paris – Vatry qui a vu son trafic fret multiplié par 10 entre 2019 et 2021 (plus de 2 800 tonnes en 2019 contre presque 30 000 tonnes en 2021). Les mouvements d’avions fret sont également en hausse par rapport à 2019, +22.0%. Cette augmentation peut s’expliquer par la baisse du nombre de mouvements d’avions passagers qui a donc entraîné la baisse du fret qui était transporté dans les soutes des avions passagers.

Les chiffres de la fréquentation 2021

Aéroports de Paris 41 921 155 (2021 / 2019 : - 61,2 %)

Autres aéroports métropolitaines : 42 080 553 (2021 / 2019 : - 54,9 %)

Aéroports d’Outre-mer 6 676 827 (2021 / 2019 : - 48,2 %)

Total France : 90 678 535 (2021 / 2019 : - 57,7 %)

Les vingt plus grands aéroports français en 2021