Le commerce indépendant face à sa survie

Dans un contexte morose, les commerçants indépendants agissent et cherchent des solutions en agissant sur leurs dépenses mais aussi en renforçant leur communication, en innovant, se diversifiant et en s’impiquant localement.

Augmentation des charges, baisse du pouvoir d’achat des Français, changement des habitudes de consommation, explosion des coûts des matières premières, les commerçants indépendants ont dû surmonter de nombreux défis ces dernières années. Dans ce contexte difficile, Ankorstore, première plateforme européenne professionnelle de vente directe entre marques et commerçants indépendants, présente pour la deuxième année consécutive l'Observatoire du Commerce indépendant. Réalisée en partenariat avec le Conseil du Commerce de France (CdCF), l'édition 2024 de cette étude dresse un état des lieux complet, mettant en lumière des attentes fortes vis-à-vis des pouvoirs publics, un scepticisme par rapport aux Jeux Olympiques, initialement perçus comme un levier de développement, ainsi que des espoirs et des inquiétudes face aux nouveaux modes de consommation des Français.

Un authentique attachement

Si l’inflation fait moins la Une de l'actualité depuis plusieurs mois, les Français restent fortement impactés et sont 60 % à déclarer que leur pouvoir d’achat s’est (encore) dégradé cette année.

Cette situation semble impacter moins les jeunes Français, dont 1 sur cinq de moins de 34 ans déclare que son pouvoir d'achat s'est, à l'inverse, amélioré. Face à ce constat, une grande majorité (80 %) ont revu leur mode de consommation au quotidien. Plus d’un tiers des interrogés expliquent ainsi rechercher essentiellement des prix bas et un Français sur quatre affirme consommer moins par défaut. 

Malgré ces freins à la consommation, les Français demeurent profondément attachés à leurs commerces indépendants de proximité. 40 % d'entre eux les fréquentent au moins une fois par semaine pour leurs achats, et plus de la moitié (54 %) affirment qu'à prix égal, ils privilégient les commerçants indépendants, par rapport à la grande distribution et à la vente en ligne. Les Français justifient cette nette préférence par la proximité géographique (58 %), une offre plus locale et made in France (45 %), ainsi qu’un véritable apport en matière de conseils (26 %). Ces atouts constituent de véritables valeurs ajoutées du commerce indépendant par rapport à la grande distribution et au e-commerce.

Une situation dégradée 

En 2023, la quasi-totalité des commerçants (85 %) ont vu leur activité souffrir de l’inflation. Une situation qui se confirme puisque c’est + 13 pts en comparaison avec 2022. Ainsi, 60 % des gérants considèrent que la situation de leur commerce est tendue. Cela se confirmée pour 56 % des commerçants qui constatent que les commerces de proximité de leur ville sont de plus en plus nombreux à fermer en 2023, soit 10 pts de plus qu’en 2022. Pour faire face à ces difficultés, et comme ils l’avaient anticipé l’an dernier, 56 % des commerçants indépendants ont augmenté leurs prix en 2023. Ils sont 41 % à l’avoir déjà fait ou à l’envisager pour l’année 2024. 

Faire face aux difficultés

Au-delà des prix, les commerçants agissent pour se renouveler. Ils revoient notamment leur stock à la baisse (30 %) et prévoient de diversifier leur activité via de nouveaux services et offres (29 %) pour attirer plus de clients, soit une progression de 7 points par rapport à l’édition 2023.  Autre grand enjeu pour les commerçants : passer le cap de la digitalisation ! Si 28 % d’entre eux disent avoir renforcé leur présence digitale en 2023, ils sont toujours près de 60 % à ne pas avoir de site de vente en ligne. Beaucoup n’en voient pas l’intérêt (45 %), mais d’autres ne le font pas par manque de connaissance (14 %) et de temps (23 %). La grande majorité des commerçants (77 %) sont en revanche actifs sur les réseaux sociaux.

L'emploi en berne chez les commerçants indépendants

Indicateur direct de la santé économique du secteur, le niveau des recrutements des commerçants indépendants est faible en 2023. Ils sont moins de 15 % à avoir recruté, enregistrant au passage une baisse de 6 pts entre 2022 et 2023. Sans surprise, leurs intentions de recrutement ne prennent pas le chemin de l’embellie puisque les commerçants indépendants ne sont que 8 % à prévoir des recrutements en 2024.

Un souhait d’actions concrètes

À l'image de nombreuses autres professions françaises, 84% des commerçants indépendants attendent une action de la part des pouvoirs publics, massivement soutenus par les Français qui sont 70 % à estimer que les mesures des pouvoirs publics pour les soutenir sont insuffisantes.

Les commerçants indépendants attendent les pouvoirs publics sur deux sujets : les coûts et la simplification administrative. Sur le podium des mesures liées aux coûts : ils sont 40 % à réclamer une action sur la réduction des charges, 27 % des moyens financiers pour lutter contre la hausse des prix et l'augmentation du coût de l'énergie, et 17 % l'abaissement des loyers des baux commerciaux éphémères, et enfin 27 % à souhaiter avoir la possibilité d’ouvrir le dimanche plus facilement.

Pas d’optimisme Olympique

L'enthousiasme attendu pour les Jeux Olympiques peine à s'installer En effet, 80 % des Français craignent une augmentation des prix dans les villes accueillant les épreuves. Et seuls 15 % d’entre eux déclarent que les grands rendez-vous sportifs à venir (Jeux olympiques, Championnat d'Europe de football, Tour de France) auront un impact sur leur consommation auprès des commerces indépendants. Exception notable en Île-de-France, où 26 % des habitants estiment que ces événements auront un impact sur leur consommation. Les jeunes, particulièrement les 18-34 ans, se montrent plus enclins à consommer davantage, avec 30 % partageant cet avis.

Alors que 8,9 milliards d’euros de retombées économiques sont annoncés pour les JO d’après le Centre de Droit et d'Economie du Sport (CDES) les commerçants restent sceptiques. En effet, seuls 9 % d'entre eux pensent que les Jeux Olympiques auront un impact positif sur leur activité, un sentiment partagé en Hauts-de-France, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Pays de la Loire, où seulement 4 % des commerçants indépendants partagent cet avis. Les régions Île-de-France (21 %) et PACA (19 %) sont, pour leur part, un peu plus optimistes, car elles accueilleront de nombreuses épreuves durant la compétition. Toutefois, même si ces chiffres représentent le double de ceux des autres régions, ils demeurent relativement faibles.

 

   

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