Le bout du tunnel n'est pas pour demain

La crise de la dette publique qui menace, et les difficultés de la classe politique à trouver une majorité pour traiter le problème, font émerger de nombreux doutes parmi les dirigeants d’entreprise. Comme à plusieurs reprises depuis 2020, la confiance qui se reconstruisait lentement est balayée.

Alors que les discussions sur le projet de loi de finances ont débuté sous la menace d’une crise de la dette publique, les chefs d’entreprise affichent un moral en forte baisse. S’établissant à 75 ce mois-ci, l’indicateur de l’optimisme (établi par OpinionWay pour CCI France) perd 11 points en un mois, balayant le lent rétablissement entamé après le choc de la dissolution de l’Assemblée nationale.


Le pessimisme des chefs d’entreprise est particulièrement fort concernant l’avenir de l’économie française : seuls 14% d’entre eux ont confiance dans les perspectives de l’économie du pays sur les 12 prochains mois, un niveau jamais vu, qui fait suite à une baisse conséquente (-7 points depuis septembre). Cette dynamique négative dégrade également la confiance des dirigeants pour leur propre entreprise : deux tiers restent optimistes, mais cela représente malgré tout une baisse de 4 points en un mois (66%).


•    La dégradation de la confiance des chefs d’entreprise pour leur activité est visible quelle que soit la taille des structures observées (de -3 à -4 points par rapport à septembre 2024). Cette homogénéité est également observable concernant la chute de la confiance pour l’économie française (de -6 à -8 points).


Les dirigeants se préparent aux effets négatifs du budget 2025


L’effet de la situation budgétaire de la France sur l’état d’esprit des dirigeants est clairement perceptible sur le sujet du projet de loi de finances en discussion au Parlement. 48% d’entre eux anticipent un impact négatif du texte sur l’économie française, contre 23% estimant que cela n’aura pas d’impact et 17% que son effet sera positif. Les craintes sont à peine moindres s’agissant des effets du budget 2025 sur leur propre entreprise &: 40% des dirigeants redoutent un impact négatif, soit autant que ceux qui ne s’attendent pas à être impactés (40%).


•    Les dirigeants de grandes entreprises sont plus nombreux à anticiper un impact négatif du budget 2025 sur l’économie française : 55% dans celles comptant au moins 50 salariés, contre 48% dans les structures plus petites. Le constat est inversé s’agissant des effets du budget de l’Etat sur sa propre entreprise : 43% des dirigeants ayant 1 ou 2 salariés redoutent des conséquences néfastes, contre 35% parmi les dirigeants ayant 3 à 49 salariés et 38% de ceux qui en ont davantage.


Parmi les dirigeants qui anticipent un impact négatif du budget pour l’année prochaine, la crainte la plus vive porte sur l’effet de la loi de finances sur la croissance (82%). S’agissant de leur propre entreprise, les inquiétudes se concentrent sur les aspects financiers : 79% des chefs d’entreprise pessimistes sur l’effet du budget 2025 redoutent un impact sur leur trésorerie, et 76% sur leurs investissements.


Les chefs des petites entreprises se sentent toujours peu écoutés


Alors que le Salon des Maires se tiendra du 19 au 21 novembre, une majorité des chefs d’entreprises ayant au moins 1 salarié estiment qu’ils ne sont pas suffisamment, voire pas du tout écoutés dans leur commune : 60%, soit 5 points de plus qu’en novembre 2022. Toutefois, parce que la part des dirigeants qui ne se prononcent pas est en forte baisse (-10 points), on note que la proportion des chefs d’entreprise qui s’estiment suffisamment entendus est également en hausse : 35% cette année, soit 5 points de plus qu’en 2022. Elle reste néanmoins bien inférieure à la part de dirigeants qui déplore le manque d’écoute (25 points d’écart).


•    Comme les années précédentes, les dirigeants ayant au moins 50 salariés considèrent en majorité que le maire de leur commune les écoute suffisamment : 59% cette année, contre 40% dans les entreprises de 3 à 49 salariés et seulement 30% des chefs d’entreprises plus petites.
Interrogés sur les critères qui permettent le développement d’une entreprise sur le territoire, les dirigeants en distinguent principalement deux. L’aspect humain prend la première place à travers la main d’œuvre disponible (34%, -1 point depuis 2022), l’aspect légal prend la deuxième avec la fiscalité du territoire (30%, +6 points). En retour, les chefs d’entreprise estiment que leur activité permet avant tout la préservation de relations sociales de proximité sur leur territoire : avec 48%, cette dimension est en forte progression depuis 2022 (+11 points).


A contrario, la création d’emploi affiche une baisse significative, perdant sa première place (-19 points, 32%). L’emploi demeure toutefois bien un levier important à la disposition des entreprises pour soutenir l’économie locale : 52% des chefs d’entreprise disent qu’ils ont privilégié des candidatures locales pour leurs embauches.


•    Les chefs d’entreprises comptant au moins 50 salariés insistent particulièrement sur les ressources humaines en tant que facteur de développement. 63% citent la main d’œuvre disponible et 46% les compétences disponibles sur le territoire, ce qui en fait les deux premiers aspects cités. A l’inverse, la fiscalité est un aspect principalement cité par les petits entrepreneurs n’ayant qu’un ou deux salariés (32%) et dans les entreprises de 3 à 49 salariés (29%), contre 18% dans les entreprises plus grandes.
Au-delà de l’activité de leur entreprise, l’emploi est un sujet sur lequel une majorité des dirigeants interviewés déclarent qu’ils seraient prêts à s’engager en personne (59%). Cela en fait le deuxième thème le plus cité, seulement devancé par l’enjeu de la dynamisation du commerce (63%), et supplantant la transition écologique (56%).


Les dirigeants de grandes structures sont quasiment tous prêts à donner davantage de leur personne sur les enjeux de formation, d’emploi et d’insertion (87%), ce qui en fait leur thème de prédilection. De façon remarquable, les dirigeants du secteur de l’industrie placent la transition écologique en tête des enjeux sur lesquels ils seraient prêts à s’engager personnellement (67%).

   


 

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