Les "engagements de Brest " définissent une stratégie internationale pour préserver les océans.
Le « One Ocean Summit » qui vient de s’achever à Brest a réuni plus de 40 pays, venus de tous les bassins maritimes et représentant plus de la moitié des zones économiques exclusives mondiales. Les travaux ont abouti à la signature des «Engagements de Brest pour l’Océan», qui visent à « mettre un point d’arrêt à la dégradation de l’Océan. Ils ont choisi d’agir pour la préservation de la biodiversité, l’arrêt de la surexploitation des ressources marines, la lutte contre les pollutions et l’atténuation du changement climatique ».
Protection de la biodiversité et des ressources des océans.
La création d’aires protégées est un pilier essentiel de la préservation de la biodiversité. Il est aujourd’hui primordial de poursuivre et amplifier la dynamique en fixant une ambition élevée pour la décennie à venir. Les 27 États membres de l’Union européenne, rejoints par 16 pays tiers, ont donc lancé la «Coalition de la Haute ambition pour un traité de la Haute mer » afin d’œuvrer à la conclusion dès cette année d’un accord opérationnel et mondial sur l’utilisation durable de la haute mer et la protection de sa biodiversité. 14 pays participants au One Ocean Summit se sont engagés à renforcer la lutte contre la pêche illégale sur plusieurs fronts. Plusieurs États membres de l’Union européenne se sont engagés à mobiliser leur marine d’État dans le cadre de missions à l’extérieur pour renforcer la surveillance de la pêche illégale, en application du règlement européen de 2008.
Œuvrer face au changement climatique
La forte croissance du transport maritime, tirée par celle du commerce mondial, nécessite d’en réduire rapidement et fortement les nuisances. 22 armateurs européens se sont engagés dans le nouveau label Green Marine Europe, en appliquant des mesures très concrètes dans huit domaines : bruit sous-marin, émissions atmosphériques polluantes, émissions de gaz à effet de serre, espèces aquatiques envahissantes, gestion des matières résiduelles, rejets huileux, recyclage des navires. 35 acteurs dont 18 grands ports européens et mondiaux se sont engagés pour accélérer la fourniture d’électricité aux navires en escale pour limiter les émissions de gaz à effet de serre et réduire la pollution atmosphérique dans des métropoles portuaires souvent denses. Afin de réduire la pollution atmosphérique, l’ensemble des pays méditerranéens, rejoints par l’Union européenne, se sont engagés à demander à l’OMI la création d’une zone à faibles émissions de soufre sur toute la Méditerranée au 1er janvier 2025. La France, l’Espagne, l’Italie et Monaco demanderont également cet été à l’OMI la création d’une Zone Maritime Particulièrement Vulnérable au regard de la forte présence de cétacés, afin de pouvoir y limiter la vitesse de navigation et réduire ainsi les collisions. L’Océan joue un rôle déterminant dans la lutte et l’adaptation au changement climatique. Certains écosystèmes marins et côtiers (prés salés, prairies sous-marines ou mangroves) ont la capacité d’absorber et de stocker de grandes quantités de carbone : celle-ci doit maintenant être valorisée pour accélérer les projets de protection et de restauration, afin de permettre une véritable «compensation carbone bleue».
En finir avec la pollution plastique
9 millions de tonnes de plastique sont déversées dans l’océan chaque année, dont 80 % proviennent des côtes et des fleuves. Il est nécessaire d’investir massivement pour mettre à niveau les infrastructures d’assainissement et de traitement des déchets sur tous les continents. La meilleure façon d’assurer que les déchets n’atteignent pas l’océan, c’est encore de ne plus en produire. Pour accélérer la transition vers une économie circulaire qui vise 100 % de réutilisation ou de recyclage des matières plastiques et l’abandon de toutes les utilisations à usage unique, l'engagement mondial pour une nouvelle économie des plastiques rassemble États, collectivités, entreprises et ONG
Installer l’océan au cœur de l’agenda politique international
Les travaux du One Ocean Summit sont le point de départ d’une série de rendez-vous internationaux pour lesquels l’Océan sera central, notamment la Conférence des Nations Unies sur l’Océan de Lisbonne en juin, mais aussi la COP27 accueillie par l’Égypte à l’automne. Pour confirmer cette dynamique et construire un agenda international océanique ambitieux, la France et le Costa-Rica ont proposé d’organiser ensemble en 2024 la prochaine conférence des Nations Unies sur l’Océan.
Pour décider, il faut mieux comprendre. La révolution numérique est une opportunité pour construire un modèle intégré de l’océan, couvrant physique, chimie, vie marine et activités humaines. Ce «jumeau numérique» pourra éclairer les décisions politiques et suivre leurs effets, permettre à l’économie de la mer de se développer dans le respect des écosystèmes et nourrir le dialogue avec les parties prenantes et le public. L’Union européenne s’est engagée à se doter d’un jumeau numérique de l’océan qui permettra de rassembler les savoirs et de tester des scénarios d’action, au service de la croissance bleue européenne et de la gouvernance mondiale. L’UNESCO s’engage à ce qu’au moins 80 % des fonds marins soient cartographiés d’ici 2030.
Les engagements de la France
La France a annoncé avoir dès à présent atteint et dépassé l’objectif de classer 30 % des espaces terrestres et maritimes sous juridiction française en aires protégées. La France a en outre présenté un point d’étape sur la mise en œuvre du plan d’action adopté pour faire face aux prises accidentelles de petits cétacés dans le Golfe de Gascogne. Elle a annoncé des engagements pour lutter davantage contre la pollution des océans : Elle s’engage à traiter sous 10 ans les décharges abandonnées de ses littoraux présentant des risques de rejet en mer de déchets notamment plastiques. Trois d’entre-elle, où la situation est particulièrement urgente, seront traitées dès cette année 2022 : celles de Dollemard en Seine-Maritime, de Fouras en Charente-Maritime et de l'Anse Charpentier en Martinique. Enfin, elle publiera prochainement sa première stratégie nationale polaire et lancera un programme scientifique de mesure de la contribution de l’Antarctique de l’Est à l’élévation du niveau des mers.
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