La consommation responsable attendra

Mon portefeuille d'abord, la planète on verra ! Les arbitrages effectués par les Français montrent bien que la fin du mois continue à l’emporter sur la fin du monde, en terme d’urgence vitale.

 

 

 

 

 

Les résultats des sondages continuent de surprendre. Si les Français clament haut et fort leur attachement aux centres-villes et leurs préoccupations environnementales, leurs actes peinent à concorder avec leurs paroles. Trois exemples illustrent bien ce décalage.

Centre-ville : attachement verbal, désertion réelle

D'après le 8ème Baromètre du Centre-Ville et des Commerces (réalisé par l’Institut CSA/Clear Channel pour une association d’élus et de parlementaires) une majorité de Français (61%) exprime son attachement aux centres-villes. 89% voient même dans les achats de proximité un acte citoyen permettant aussi de limiter l'usage de la voiture. Pourtant, le paysage commercial a changé : Camaïeu, Kookaï, Gap, André, Pimkie, et encore Minelli en cessation de paiement… autant d'enseignes qui ferment les unes après les autres. L'augmentation des défaillances commerciales, approchant les niveaux de 2019 (elles dépasseront la barre des 11 600 sur l’ensemble de l’année, au plus haut depuis 2018 selon les estimations de Xerfi), témoigne de cet écart entre les dires et les faits. L'assèchement de la consommation en centre-ville s'accélère, et les consommateurs continuent de parcourir des kilomètres supplémentaires, consommer du carburant vers les centres commerciaux de la périphérie et encourager la « France moche », pour faire de meilleures affaires.

Produits bio : plébiscités mais une demande en déclin

Si les produits bio recueillent les faveurs du public (8 Français sur 10 louent leur impact positif sur l'environnement et 3 sur 4 leur bienfait pour la santé selon un sondage de l’Agence Bio) leur part dans les achats ne cesse de décroître. En effet, malgré une méfiance vis-à-vis des industriels agro-alimentaires, la part du bio est tombée à moins de 4% dans les grandes surfaces en juillet dernier, un creux depuis 2018 et devrait descendre encore à 3,5% d’ici la fin de l’année selon les prévisions de Xerfi. L'ironie est que les produits transformés regagnent du terrain. Ces produits sont moins coûteux, et les industriels trouvent des astuces pour éviter une inflation visible. L'explosion des coûts énergétiques a aussi sa part de responsabilité : cuisiner des produits bruts demande plus d'énergie que de simplement réchauffer des plats industriels.

Avion : entre aspiration et réalité

L'idée de limiter l'utilisation de l'avion pour réduire son empreinte carbone gagne en popularité. Selon un sondage CSA, 41% des Français sont en accord avec cette proposition, un chiffre grimpant à 48% chez les jeunes adultes. De plus, 64% disent vouloir réduire leur usage de l'avion. L’idée de Jean-Marc Jancovici de limiter à 4 le nombre de voyages en avion dans une vie a fait mouche ! Pourtant, le trafic aérien est reparti de plus belle, et les niveaux d’avant-Covid seront bientôt largement dépassés !

La consommation responsable, malgré son attractivité théorique, se heurte à la dure réalité économique. Les choix individuels restent largement guidés par le coût immédiat, même si cela va à l'encontre de l'intérêt collectif et des bonnes intentions. Cette contradiction met en lumière un dilemme fondamental : le coût de la responsabilité environnementale est souvent privé, alors que ses bénéfices sont collectifs. Dans ce contexte, peu sont prêts à faire des sacrifices.

   

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