Internet a gagné

Neuf Français sur dix sont internautes, selon le Baromètre 2023 du numérique publié par le Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (Crédoc). L'étude révèle également l'ampleur de la connexion aux réseaux sociaux au quotidien

Les équipements et les usages numériques sont désormais ancrés dans le quotidien de la population. Neuf personnes sur dix sont internautes, et 82 % de la population âgée de 12 ans et plus résidant en France métropolitaine se connecte tous les jours à internet. Cette inscription d'internet dans la vie des Français concerne également les plus âgés : désormais 64 % des personnes âgées de 70 ans ou plus sont internautes.

La connexion internet à domicile par la fibre optique poursuit son essor entamé il y a cinq ans, avec une progression de 11 points en un an. En 2023, 67 % des personnes qui disposent d’un accès à internet fixe à domicile le sont par la fibre ou le câble. Lorsque le foyer n’a pas souscrit d’abonnement à la fibre, l’absence de raccordement au réseau est la raison la plus souvent évoquée (39 %), suivie par le fait de ne pas y trouver d’intérêt (26 %).

L’hégémonie du smartphone

L’attrait pour une connexion rapide n’est pas cantonné au domicile et concerne également les connexions nomades. 78 % des Français sont équipés d’un smartphone permettant d’accéder au réseau 4G et 31 % au réseau 5G. Sur ce plan, l’âge est un critère déterminant : 41 % des 18-24 ans et 42 % des 25-39 ans sont équipés d'un smartphone permettant d'accéder à la 5G, mais seulement 22 % des 60-69 ans et 16 % des 70 ans et plus.

Le smartphone est d’ailleurs aujourd’hui l’équipement qui est utilisé le plus fréquemment pour se connecter à internet (48 % des Français) en 2023. Autre signe de l’engouement de la population pour le numérique, les enceintes connectées pénètrent petit à petit les logements. Près de trois Français sur dix sont désormais équipés en enceinte connectée, soit une forte progression depuis 2019 (+20 points).

Par ailleurs, les Français témoignent aussi d’un certain niveau d’intérêt à l’égard du déploiement de récentes innovations. Sept Français sur dix ont déjà entendu parler des outils d’intelligence artificielle comme ChatGPT, Google Bard, Midjourney ou Dall-E : 38 % savent ce que sont ces outils, et 20 % les ont déjà expérimentés. Une expérimentation qui s’est pour le moment davantage réalisée dans un cadre privé (16 %) que professionnel ou scolaire (12 %). Certains publics se sont approprié très vite ces outils. 43 % des 18-24 ans les ont utilisés dans leur vie privée et 31 % des cadres et professions intellectuelles supérieures dans leur vie professionnelle.

Les usages professionnels et scolaires amorcent d’ailleurs de nouvelles mutations. 28 % des actifs et des étudiants utilisent une plateforme ou suite bureautique collaborative, 10 % des systèmes d’intelligence artificielle, de réalité virtuelle/ augmentée ou de blockchain, et 9 % un chat bot. Les plateformes ou suites bureautiques collaboratives sont citées plus souvent par les 18-24 ans (43 %), les 25 39 ans (36 %), les diplômés supérieur (42 %), les habitants de l’agglomération parisienne (36 %) actifs occupés ou étudiants, les hauts revenus (37 %).

Plus de deux tiers des Français (68 %) disposent désormais d’un téléviseur connecté à internet, un taux qui chute toutefois fortement chez les plus âgés (44 % parmi les plus de 70 ans) et les non-diplômés (37 %). Un peu moins de la moitié des personnes concernées (30 % des Français) n’utilisent qu’un seul mode de connexion – en majorité la box d’un fournisseur d’accès à internet –, tandis que 38 % rapportent plusieurs modes de connexion.

Santé connectée

S’agissant des contenus audio, le recours au réseau hertzien est encore prédominant. Parmi les 75 % de consommateurs de contenus audio recensés au sein la population française, une majorité (58 %) est encore prioritairement fidèle à son poste de radio/autoradio. L’écoute par internet est néanmoins désormais largement répandue, avec 42 % d’auditeurs rapportant écouter des contenus audio via internet, que ce soit le plus souvent via le réseau internet (26 %) ou aussi souvent en hertzien qu’en IP (16 %).

L’intérêt des Français pour l’usage des technologies du numérique à des fins de santé se maintient, même passée après le plus fort de la pandémie de Covid-19. En 2023, 49 % de la population internaute a recherché des informations concernant sa santé ou celle d’un proche sur internet. Ce niveau est proche de celui observé avant la pandémie (50 % en 2018) et d’autres usages ont progressé. Autre signe du recours aux technologies numériques en matière sanitaire, 38 % de la population assure déjà la gestion de sa santé ou de celle de ses enfants en ligne. 25 % ne le fait pas encore mais serait prêt à le faire à l’avenir. Toutefois les plus de soixante ans se montrent plus réservés sur le recours au numérique pour les questions de santé.

Faciliter le quotidien

Internet est également massivement utilisé pour s’informer dans la presse écrite : 71 % des personnes ont lu des articles de presse numérique au cours des douze derniers mois. À l’image de la lecture de presse sous format papier, cette pratique est aussi différenciée selon le niveau de diplôme.  Si 65 % de la population indique consulter des articles en ligne disponibles gratuitement, 31 % de la population paie un abonnement à un ou plusieurs titres de presse, achète des articles ou des numéros ou a un abonnement à un kiosque comme Cafeyn ou ePress. Dans de nombreux cas (40 %), les lecteurs de la version numérique sont aussi acheteurs de la version papier. Les lecteurs de presse numérique sont par ailleurs 44 % à indiquer que le prix est le facteur principal motivant le choix d’une offre numérique plutôt que papier.

63 % des répondants considèrent le numérique comme un outil leur facilitant la vie quotidienne. 22 % estiment que cette technologie n'a pas d'incidence sur leur quotidien et finalement seuls 13 % pensent que le numérique et les nouvelles technologies leur complique la vie de tous les jours. Au total, la diffusion d’internet et, plus généralement, du numérique dans tous les aspects de la vie des Français en fait un espace incontournable d’intégration sociale. 78 % des Français estiment qu’il est important d’avoir accès à internet pour se sentir intégré à la société (+13 points par rapport à 2016 et +24 points par rapport à 2009).

Réseaux et participation

L’avènement du web dit « 2.0 », nourri par la participation de chacun, est patent. L’usage des réseaux sociaux est particulièrement répandu : 78 % de la population s’y rend, ne serait-ce que rarement, et 38 % des Français s’y connectent même plusieurs fois par jour. Les réseaux sociaux continuent de s’infiltrer dans tous les registres de la vie quotidienne, qu’il s’agisse de loisirs, de communication, d’information, de travail. 54 % des Français les utilisent pour partager des photos ou vidéos avec leurs proches (contre 31 % en 2012). 36 % les utilisent même pour partager des avis, des photos, des vidéos de manière publique, rendant tangible le rôle du web, longtemps annoncé, de place publique renouvelée. Ils exercent aujourd’hui également un rôle majeur dans la circulation des informations : plus d’un Français sur deux s’informe ainsi par leur biais. Ils restent un moyen privilégié pour entretenir des liens avec ses proches (63 % de la population). Les 25-39 ans sont les plus utilisateurs des réseaux en ligne.

Autre signe de cet internet participatif, la moitié de la population (50 %) a donné une note, une évaluation ou laissé un commentaire sur internet à propos d’un produit qu’il a acheté ou d’un service qu’il a utilisé. C’est deux fois plus qu’en 2015, seul un quart (26 %) de la population étant alors concerné. Les 18-59 ans sont particulièrement actifs en la matière. Parallèlement 60 % ont consulté des évaluations sur internet, +11 points par rapport à 2015.

Des freins demeurent

Si 55 % des Français estiment qu'ils ne rencontrent pas de frein particulier quand ils utilisent des outils numériques dans leur quotidien (+3 points par rapport à 2022), un certain nombre de freins demeurent présents, notamment le sentiment de non-maîtrise qui concerne toujours un quart de la population totale (25 % ; +7 points par rapport à 2020), du mal-équipement (13 %) voire du non-équipement (10 %) ou des difficultés de connexion (9 %).

Quand ils sont bel et bien confrontés à des difficultés, les Français arrêtent ou abandonnent moins souvent leur usage des outils numériques qu’auparavant : 5 % en 2023 contre 8 % en 2018. Par ailleurs, les Français en difficultés ont tendance à aller chercher de l'aide auprès de leurs proches.

La « numérisation » croissante de la société ne se fait cependant pas totalement sans heurts. L’essor des usages numériques va aussi de pair avec une progression de l’exposition à des escroqueries, injures et harcèlements en ligne. 12 % des Français ont été victimes de cyber-malveillance au cours des douze derniers mois d’injures, de harcèlement, de diffamation en ligne, 21 % ont été victimes d’escroquerie ou de fraude en ligne.

Parce qu’ils sont davantage présents sur la toile, ou parce qu’ils sont particulièrement sensibles à toute maltraitance, les jeunes déclarent beaucoup plus souvent être la cible de ces malveillances : 39 % des 18-24 ans et 21 % des 25-39 ans ont été victimes au moins une fois d’injures, de harcèlement, de diffamation en ligne. De même, 41 % des 18-24 ans déclarent avoir été victime d’escroquerie, de fraude en ligne et 26 % des 25-39 ans.

Signalons également concernant la vie professionnelle que 36 % des actifs occupés pensent que les outils numériques sont utilisés par leur employeur pour les surveiller. Les jeunes sont, une fois de plus, les plus suspicieux en la matière.

Sur un tout autre registre, la prise de conscience environnementale numérique n’en est qu’à ses balbutiements au sein de la population, les usages les plus efficaces n’étant pas les mieux repérés. Pour la population disposant d'internet à domicile, le tri et le nettoyage de sa boîte mail (42 %), le fait de ne pas laisser ses équipements numériques (smartphone, ordinateur, tablette, etc.) en charge toute la nuit (39 %) et l’accroissement de la durée de vie des appareils numériques (smartphone, ordinateur, tablette, téléviseur, etc.) en en prenant soin, en les faisant réparer, etc. (38 %) comptent parmi les usages les plus efficaces pour réduire l'empreinte environnementale du numérique.

La part de la population possédant personnellement un smartphone acquis d’occasion ou reconditionné augmente cependant sensiblement : 19 % en 2023 contre 17 % un an plus tôt. Toutefois, l’achat d’un smartphone reconditionné pour des raisons environnementales est marginal : 10 % de la population a déjà acheté un smartphone dans cette optique pour elle-même et tout autant (10 %) pour une autre personne. Le prix est un critère bien plus attractif pour l’achat d’un smartphone reconditionné, surtout lorsqu’il s’agit d’un équipement destiné à son propre usage (23 %) plutôt qu’à celui d’un autre (17 %). Les jeunes sont les plus nombreux à choisir un smartphone reconditionné dans une optique de préservation de l’environnement : 33 % des 18-24 ans disposent d’un smartphone reconditionné, contre 18 % des 40-59 ans.

   

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