Dans un monde qui change, les Français ont de fortes attentes en matière de formation professionnelle. Un secteur sur lequel ils portent un regard globalement positif.
Le baromètre de la formation et de l’emploi de Centre Inffo réalisé par l’institut d’études CSA, a pour objectif de connaître leur opinion à l’égard de l’orientation et de la formation professionnelle en France, mais aussi leur perception relative à l’accompagnement, au CPF et aux perspectives de reconversion professionnelle, auxquelles ils sont ou seraient susceptibles d’être confrontés. Voici les principaux enseignements de l'enquête.
Les actifs français gardent un niveau de confiance solide en leur avenir professionnel (69% se disent confiants, +1 point en 1 an, dont 15% très confiants) mais ne retrouvent toujours pas le niveau d’avant crise sanitaire (75% en février 2020).
Des pratiques bousculées
Cette situation exceptionnelle a remis en cause la relation des actifs à leur situation professionnelle sur plusieurs dimensions, et a notamment bousculé les pratiques avec des métiers et des compétences obligées d’évoluer rapidement pour s’adapter : la part de ceux déclarant que leur métier évolue très vite reste stable en 2022 (41%) après une augmentation de 9 points en 2021 (passant de 33% à 42%). De plus, près d’un actif sur deux pense faire le même métier mais pas forcément de la même manière d’ici 5 ans (46% ; - 2 points). In fine, la moitié des actifs pensent changer d’emploi à plus ou moins long terme (51% ; + 2 points) dont un tiers (35% ; +2 points) d’ici 2 ans.
Le regard porté sur la formation professionnelle se maintient à un niveau toujours très positif : pour 9 actifs sur 10, c’est une opportunité pour s’améliorer dans sa pratique professionnelle (89%, -1 point) et une chance pour évoluer professionnellement (88%, -1 point) ainsi qu’une manière de prendre du recul sur son quotidien (87%, +1 point).
Même si 62% des actifs voient la formation professionnelle comme quelque chose de souvent contraignant (+3 points), ils sont toujours une minorité à penser qu’elle est inutile car inadaptée (30%, +3 points) et pas pratique, pas transposable dans son quotidien professionnel (29%, +2 points).
Acteur de sa formation
Dans la création du parcours de formation, l’individu semble être placé au centre : pour 4 actifs français sur 5 (80% ; +2 points) il est évident que c’est avant tout une responsabilité personnelle et individuelle de se former.
D’ailleurs, 69% (+2 points) des actifs ont le sentiment d’en être suffisamment acteurs. Un sentiment particulièrement marqué auprès de ceux qui sont en train de suivre un parcours de reconversion professionnelle (83%) et des plus jeunes, dont le parcours scolaire reste proche (83% pour les 18-24 ans, 74% pour les 25-34 ans). Les actifs savent également qu’ils peuvent faire appel à des acteurs extérieurs pour les accompagner dans leur parcours de formation dont les principaux restent les organismes de formation (73%, -2 points) et les employeurs (72%, -2 points), après avoir eux-mêmes joué le rôle majeur dans cette construction professionnelle (86% ; stable).
De façon assez similaire à 2021, une grande majorité des actifs interrogés ont déjà ou seraient susceptibles de formuler des vœux de formation (83%, -2 points), de faire eux-mêmes des recherches sur une formation (74%, -2 points), de contacter directement un organisme de formation (73%, -4 points).
En revanche, ils sont toujours un peu moins nombreux à avoir déjà fait ou être susceptible de financer par eux-mêmes une formation (63%, +2 points) ou à reprendre des études (54%, -2 points).
Si les actifs français se sentent au cœur du processus de formation, et souhaitent en être les acteurs, la moitié estime tout de même être mal informée sur le sujet, ce sentiment étant en légère baisse (50% ; -5 points) bien qu’il soit inégal selon l’âge (de 39% pour les 18-24 ans jusqu’à 55% pour les 50-64 ans).
Un manque d’information
Dans le détail, une majorité estime être bien informée sur le compte personnel de formation (53% ; +5 points) et les droits en matière de formation (52% ; +7 points).
Les autres dispositifs de formation sont également plus connus en 2022 avec, en tête, l’apprentissage (91% ; +3 points) et le bilan de compétences (89% ; +2 points). C’est également le cas pour ceux qui restent les plus étrangers aux actifs : Pro-A (38% ; +5 points) et Cléa (35% ; +6 points).
A noter que plus des 3/4 des actifs déclarent avoir reçu dernièrement un message indiquant que leur CPF arrivait à échéance (72%) dont plus de la moitié à plusieurs reprises (56%).
A ce titre, près d’un actif sur 5 sollicité ignorait le caractère mensonger de ces messages (16%), notamment les plus jeunes (30% des 18-24 ans). Parmi ceux qui en avaient conscience, 66% ont prévenu leurs proches et un peu plus d’un quart a alerté les services compétents (27%) pour dénoncer cette pratique. Parmi les actifs sollicités via ces messages frauduleux, 1 sur 4 a tout de même débloqué des sommes disponibles sur son CPF (25%), notamment les plus jeunes (52% des 18-24 ans et 44% des 25-34 ans).
Accompagnement insuffisant
Concernant l’accompagnement proposé en France pour aider à évoluer professionnellement ou à choisir sa formation, les actifs se montrent assez critiques et en voudraient plus.
En effet, seuls 44% des actifs considèrent que l’accompagnement proposé en France pour aider à évoluer professionnellement est développé contre 56% d’avis contraires. Le constat est similaire lorsque l’on s’intéresse à l’accompagnement pour aider les actifs à choisir une formation (43% vs. 57%).
Ainsi, lorsqu’on leur parle du conseil en évolution professionnelle (CEP), plus de la moitié des actifs se montrent intéressés par ce dispositif (57%), notamment ceux qui envisagent de changer d’emploi (76%), de faire une reconversion professionnelle (75%) ou encore les 25-34 ans (68%), alors que seulement 6% ont déjà bénéficié de ce CEP (11% chez les chômeurs).
En revanche, les conseils et accompagnements en CEP semblent encore à perfectionner : moins de la moitié de ceux qui ont bénéficié de ce dispositif en sont satisfaits (47%).
Informatique et anglais en tête
Les attentes des actifs en matière de formation restent fortes en 2022 : 47% d’entre eux ont prévu de faire une formation au cours des douze prochains mois (-1 point), cela concerne plus fréquemment les personnes en reconversion professionnelle (86%), les personnes qui envisagent de changer d’emploi (67%) mais aussi les personnes qui se sentent bien informées (61%) représentant ainsi la nécessité que les actifs soient bien informés pour déclencher plus facilement le souhait d’une formation.
Parmi ceux qui déclarent ne pas suivre de formation en 2022, et comme l’an dernier, les raisons principales invoquées sont le manque de temps (34%, +1 point) et le fait qu’aucune formation ne corresponde à leur besoin (28%, +3 points).
Comme l’an dernier, les formations les plus demandées concernent d’abord les domaines de l’informatique, des langues étrangères (principalement l’anglais) et du management. Les formations dans le domaine médical ont également la cote.
Un actif sur cinq est actuellement en train de préparer une reconversion professionnelle (21% ; +1 point), d’autant plus chez les jeunes (35% des 18-34 ans) et parmi les personnes sans emploi (38%).
Au final, les personnes qui sont en reconversion et celles qui envisagent une reconversion professionnelle représentent 47% des actifs français (stable en 1 an) qui ont pour principale motivation une volonté de se rapprocher de leurs valeurs et de vivre davantage de leurs passions (86%, stable).
Dans ces parcours de reconversion, 62% des personnes sont accompagnées ou conseillées (stable), notamment les personnes qui sont actuellement en reconversion (78% vs 48% pour les personnes qui envisagent une reconversion). Enfin, pour 2 actifs sur 3 en reconversion ou qui envisagent d’en faire une, la reconversion passe par une formation spécifique (65% ; +8 points : 83% chez ceux qui sont actuellement en reconversion vs. 50% pour ceux qui en expriment seulement la volonté).
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