Le recrutement des cadres est problématique pour des entreprises pourtant en demande de talents et compétences.
La publication d’offres d’emploi pour les cadres est actuellement bien orientée, selon l’Association pour l’Emploi des Cadres (APEC). Au 4e trimestre 2021, le volume d’offres dépassait largement son niveau de 2019 (+ 24 %). À l’exception des télécommunications, tous les secteurs d’activité se situent au-dessus de ce point de référence, y compris ceux qui ont été les plus durement affectés par la crise (automobile, aéronautique et autres matériels de transport, équipements électriques et électroniques, mécanique-métallurgie, communication et médias). Cette progression permet de renouer avec le volume annuel d’offres d’emploi cadre d’avant crise, malgré un premier semestre en retrait.
Ajuster les profils et les rémunérations
Mais la part des entreprises ayant recruté au moins un cadre au cours du 4e trimestre 2021 est stable : 10 % soit autant qu’au 3e trimestre 2021 et autant qu’à la même période un an plus tôt.
La reprise de l’activité et des embauches s’est accompagnée de difficultés à recruter. Parmi les entreprises ayant embauché ou essayé d’embaucher des cadres en 2021, 60 % jugent qu’il a été difficile de le faire (72 % des ETI et grandes entreprises, 59 % des TPE et des PME).
Pour parvenir à recruter, nombre d’entreprises ont procédé à un ajustement sur le profil recherché pour au moins un de leurs recrutements de l’année : 44 % ont recruté un cadre n’ayant pas toutes les compétences techniques attendues au départ et 40 % un cadre ayant moins d’années d’expérience que prévu. Les entreprises ont également fait des concessions sur le niveau de rémunération : 47 % l’ont revu à la hausse en cours de processus au moins une fois dans l’année. Enfin, 29 % se sont tournées vers un cabinet de recrutement en cours de processus. Face à l’ampleur des tensions, les efforts des entreprises n’ont pas toujours suffi . Un quart des entreprises (25 %) qui projetaient de recruter des cadres en 2021 ont renoncé à le faire pour au moins un poste ; une proportion plus élevée encore parmi les ETI et grandes entreprises (34 %).
7 % des TPE envisagent le recrutement d’un cadre
Au 1er trimestre 2022, 13 % des entreprises envisagent de recruter des cadres, soit 2 points de plus par rapport à leurs prévisions pour le dernier trimestre 2021. Cette dynamique est largement portée, ce trimestre encore, par les plus grandes entreprises (67 % ; + 12 pts). Dans les TPE (7 %) et les PME (19 %), les intentions de recrutement se maintiennent. S’agissant des secteurs d’activité, ce sont les services qui contribuent le plus à cette évolution. Si les intentions restent les plus élevées dans les services à forte valeur ajoutée4 (19 % ; +3 pts), ceux à faible taux d’encadrement5 connaissent la plus forte progression (13 % ; + 6 pts).
Cette progression des intentions de recrutement devrait se traduire par une hausse des publications d’offres d’emploi cadre qui pourraient atteindre des niveaux records en 2022. Comme en 2021, elles devraient s’accompagner de difficultés de recrutement importantes. En effet, les trois quarts des entreprises (78 %) projetant de recruter un cadre au 1er trimestre 2022 s’attendent à en avoir. A l’aube de 2022, ces difficultés projetées sont beaucoup plus prégnantes qu’elles ne l‘étaient il y a un an (66 %). Elles sont particulièrement aiguës depuis le début du 2e semestre 2021. La hausse des intentions d’embauche pourrait accroitre la concurrence entre les entreprises et amplifier encore la tension sur le marché de l’emploi cadre début 2022 voire au-delà. Dans ce contexte, comme elles l’ont fait en 2021, les entreprises pourraient recourir couramment à des ajustements sur les profils recherchés.
Désir de changement
Le désir de changer d’entreprise reste prégnant chez les cadres. En décembre 2021, 39 % d’entre eux envisageaient d’amorcer un changement d’entreprise dans les 12 mois à venir, soit 1 point de plus qu’en septembre et 3 points de plus qu’à la même période il y a un an. Les cadres de moins de 35 ans sont, de loin, les plus enclins à changer d’entreprise pour l’année qui s’ouvre. La moitié d’entre eux prévoit de faire des démarches concrètes en ce sens (52 %), soit autant qu’à la même période un an auparavant (50 %).
Gilles Gateau, directeur général de l’APEC, déclare « Les difficultés de recrutement, de plus en plus aigües dans nombre de métiers, secteurs et territoires, sont celles qui menacent le plus la reprise. Pour vaincre ces difficultés, il faudra jouer sur plusieurs terrains à la fois : la formation, la mobilité, l’attractivité, …mais aussi changer de regard et adapter des pratiques de recrutement parfois trop « formatées » et pas assez inclusives, alors que beaucoup de compétences demeurent sous-employées chez les plus anciens comme chez les plus jeunes. Il faudra aussi prendre la mesure d’un mouvement profond de quête de sens et de qualité de vie au travail, des « moteurs de carrière » qui comptent de plus en plus à côté du salaire ou du « statut » chez les cadres. Et qui appellent aussi une vraie « réinvention » du management »
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