Après une fin d’année morose, la croissance va continuer à souffrir dans les prochains mois. Aucun secteur ne sera épargné
Le 4è trimestre 2023 a été le 2ème trimestre consécutif de croissance nulle pour le PIB français, qui n’a crû que de 0,9% en 2023.
La demande intérieure recule, plombée par une consommation en panne et une baisse de l’investissement. La croissance stagne, seulement sauvée par le fort recul des importations énergétiques, autrement dit par la clémence de l’hiver.
Malgré les mauvais chiffres macroéconomiques, les ménages et les entreprises semblent garder confiance. Les enquêtes sur le climat des affaires et la confiance des ménages restituent une image tronquée des fondamentaux de l’économie, car les répondants surpondèrent les effets de la désinflation, livrant un sentiment de rémission.
Pourtant la profitabilité des entreprises est à la peine et ces dernières entrent dans une logique de rationalisation. Les résultats des entreprises sont pris en étau entre des prix et volumes qui refluent et des salaires et des charges financières qui résistent à la baisse.
Par conséquent les entreprises adoptent des comportements défensifs : elles déstockent, réduisent leur demande d’équipement et de surfaces. En ligne avec ce constat, les créations d’emploi basculent dans le rouge.
Xerfi prévoit un ralentissement de la croissance du PIB à 0,5% en 2024, sur fond d’incertitudes croissantes. L’incertitude est d’abord énergétique avec les troubles en mer rouge ; sociale, avec le risque d’agrégation des luttes ; politique, avec une succession d’élections à haut risque pour l’Europe ; géostratégique, avec deux conflits majeurs non stabilisés ; et enfin financière, avec un risque d’instabilité boursière.
Les ménages ont concentré jusqu’ici leurs ajustements et arbitrages sur l’alimentaire et l’énergie, mais ce seront dorénavant les biens durables et d’équipement qui porteront le ralentissement, avec tous les effets d’entraînement induits sur l’économie.
Industrie manufacturière : Faible croissance en 2023 et en 2024. La production manufacturière a progressé très modérément en 2023 (+0,6%). Le principal moteur a été le rebond de la production de matériels de transport, à la fois l’automobile (+11%) et l’aéronautique (+14%). En 2024 les secteurs énergo-intensifs comme la chimie prendront le relai de l’automobile, en ralentissement. La production de biens d’équipement se réduira, pénalisée par une baisse de demande à l’export
Industrie automobile : le rebond de la production s’essoufflera progressivement. L’amélioration des approvisionnements en semi-conducteurs a permis l’accélération de la production en 2023. 2024 sera l’année du lancement de la production des nouvelles 3008, 5008 (à Sochaux), Scenic et R5 (à Douai), mais la chute actuelle des commandes finira par impacter le rythme de production des constructeurs. Les équipementiers français seront affectés par la morosité de la production automobile allemande.
Industrie aéronautique et spatiale : une remontée des cadences parsemée d’embûches. Freiné par des tensions sur les approvisionnements, Airbus a revu à la baisse son objectif de livraisons d’A320/321 et décalé ses objectifs d’augmentations de cadences (monocouloirs et A350 notamment). Conséquence de ce décalage du rebond de l’activité, la croissance restera forte en 2024 (+15%). Malgré ces deux années de forte hausse, le niveau d’activité à la fin 2024 sera encore inférieur à celui de 2019.
Industries alimentaires : nouvelle baisse de la production en volume attendue en 2024. La production a reculé de 2% en 2023, du jamais vu depuis 20 ans. Les industriels français ont été confrontés à une chute de la demande domestique en GMS et à des exportations en perte de vitesse. Une nouvelle baisse de production (-1%) est prévue en 2024. Malgré le repli de l’inflation alimentaire, les pressions sur le pouvoir d'achat persisteront, entraînant des arbitrages défavorables au Made in France.
BTP : coup de frein du chiffre d’affaires en 2024. Le chiffre d’affaires de la construction a progressé de 5% en 2023, mais l’activité en volume a baissé (chute des ventes des promoteurs et constructeurs de maisons et fléchissement des surfaces non résidentielles). En revanche en 2024 le chiffre d’affaires devrait baisser très légèrement, le recul de l’inflation comprimant les hausses de prix. L’entretien-rénovation jouera un rôle de soutien.
Commerce détail : la demande faiblit sur fond de demande morose. Avec une confiance au plus bas depuis 50 ans et des intentions d’épargne élevées, les achats de biens d’équipement se replient et on constate une descente en gamme dans les dépenses alimentaires. Un effet prix positif a continué de soutenir la hausse des recettes des détaillants en 2023 (+4,1% selon Xerfi). Le ralentissement de la croissance en 2024 sera dû aussi à l’affaiblissement de l’effet-prix dans l’alimentation.
Transports et entreposage : vers une stabilisation du chiffre d’affaires en 2024. Le chiffre d’affaires a reculé de 6% en 2023. Les activités de transports de fret et d’entreposage ont pâti d’une demande atone, de la stabilisation des prix des carburants et de la chute des prix du transport maritime . Le chiffre d’affaires du secteur restera stable en 2024. L’activité du transport de passagers sera plus dynamique que le fret et l’entreposage, notamment dans le sillage de l’accueil des Jeux Olympiques durant l’été 2024.
Services numériques : croissance solide mais en ralentissement en 2023-2024. Toujours jugés prioritaires, les investissements IT ont continué de progresser en 2023. La situation financière des multinationales reste saine. Elles ont notamment profité de l’inflation pour augmenter leurs marges. Les clients seront plus prudents et leurs prise de décision plus lente en 2024 : la croissance ralentira à 7%. Les clients feront aussi pression à la baisse sur les prix des prestations informatiques cette année.
Hébergement et restauration : épuisement des effets de rattrapage d’après crise sanitaire. Les professionnels de l’hébergement-restauration enregistreront une nouvelle hausse de leur activité en valeur en 2023 (+11% selon nos prévisions), principalement alimentée par des revalorisations tarifaires. La croissance du chiffre d’affaires ralentira nettement en 2024. Malgré l’afflux de touristes lié aux Jeux Olympiques, les dépenses de loisir seront affectées par les persistantes pressions sur le pouvoir d’achat.
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