Le chômage a frappé durement les chefs d'entreprise en 2021. Les lourdes incertitudes sur la situation économique peuvent faire craindre une accélération de la tendance cette année.
L’association GSC et la société Altares ontdévoilent la 6e édition de l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs. En 2021, 28 835 femmes et hommes chefs d’entreprise ont perdu leur activité professionnelle, une diminution de 13,1 % par rapport à l’année 2020.
« Le soutien de l’Etat continue de produire ses effets pour aider les entreprises à maintenir la tête hors de l’eau. Néanmoins, les chefs d’entreprises devront faire face à de nouvelles menaces, conséquences de la guerre en Ukraine et il convient d’être particulièrement prudent pour l’avenir. En 2021, ce sont près de 30 000 femmes et hommes chefs d’entreprise qui ont perdu leur emploi. Pour l’immense majorité d’entre eux, sans filet de sécurité », analyse Anthony Streicher, président de GSC.
Les « seniors » particulièrement exposés
Dans une année 2021 encore marquée par la crise du Covid-19, le nombre de dirigeants ayant perdu leur emploi est au plus bas depuis la création de l’Observatoire : 28 835 chefs d’entreprise ont subi une liquidation judiciaire, soit une diminution de 13,1 % par rapport à l’année 2020.
L’âge médian des chefs d’entreprise impactés est de 47,5 ans. Cette population, dite de « seniors », est généralement installée dans une vie personnelle construite, avec des charges familiales et financières parfois importantes. Ce contexte personnel peut amplifier la pression et l’inquiétude en cas de perte d’emploi, et amener à prendre de mauvaises décisions. La crise économique touche particulièrement des entrepreneurs pour lesquels le rebond professionnel sera plus difficile : plus d’un tiers d’entre eux avait plus de 50 ans (10 655 dirigeants) en 2021.
Les chefs d’entreprise de moins de 26 ans sont ceux qui connaissent la plus forte augmentation en 2021 : 706 se sont retrouvés en situation de perte d’emploi, soit + 49,9 % sur un an.
« Si le chiffre d’affaires n’est pas au rendez-vous en 2022 pour certains chefs d’entreprise, le paiement des reports de cotisations sociales accordés pendant la crise du Covid-19 ou le début des remboursements des prêts PGE pourraient mener à des situations dramatiques », explique Anthony Streicher.
Des profils éclectiques
La crise impacte tous les dirigeants, quels que soient la taille, le chiffre d’affaires ou encore la forme juridique de l’entreprise. Les entrepreneurs à la tête de petites structures, de moins de 3 salariés, représentent plus des trois-quarts des pertes d’emploi en 2021. Le recul le plus fort observé concerne les entreprises de plus de 50 salariés, mais ceci fait suite à une forte hausse l’année précédente : 214 étaient concernées en 2020 contre 131 en 2021 (-38,8 %).
Si 10 512 entreprises enregistraient un chiffre d’affaires inférieur à 500 000 euros, 232 sociétés concernées par une liquidation judiciaire déclaraient un chiffre d’affaires supérieur à 5 millions d’euros.
Les gérants de SARL, avec 12 766 dirigeants touchés, forment l’essentiel des pertes (-19,5 % par rapport à 2020) tandis que près de 9 618 chefs d’entreprise étaient à la tête d’une SAS (-7,8 %). SARL et SAS sont donc, sans surprise, les deux formes juridiques les plus représentées.
Construction et commerce frappés
Les entrepreneurs des secteurs de la construction (6 732) et du commerce (5 906) représentent près de la moitié des pertes d’emploi malgré une baisse respective de 6,2 % et 16,3 %. Les pénuries de main d’œuvre et de matières premières ont des conséquences sur les acteurs du bâtiment : 5 972 dirigeants de la branche se sont retrouvés en situation de chômage en 2021.
Les difficultés sont également présentes dans le domaine du service : 3 933 entrepreneurs ont perdu leur emploi dans les services aux entreprises.
Les dispositifs mis en place par l’Etat permettent au secteur lié à l’hébergement, à la restauration, et aux débits de boisson d’être en net recul en 2021 avec -39,2 %. Cependant, la fin des aides et les difficultés de pouvoir d’achat des Français nécessitent de rester prudent pour l’avenir des professionnels du secteur.
Les chefs d’entreprise dans le domaine agricole apparaissent comme ceux ayant le moins bien résisté à la crise. Après un léger recul en 2020, 646 professionnels ont perdu leur activité en 2021 (+16,8 % par rapport à 2020). Les éleveurs connaissent la plus forte progression (+ 29,4 % soit 251 chefs d’entreprise) et subissent la hausse des prix pour nourrir le bétail.
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