Radiographie de la France sous pandémie

Hausse de la mortalité et chute des naissances, hospitalisation reportées, baisse de la consommation, moral des jeunes en berne, l'Insee dresse le portrait de la France en 2020. 

Dans son « portrait social de la France », l’Insee a dévoilé plusieurs statistiques sur l’épidémie de Covid-19 et ses conséquences démographiques et économiques.

Une nette surmortalité

Le nombre de décès en France s’est fortement accru en 2020 et au premier semestre 2021. On en a enregistré 56 000 de plus en 2020 qu’en 2019, avec une forte augmentation chez les plus âgés et une baisse chez les plus jeunes (notamment par l’effet des confinements qui ont réduit le nombre d’accidents).  Avec deux vagues épidémiques au printemps et à l’automne, la mortalité a largement dépassé la hausse due aux épisodes grippaux et caniculaires sévères des années précédentes. Elle reste forte au premier semestre 2021. Les hausses principales ont été enregistrées en avril 2020 (+ 33 %), novembre 2020 (+ 30 %) et avril 2021 ( + 13 %).

Toutefois, l’analyse doit prendre en compte l’augmentation régulière du nombre de décès chaque année depuis 15 ans, principalement en raison du vieillissement de la population. Il convient aussi de tenir compte du fait que 2020 était une année bissextile, comptant donc une journée de plus, ce qui équivaut en moyenne à près de 2 000 décès. Une hausse des décès était dans tous les cas prévisible en 2020. En tenant compte de ces facteurs, la surmortalité peut être estimée à 47 000 décès en 2020.

La natalité affectée

Les naissances ont également été affectées. Leur nombre a particulièrement diminué à l’hiver 2020 – 2021 par rapport à l’hiver précédent, représentant la plus forte baisse depuis la fin du baby-boom. Le contexte sanitaire a suscité de fortes inquiétudes au sein de la population, auxquelles se sont ajoutées des incertitudes quant aux conséquences économiques et sociales de cette crise. Il faut rappeler que le nombre de naissances diminue en France chaque année depuis six ans. Le recul des naissances s’est fortement accentué en fin d’année 2020 (− 8 % en décembre 2020) et en début d’année 2021 (− 14 % en janvier et − 5 % en février 2021). La reprise des naissances au printemps, entre mars et mai 2021, ne compense pas la baisse des naissances pendant l’hiver, sauf dans quelques rares départements.

Des hospitalisations décalées

Entre le début de l’épidémie et le 12 septembre 2021, 460 000 personnes ont été hospitalisées ou sont en cours d’hospitalisation en France après avoir développé la Covid-19, dont 94 000 en soins critiques (comprenant réanimation, soins intensifs et soins continus). Sur la même période, 116 000 personnes sont décédées à l’hôpital ou en établissements sociaux et médico-sociaux suite à une infection à la Covid-19. L’épidémie a eu un impact sur les autres interventions. Ainsi, en avril 2020, seules 600 personnes ont été opérées de la cataracte contre 25 900 en avril 2019. Les hospitalisations pour polytraumatismes, comme celles conséquentes aux chutes ou accidents de la route, ont aussi nettement diminué lors des périodes de confinement en 2020.

Mais d’autres maladies nécessitant une prise en charge rapide et dont la survenue n’est a priori pas modifiée par les gestes barrières ou les limitations de circulation ont également donné lieu à un nombre d’hospitalisations bien inférieur à celui de l’année 2019. C’est le cas des infarctus du myocarde (– 9 %), des insuffisances cardiaques aiguës (– 12 %), des accidents vasculaires cérébraux (– 5 %) ou des accidents ischémiques transitoires (– 8 %). La chirurgie des cancers a également été affectée par la crise sanitaire. Au deuxième trimestre 2020, par exemple, le nombre de chirurgies pour cancer du sein et de celles traitant les cancers colorectaux ont baissé respectivement de 26 % et 18 % par rapport au même trimestre de l’année précédente.

Ces diminutions n’ont été que partiellement rattrapées durant la suite de l’année 2020.

La consommation en chute

Le revenu national a chuté de 154 Mds€ en 2020, supporté en grande partie par les administrations publiques (à hauteur de 110 Mds€) et par les entreprises (40 Mds€). Sans les aides versées par le fonds de solidarité mis en place par l’État et les régions, le revenu mixte brut des entrepreneurs individuels aurait chuté de 8 %. Le nombre d’heures travaillées a baissé de 7,8 %, la mise en place des dispositifs d’activité partielle ayant permis d’éviter un effondrement de même ordre de l’emploi (-0,5 % seulement).

La consommation des ménages a chuté de 6,5 %, avec des pointes de – 42 % dans les transports, - 33 % dans l’hébergement – restauration, - 15 % dans les arts, spectacles et activités récréatives. En revanche, la consommation de produits électriques, électroniques et informatiques (ordinateurs, téléphones, lave-linge, lave-vaisselle, etc.) a fortement progressé (+ 4,0 %) avec le développement du télétravail et la volonté des ménages de mieux équiper leur logement.

Les inquiétudes des jeunes

Les difficultés d’insertion des jeunes se sont accrues. En 2020, 14 % des 15-29 ans ne sont ni en emploi, ni en études, ni en formation, +1,1 % par rapport à 2019. Outre la dégradation des conditions d’enseignement et d’apprentissage, les étudiants ont été affectés par l’incapacité à trouver des stages et emplois d’appoint comme le baby-sitting ou dans la restauration… Résultat, une forte baisse de la confiance dans l’avenir. Seuls 51 % des 18-29 ont une vision optimistes de l’avenir contre 68 % en 2019.

 

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