Présidentielles : les priorités économiques des candidats

Pleins feux sur les programmes économiques des principaux candidats à l’élection présidentielle

À l’invitation de CroissancePlus, France Invest et le METI, les principaux candidats (ou leurs représentants) aux élections présidentielles (même celui qui ne l’est pas encore) sont venus présenter leurs grandes orientations sur le thème « Entreprendre, Produire et Investir en France ». Voici les principaux extraits de leurs interventions, effectuées devant un parterre de chefs d’entreprise.

(NDLR : les déclarations sont présentées par ordre alphabétique).

 

Franck Allisio (RN)

Le constat

« Nous sommes dans un cadre économique et budgétaire contraint par une dette et des déficits records, de records de prélèvements obligatoires, de dépense publique pas toujours bien utilisée,  de réglementation et une économie vendue à la découpe. Notre idée : la rupture avec ce qui se perpétue depuis 40 ans et qui n’a jamais fonctionné. En finir avec le choix de l’impôt, de la bureaucratie, du chômage de masse, de la stagnation du pouvoir d’achat de la croissance faible, d’un État qui n’est pas à sa juste place. Notre fil rouge, c’est rendre du pouvoir d’achat aux Français et rendre la possibilité d’investir, de créer de la richesse et de l’emploi aux TPE- PME -ETI. Cela passe par une décrue fiscale et réglementaire pour les commerçants, artisans, indépendants, avec l’appui d’un état stratège et un patriotisme économique assumé ».

La compétitivité

« Il n’est de richesse que d’hommes et de femmes qui travaillent. Nous souhaitons donc faire de l’apprentissage une priorité absolue en dépensant autant pour un apprenti que pour un lycéen ou étudiant de filière générale. Même chose pour les salaires : la compétitivité d’un pays dépend de sa capacité à attirer les compétences et les talents. Nous proposons un pacte gagnant gagnant aux entreprises : toutes celles qui s’engagent à augmenter de 10 % les salaires n’auront pas de charge sur cette augmentation, jusqu’à trois fois le SMIC. D’autre part, nous instaurerons une exonération de l’impôt sur le revenu et des sociétés pour les moins de 30 ans, pour leur donner le goût d’entreprendre. L’État stratège donnera sa priorité aux entreprises françaises, notamment les TPE-PME. Cessons de nous interdire de développer et protéger nos champions  ».

La fiscalité

« Nous engagerons une réduction des impôts de production, supprimerons la cotisation foncière des entreprises et la contribution sociale de solidarité des sociétés dans les zones dans lesquelles nous souhaitons que les entreprises se réinstallent, dans le cadre d’une politique d’aménagement du territoire incitative et économique. Nous mettrons fin à l’hyper réglementation, car elle se fait toujours au détriment des TPE-PME. La baisse de la TVA sur l’ensemble des énergies, l’augmentation des salaires participera à une meilleure répartition de la valeur. Enfin, un allégement massif des droits de donation et de succession, et la disparition de droits de succession sur les biens professionnels permettront de remettre de l’argent dans le circuit  ».

Le financement

« Notre vaisseau amiral sera un fonds souvenir français qui sera chargé de récolter et orienter l’épargne des Français, la mettre au service des entreprises, de la création de richesse et d’emploi, dans la croissance verte, des nouvelles technologies, des infrastructures, des projets de long terme. Nous voulons que les Français soient les actionnaires de la maison France ».

La transition écologique.

« Si on veut aller vers une économie, un pays, décarbonés, il faut se poser la question de l’énergie, de ce sur quoi on mise pour les 20 ans à venir. Pour traiter le problème, c’est d’abord la filière nucléaire, une énergie propre, bon marché, indépendante. Miser sur le nucléaire de manière décomplexé, c’est une réponse efficace. Dans le même temps, il faut revenir à un principe de base, et convaincre nos partenaires européens, qui est de produire et consommer localement à chaque fois que c’est possible. Un pays comme la France ne peut pas se trouver lourdement importateur en fruits et légumes. Le nucléaire et le localisme sont les priorités ».

Frédéric Benhaim (EELV)

Le constat

« Notre programme est centré autour de la question de la transition écologique, c’est un enjeu vital. On fait face à des menaces existentielles qui sont aussi des opportunités pour redessiner une voie d’avenir pour notre société et son contrat social. L’effort est vaste : nous avons besoin de travailler ensemble pour réussir la transition écologique ».

Les actions

« La transition écologique est une politique économique et industrielle. Elle nécessite une implication forte de la société. De nombreuses opportunités sectorielles vont se présenter. Les pouvoirs publics doivent être au rendez-vous pour inciter, orienter, accompagner. Nous prévoyons un plan d’investissement de 25 MDs €  par an dans le logement, l’énergie, le transport, décarbonation. Je pense aussi à la rénovation des passoires thermiques, la construction de 700 000 logements sociaux. L’ensemble des aides publiques doit être réorienté vers la transition écologique. L’objectif est de réduire les tensions sociales en mettant  en place des instruments d’investissement dans l’éducation, la recherche publique et porter un regard apaise sur l’immigration.

Le financement

« La question du tarif des hydrocarbures ne va pas aller en s’améliorant. C’est pour cela que nous proposons une pente de sobriété écologique, d’économies d’énergie et d’investissements dans les énergies renouvelables, tout en stoppant le nucléaire quand on le pourra. La rénovation des logements permettra de diminuer la facture énergétique des ménages. Nous voulons investir très massivement dans les transports. Il n’y a pas de fatalité d’un manque d’accès aux transports en commun dans les zones rurales. Pour tout cela, une partie de notre programme consiste à augmenter l’impôt sur les revenus les plus élevés et réorienter la fiscalité vers un bonus-malus écologique. Il faut aller plus vite et massivement, car nous avons pris du retard. Dans cette campagne il y a des propositions qui se débattent, l’ISF par exemple, tout ça se travaille, se débat, on écoute ce que les entreprises disent et on en tient compte, mais on se place dans une cadre d’une société apaisée ».

Bruno Le Maire (LReM)

Le constat

« Nous avons des résultats. Nous ne parlons pas de belles promesses, mais de chiffres : 7 % de croissance, un million d’emplois créés dans le quinquennat, un pays qui a retrouvé son attractivité. Les résultats économiques sont là grâce aux entrepreneurs, tous ceux qui n’ont pas baissé les bras pendant la crise économique. On vous doit de la stabilité et la visibilité. Il faut aller plus loin, mais je pense que ce serait une erreur majeure que changer de direction dans notre politique économique. Toutes les réformes fiscales qui étaient attendues par toutes les entreprises ont été prises. Nous avons fait la simplification. Nous avons avancé sur la formation avec l’apprentissage, qui est devenu grâce à vous une voie d’excellence, nous avons simplifié les lois du travail ».

L’ambition

« Il reste beaucoup à faire, pour la compétitivité des entreprises, la création d’emploi et devenir la première économie mondiale totalement décarbonée. Nous devons être en tête des grandes nations économiques. »

La fiscalité

« Il faut travailler sur la baisse des impôts de production, aller au bout de la suppression de la CVAE, supprimer la C3S, réfléchir à une exonération de charges pour les salaires au-dessus de 2,5 SMIC. Nous allons avancer sur ces trois options et regarder à quelle échéance les engager ».

L’administatif

« Nous devons aller vers plus de simplification, notamment sur le droit à l’environnement. Il faut éviter les recours abusifs qui font que nous avons mis 11 ans à déployer le 1er champ éolien offshore dans notre pays. Nous devons en tirer les leçons pour l’installation de toute entreprise industrielle dans notre pays. Il n’y aura qu’une seule voie de recours, concentrée au Conseil d’État, au sein une chambre environnementale spécialisée ».

La décarbonation

« Je crois à une croissance décarbonée. Nous sommes intervenus sur les grandes entreprises pour accélérer leur décarbonation. Pour les plus petites, c’est trop couteux. Nous devons donc leur proposer un environnement fiscal favorable et garantir un accès à l’électricité décarbonée la moins chère possible, comme nous venons de le faire. Nous allons poursuivre dans cette voie-là en déployant des champs éoliens en ouvrant 6 centrales nucléaires. Le nucléaire est l’avenir de la France. Nous allons aussi être les meilleurs au monde à l’hydrogène vert. Tout ce qui peut accélérer les processus de modernisation digitalisation, robotisation, ce qui participe à la décarbonation, doit être encouragé ».

La commande publique

« Nous sommes déterminés à modifier les règles de la commande publique pour favoriser les entreprises à impact et celles implantées en France. Cela sera très difficile, mais possible. Nous avons obtenu des aides publiques sur des sujets comme les batteries, l’hydrogène. Il faut se protéger, défendre nos intérêts ».

Valérie Pécresse (LR)

Le constat

« La question clé sur la situation de la France, c’est d’être le pays champion du monde des impôts et des charges et avec des services publics qui ne sont pas champions du monde. Nous devrons réinvestir dans certains services publics de première nécessité, dépenser mieux et dépenser moins. La France est en train de changer. Cette nouvelle France doit produire plus, redevenir une nation exportatrice, rapatrier un certain nombre de productions et être à la pointe des innovations ».

La fiscalité

« En 2017, des avancées fiscales ont été mises en place, qui n’ont pas déplu aux chefs d’entreprises. Nous les conserverons. Il faut qu’on réduise vos charges. Trop d’impôt tue l’emploi. Mais cela ne doit pas faire oublier l’existence de réformes structurelles. Nous allons continuer la baisse des impôts de production, mais pour le faire, il faut avoir le courage des réformes et de la baisse de la dépense publique. Je commencerai par supprimer la C3S , le forfait social sur l’intéressement et la participation, et la contribution de 20 % sur les actions, dans l’objectif de rapprocher le capital et le travail. Sur les impôts de production, qui impactent les collectivités locales, on ne pourra les baisser que quand la baisse effective des dépenses publiques nous le permettra. Je veux faciliter la transmission d’entreprise au sein des familles ou auprès des salariés, en baissant la fiscalité. J’ajoute un dispositif, d’aide à l’investissement de proximité dans les villes de moins de 20 000 habitants. La baisse des cotisations retraite sur les salaires suppose d’engager une réforme des retraites, portant l’âge de départ à 65 ans, ce qui n’est pas facile à dire aux Français ».

La société

« Le quinquennat qui débute va être décisif pour notre économie. Nous devons nous projeter dans la France de l’après-Covid. Une France dans laquelle beaucoup de choses vont changer, dans laquelle les aspirations de Français évoluent. Je pense à un vrai sujet de valorisation et de reconnaissance vis-à-vis du travail, dans un contexte d’un fort désinvestissement, de la volonté de pouvoir accéder à de nouveaux statuts, moins salariés et plus indépendants ».

La transition écologique

« La transition écologique sera au cœur du prochain mandat. Il va falloir accompagner l’économie pour qu’elle puisse accompagner cette transition. Je veux fusionner le livret A et le  LDD pour faire un livret vert qui sera un outil très puissant sur la transition écologique ».

Le travail

« Nous mènerons une politique qui récompense et valorise le travail, donne la liberté aux chefs d’entreprise pour l’organisation du travail, favorise l’innovation et la recherche au service de la compétitivité. Faire le choix de la production en France au service de la qualité, la souveraineté et l’impact écologique, par le soutien à la production locale ».

La réforme de l’État.

« J’ai énorme sujet sur l’administration. Elle doit être  beaucoup plus simple et beaucoup moins couteuse en temps. Vos interlocuteurs doivent être beaucoup moins nombreux. Je veux une  débureaucratisation de la France. J’ai parlé d’un comité de la hache. Je demanderai à toutes les branches professionnelles de se prononcer sur les procédures qui empêchent de produire. On a besoin de libérer les énergies et on va le faire.

Adrien Quattenens (LFI)

Le constat

« Notre programme comporte près de 600 mesures qui visent un but philosophique : l’harmonie des êtres humains entre eux et avec la nature. C’est un programme de rupture sociale, démocratique, écologique, qui n’est pas compatible avec l’actuel cadre des traités européens. Il prévoit la reconstitution d’un certain nombre de pôles publics pour reprendre la mainmise étatique. Nous avons pensé une méthode d’application de rapport de force et de solutions, car il n’y a pas de traité au-dessus de la démocratie et de la souveraineté populaire ».

Les entreprises

« Je ne suis pas venu vous dire nécessairement ce que vous voulez entendre, mais vous parler du rôle que vous pourriez avoir à jouer. Nous affirmons offrir aux entreprises la prévisibilité et la visibilité sur les investissements productifs de demain ».

Le social

« La France est un pays riche qui produit chaque 2300 Mds € extrêmement mal répartis. La pauvreté s’étend dans notre pays, alors que les milliardaires accroissent leur patrimoine de manière record. Ce qui est une urgence absolue, c’est la question sociale avec 10 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté, 8 millions qui ont besoin de l’aide alimentaire. Éradiquer la pauvreté est une de nos priorités.  Pour partager les richesses, nous avons l’intention de porter le SMIC à 1400 euros net, de faire disparaitre l’inégalité femmes- hommes dans les entreprises, de fixer l’écart entre salaires de 1 à 20 , de revoir le blocage du point d’indice des fonctionnaires, de faire en sorte qu’aucune retraite pour une carrière complète ne soit inférieure au SMIC, de bloquer les prix de première nécessité et d’ établir la gratuité des premières quantités (par exemple sur les premiers m3 d’eau) ».  

L’emploi

« Nous privilégions l’emploi et le travail. Nous croyons que chacun dans ce pays aspire à vivre dignement de son travail. Nous rendrons le droit à l’emploi effectif.  La priorité sera portée sur  l’augmentation du salaire et la réduction du temps de travail à mesure que la productivité augmente, en appliquant réellement les 35 heures et ouvrir les discussions sur les 32 heures, la  6è semaine de congés payés, la retraite à 60 ans, et la mise en place d’un mécanisme de garantie d’emploi ».

La transition écologique

« La colonne vertébrale de notre programme est de pouvoir faire face changement climatique. Il y a un intérêt général humain qui s’impose à tous. Nous inscrirons dans la Constitution la règle verte, qui consiste à ne pas prendre à la nature plus qu’elle ne peut nous donner. Nous fixons un cap 2050 par lequel on peut se passer du nucléaire. Il faut le décider politiquement, car cela passe par le développement massif des énergies renouvelables et par une forme de sobriété ».

L’investissement

« Les chiffres records des profits réalisés par les grandes entreprises (que je ne confonds pas avec les TPE / PME), nous posent un grand problème celui du manque cruel d’investissement productif. En 10 ans, les dividendes versés aux actionnaires ont progressé de 70 % , les salaires  de plus 10 % et l’ investissement productif  a reculé – 5 %. Nous voulons y mettre fin comme nous voulons rendre effectif le droit à l’emploi ».

La transmission

« Nous n’allons pas interdire la transmission ni la rendre complexe, mais introduire une forme de progressivité dans la fiscalité, sans confondre les TPE-PME-ETI avec les grandes entreprises. Nous avons fixé le maximum de l’héritage à 12 M€ et que le surplus aille pour l’allocation autonomie jeunesse ».

Eric Zemmour (Reconquête)

Le constat

« Le système français ne vous facilite pas la tâche. Malgré vos efforts collectifs, notre économie va mal. Les chiffres du chômage et de l’investissement n’ont pas attendu la crise du Covid pour être inquiétants. Le gouvernement n’a engagé aucune réforme en profondeur. Nous sommes dans une situation économique jamais vue, tant pour la dette publique, le déficit, les 6 millions de chômeurs le PIB peine à rattraper son niveau d’avant l’épidémie. Je sillonne la France, et partout on me dit la même chose : que l’État nous laisse travailler, loin des normes et des contrôles incessants de l’administration ».

La fiscalité

« Je compte baisser de 30 Mds€ les impôts de production en supprimant en priorité les impôts injustes comme la  CVAE et C3S. Les TPE-PME ne payeront que le taux réduit de l’impôt sur les sociétés jusqu’à 300 000 euros de bénéfice. »

L’innovation

« Parmi les signaux d’alarme qui résonnent dans notre pays, il y a celui de l’innovation. Nous dépensons moins que nos voisins européens pour la R&D. L’ISF a fait fuir des investisseurs, ce fut une erreur qui a duré 40 Ans. Je veux favoriser l’investissement dans nos pépites. Je créerai un livret innovation qui fléchera l’épargne des Français vers les pépites, sans aucune fiscalité sur les plus-values. C’est aussi une question de souveraineté nationale. Je propose de mettre de nouveau en place le dispositif IF PME qui permettra d'orienter l'investissement direct dans les PME via une réduction d'impôt en cas d'investissement au capital de PME non cotées. Je veux un choix de financement français pour nos entreprises ».

Les PGE

« Au départ, c’est une bonne idée, mais la durée est beaucoup trop courte , je souhaite que les entreprises qui le désirent puissent étaler leur PGE sur 10 ans pour que ce remboursement ne vienne pas fragiliser leur développement ».

La transmission d’entreprise

« Je supprimerai totalement les droits de succession et de donation sur les transmissions d’entreprises familiales »

Les rémunérations

« Je veux que le travail paye mieux dans notre pays, c’est pour cela que nous voulons que chaque salarié puisse bénéficier de la richesse qu’il produit. Je propose que tous les salariés français puissent toucher la prime de participation sans condition et sans passer par l’impôt sur le revenu et sans que les entreprises payent de forfait social. Pour augmenter les revenus nets sans faire exploser les charges sociales, la prime 0 charge permettra de payer un salarié particulièrement méritant sans charges sociales.

La transition écologique.

« Ma priorité c’est la France. Je ne suis pas hostile à la transition écologique, mais je ne veux pas y sacrifier l’économie française, l’industrie française et le pouvoir d’achat des Français. Nous devons accentuer l’énergie nucléaire, sans mépriser les énergies renouvelables, mais arrêter l’éolien qui est une catastrophe esthétique et de souveraineté ».

 

  

 

 

 

 

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