« Les artisans restent combatifs »

Lors de son point de presse de rentrée, le président de CMA France, Joël Fourny a dépeint un artisanat résilient mais préoccupé par la situation générale.

Il y avait de l’inquiétude et de la détermination dans les propos du président de la Chambre de Métiers et d’Artisanat, Joël Fourny, lors de sa traditionnelle conférence de presse de rentrée.

De la détermination, notamment, à défendre l’apprentissage. « L’un des premiers sujets de préoccupation des entrepreneurs, c’est de trouver des collaborateurs pour développer leur activité », constate-t-il. « Dans cette optique, notre pays doit accompagner fortement la formation en apprentissage ». Or, quelques nuages sont en train d’apparaître. On attend de connaitre les évolutions, qui seront forcément négatives, des coûts-contrats On s’inquiète de l’arrêt des aides financières accordées pendant la crise sanitaire. « Il faut assurer la pérennité d’une formation qui marche et donner les moyens aux entreprises de s’impliquer. Le financement de l’apprentissage ne peut être une question, il serait absolument anormal de bloquer cette dynamique ». Outre l’engagement des artisans, c’est aussi la survie de certains CFA qui pourrait se trouver remise en cause. « Le contrat social de l’apprentissage fonctionne », affirme Joël Fourny, qui entend plaider cette cause dans les prochains jours auprès des ministres concernés.

L’inquiétude se ressent aussi à propos de la situation générale des entreprises artisanales. « Le contexte est préoccupant, des fragilités se font sentir », constate le président de CMA France. « La vigilance, la prudence, l’adaptation permanente sont de mise. On est dans une phase où prédomine la conservation de l’existant, de l’outil de travail, des savoir-faire et la volonté de répondre aux besoins des clients ».

La question de la survie de l'entreprise

Au lendemain du discours de la Première ministre sur la sobriété énergétique des entreprises, les artisans sont bien évidemment mobilisés sur cette question. Ils n’ont d’ailleurs pas attendu les déclarations gouvernementales pour s’en saisir. 46 % d’entre eux ont déjà limité leurs déplacements et 30 % mènent une chasse au gaspillage. « Un boulanger peut s’interroger sur le fait de changer son four, d’investir aujourd’hui pour réaliser des gains énergétiques », remarque Joël Fourny.

Quoiqu’il en soit, après les Gilets Jaunes, après le Covid, la guerre en Ukraine constitue une nouvelle crise qui vient frapper l’économie de proximité. Dans ce contexte, si « les artisans restent combatifs », un tiers d’entre eux se pose la question de la survie de leur entreprise et autant craignent une baisse de leur chiffre d’affaires contre seulement 21 % qui croient en une hausse. La résilience étant une caractéristique fortement développée chez les entrepreneurs, une certaine proportion d’artisans veulent continuer à évoluer. Cela passera par la formation pour 30 % d’entre eux (sur la pratique de leur métier, le numérique ou la gestion) et aussi par l’investissement, principalement sur des projets immobiliers, mais aussi un renouvellement ou une modernisation de l’équipement de production.

Cessions oubliées

Si le coût de l’énergie est une préoccupation majeure, il ne fait pas oublier les autres difficultés, dont le recrutement. Alors que 25 % des entreprises artisanales se disent prêtes à recruter, elles ne parviennent pas à le faire, notamment dans l’alimentaire (dans 42 % des cas) et dans le bâtiment (31 %). Pourtant, c’est un potentiel de 450 à 500 000 emplois qui existe dans l’artisanat français. Un autre point, qui ne cesse de se répéter au fil des années, continue d’inquiéter, celui des reprises d’entreprises. Elles seront 300 000 à devoir changer de mains dans les 10 prochaines années, sans qu’on voie monter le nombre de repreneurs. Ce point est trop souvent mis de côté par les pouvoirs publics qui préfèrent s’enorgueillir du taux de création, largement faussé par la part majoritaire de micro-entrepreneurs.

Ces sujets complexes s’entrecroisent dans le quotidien des artisans. Mais ceux-ci, estime Joël Fourny « savent poser les questions et apporter les réponses nécessaires pour traverser cette période délicate en restant compétitifs et faire en sorte que leur entreprise soit durable ».

    

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