Les « IA » ont pris le devant de la scène. Mais elles demeurent compliquées d’usage et éloignées pour la plupart des Français.
Alors que les IA génératives (ChatGPT, Dall-E, Midjourney, Bard, etc.) promettent de transformer en profondeur notre société, le sondage Ifop-Talan « Les Français et les IA génératives » permet d’appréhender les différentes perceptions, craintes et attentes de la population française vis-à-vis de cette « révolution technologique ».
Le battage médiatique autour des intelligences artificielles permettant de générer des textes, des images, des vidéos ou des codes à partir d’une demande textuelle humaine a porté ses fruits. 71 % des Français en ont entendu parler et pour 74 % d’entre eux, on entre dans une nouvelle révolution industrielle. CHatGPT est de loin l’application la plus connue (62 %) devant Bing (16 %) et Midjourney (12 %).
En toute discrétion
Ce qui est assez significatif c’est de voir que l’IA fait partie du quotidien, et sont utilisées à la fois dans un cadre personnel et professionnel par 44 % des Français. Mais ce n’est pas sans une certaine gêne, et c’est l’un des chiffres les plus amusants de cette enquête : 68% des Français qui utilisent les IA génératives en entreprise le cachent à leur supérieur hiérarchique. Une proportion qui doit frôler les 100 % dans le cadre de l’école ou de l’université. Au-delà de l’aspect « mauvais élève pris en flagrant délit », cette discrétion peut amener des problèmes pour les entreprises. Car les IA sont loin d’être totalement fiables et sécurisées. « Il faut donc, pour les entreprises, mettre en place des stratégies préventives d’accompagnement des collaborateurs afin qu’ils se sentent libres de déclarer cet usage sans se sentir dévalorisés, mal jugés ou qu’ils craignent de perdre leur emploi », estime Laurent Cervoni, docteur en informatique et directeur du centre de recherche et Innovation du groupe Talan
D’ailleurs, 45 % des 18-24 ans utilisent les génératives contre seulement 18% des 35 ans et plus. Et 49% des moins de 35 ans voient précisément de quoi il s’agit lorsque l’on parle des IA génératives alors qu’ils ne sont plus que 31% des plus de 35 ans. Vous avez dit choc générationnel ? « Il paraît donc urgent que les entreprises s’en saisissent et forment leurs collaborateurs avant que les jeunes générations intègrent leurs rangs », avertit Laurent Cervoni.
On en parle beaucoup, on les utilise, mais les maîtrisent-on vraiment ? Pas spécialement, puisque 72% des Français estiment ne pas avoir les connaissances suffisantes pour utiliser les IA génératives. Ils ont bien compris que la formation sera essentiel et 51 % estiment que les enseignants (écoles/lycées/universités) doivent s’en saisir pour les enseigner et mettre en perspective les avantages et inconvénients.
Pour l’instant les IA sont utilisées principalement pour augmenter ses connaissances (34 %), comme moteur de recherche (31 %), pour traduire des textes (26 %). Elles restent donc cantonnées dans un usage classique, un peu comme un super Google. Elles sont moins présentes dans l’augmentation de la productivité (20 %), la génération de textes (20 %), ou le soutien à créativité (18 %). C’est quand ces trois thèmes prendront le dessus que les IA poseront vraiment problème. D’ailleurs, 68% des Français disent avoir des craintes vis-à-vis de l'émergence des IA génératives
Pour Laurent Cervoni : « Ces chiffres indiquent une forte poussée de ces technologies d’intelligence artificielle au sein de la population. Mais les usages qui en sont majoritairement faits (augmenter ses connaissances, effectuer des recherches comme dans un moteur de recherche…) sont problématiques lorsque l’on sait que les IA génératives, du fait même de leur conception, génèrent jusqu’à 30% d’erreurs dans leurs réponses. L’apprentissage de ces nouvelles technologies apparaît comme une nécessité, car comment ne pas craindre les technologies nouvelles si on n’en comprend pas le fonctionnement ? ».
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