Inflation, pouvoir d’achat : les indicateurs continuent de se dégrader

0 % de croissance, 5,5 % d’inflation, -1,5 % de pouvoir d’achat. L’économie française traverse une période extrêmement difficile.

Avec un PIB à 0% au premier trimestre (+ 0,2 % pour l’ensemble de la zone euro), l’économie française subit de plein fouet ce que les experts appellent « la conjonction de deux chocs », c’est-à-dire la crise sanitaire qui continue toujours à se faire sentir et les très fortes tensions géopolitiques liées à la guerre en Ukraine.

Ces successions de nouvelles négatives se retrouve dans l’analyse des différents secteurs. Ainsi, si l’hôtellerie-restauration a plongé en janvier puis s’est redressée à partir de février avec la levée des restrictions sanitaires, la production industrielle comme la consommation des ménages n’ont cessé de se dégrader depuis le mois de mars. Ainsi, la production automobile se situe un tiers en-dessous de ses résultats d’avant Covid. Un des rares secteurs à tirer son épingle du jeu est celui des services informatiques, porté par les investissements numériques des entreprises.

Flambée des prix de production

Les perspectives ne sont guère encourageantes. On sait que les tensions sur les approvisionnements freinent considérablement la reprise. La stratégie « zéro Covid » menée par la Chine va renforcer ces tensions, notamment dans l’industrie et le bâtiment. Avec pour conséquences une flambée des prix de production, qui se ressent déjà très violemment tant dans l’agriculture (+ 27 %) que l’industrie (+ 24 %). « Des chiffres qui se situent au plus haut depuis que nous les compilons, au milieu des années 90 », commente l’Insee.

Ces prix à la production se transmettent aux prix à la consommation. Les prix alimentaires pourraient ainsi augmenter de 6,3 % en un an. L’augmentation de 2,65 % du Smic se répercutera sur certains services. Et les prix de l’énergie continuent de flamber : 26,6 % en un an, pesant pour 2,1 % sur les 4,8 % d’inflation enregistrés ces douze dernière mois. Résultat de ces hausses, l’inflation devrait se situer autour de 5,5 % à la fin du premier semestre, avec toujours un effet réducteur très significatif des mesures de bouclier tarifaire et de remises à la pompe. « Nous estimons que ces mesures abaissent l’inflation de 2 points », calcule l’Insee. On serait donc plutôt autour de 7 à 8 % d’inflation.

La confiance se dégrade

Mécaniquement, le pouvoir d’achat continue de baisser : - 1,5 % au premier trimestre, et sans doute – 0,5 % au second. Mais les incertitudes sur les courts de matières première et de l’énergie rendent ses prévisions délicates. Il a fort à partir que la baisse soit beaucoup plus important.

Résultat de ces performances décevantes, la confiance des ménages se dégrade. Ainsi, les achats importants sont différés, dans des proportions rappelant celles enregistrées pendant la crise des gilets jaunes. L’épargne ne diminue pas, les Français tentant tant bien que mal de préserver leur patrimoine.

Du côté des entreprises, si les services sont relativement épargnés par la guerre, l’industrie connait une baisse assez nette de ses perspectives de production et le commerce de détail une forte chute de ses perspectives de vente. Même l’emploi, dont on entend partout vanter les bons résultats, ralenti (+0,3 % au 1er trimestre contre + 0,6 % au trimestre précédent).  Selon les enquêtes de conjoncture menées en avril par l’Insee auprès des entreprises, 45 % des industriels pointent des difficultés d’approvisionnement, un niveau équivalent à celui d’octobre dernier, lequel était au plus haut depuis le début de la série (1991). Cette proportion s’élève en avril à 39 % dans le bâtiment, un niveau également inédit dans ce secteur

Croissance toujours modeste

Tout cela conduit à un scénario de croissance modeste de + 0,25 % à la fin du mois de juin. A la douloureuse addition des chocs sanitaires et militaires s’ajoutent le durcissement des politiques monétaires aux Etats-Unis et la paralysie de l’économie chinoise.

Quant à l’inflation, on ne s’attend pas à la voir baisser. L’énergie pourrait voir son influence diminuer, tout simplement parce le glissement annuel va faire se comparer des situations déjà dégradées. Et personne ne peut vraiment prévoir si les embargos actuels ou à venir sur le pétrole et le gaz auront des effets délétères. Mais l’alimentation, qui pèse pour 16,5 % dans l’indicateur des prix (9 % pour l’énergie) va contribuer à la hausse des prix.  

   

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