Hausse spectaculaire des disparitions d'entreprises

Les statistiques des greffes des tribunaux de commerce démontrent la hausse des disparitions d’entreprise. Le signe inéluctable d’une crise toujours plus profonde.

Tous les indicateurs démontrent les immenses difficultés rencontrées par les entreprises depuis le début de l’année. Les derniers chiffres du Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce confirment cette tendance.

Outre la paralysie de l’entrepreneuriat, les disparitions d’entreprises s’accélèrent avec 183 530 radiations (+ 35 % en un an) et les liquidations judiciaires suivent le mouvement (14 000 ; + 40 %).

Même les créations d’entreprise, qui étaient brandies par le gouvernement comme l’étendard de la bonne santé de l’économie en 2021, s’essoufflent. Entre janvier et juin 2022, 303 870 créations ont été enregistrées par les greffiers des TC, soit une baisse de 10 % à un an d’intervalle.

Les entreprises individuelles payent un lourd tribut à cette crise. 50 547 d’entre elles ont été radiées, soit presque le tiers du total enregistré sur le semestre, avec une progression de 44 % sur la période. Et le nombre d’immatriculation de micro-entreprises chute de 28 % sur le semestre.  

Les ouvertures de procédures collectives sont en hausse de 45% vs. 2021 mais toujours en deçà du niveau d’avant-crise (-23% vs. 2019). Cette différence sera très probablement gommée d’ici la fin de l’année, dans la spirale de l’inflation, de la crise énergétique et du remboursement des aides Covid.

Comme le souligne Thomas Denfer, président du Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce, a déclaré : « Après deux années exceptionnelles, le contexte international semble avoir sérieusement entamé l'optimisme des entrepreneurs français. Si l'heure n'est pas encore à l'emballement, l'inversion des courbes de la création d'entreprise et des défaillances, associée à une accélération des liquidations et radiations d'entreprises, pourraient être annonciateurs d'une crise économique profonde. Ces indicateurs pourront être suivis avec attention pour accompagner les secteurs et les entreprises les plus durement fragilisés, avec pour objectif de prévenir un maximum de défaillances ».

Un début de mouvement de faillites

Encore une fois, le chiffre global des ouvertures de procédures collectives cache de fortes disparités selon les secteurs. D’un côté, les activités immobilières et l’agriculture, sylviculture et la pêche semblent mieux se porter que l’ensemble, connaissant une évolution respective de -9% et +6% entre janvier et juin 2022, à un an d’intervalle.

Les secteurs les plus touchés par la crise du Covid-19 qui ont résisté un temps (notamment grâce aux aides publiques) sont aujourd’hui en difficulté, un début de mouvement de faillites apparaît.

Le secteur hébergement et restauration est particulièrement touché (+97% au 1 er semestre 2022), suivi par les services (+75% sur la même période), et le commerce (+48%). La hausse des défaillances d’entreprises dans le secteur de l’enseignement, santé et action sociale (+66% au premier semestre 2022) met en avant la situation des activités particulièrement porteuses (exemple : cours particuliers, MOOC, applications…) durant la crise sanitaire et qui souffrent du « retour à la normale ». Du fait de sa forte croissance, le secteur du transport et entreposage, quant à lui, se caractérise par un turn-over élevé. Cela explique la progression sensible du nombre de défaillances d’entreprises du secteur (+57%), qui est davantage un phénomène structurel que conjoncturel.

Les jeunes entreprises plus fragilisées

L’âge moyen des entreprises entrant en procédure collective continue de diminuer, atteignant 8,8 ans sur la période du 1 er janvier au 30 juin 2022 (soit 5 mois de moins à un an d’intervalle). La crise du Covid-19 a donc continué de fragiliser les plus jeunes entreprises, dont de nombreuses entreprises de la foodtech nées durant la crise.

Les redressements judiciaires en forte hausse

La répartition des ouvertures de procédures collectives selon le type de jugement fluctue légèrement entre le premier semestre 2021 et le premier semestre 2022 et n’évolue que peu selon les différents statuts juridiques.

Toutefois, les redressements judiciaires sont en hausse et s’élèvent au nombre de 3 480 sur la période (+69% à un an d’intervalle), représentant ainsi 19,5% des ouvertures de procédures collectives (+3 pts vs. 2021). Dans le même temps, la part des sauvegardes stagne. Les liquidations quant à elles voient leur part diminuer (-3 points vs. 2021), mais sont toujours en majorité, représentant 78% des procédures collectives.

Le commerce et les services de proximité particulièrement exposés

Bien que le nombre de liquidations judiciaires augmente moins rapidement que le reste des procédures collectives, ce dernier connaît une hausse de 40% entre le premier semestre 2021 et le premier semestre 2022. Par ailleurs, pour certains services et commerces de proximité, le nombre de liquidations a plus que doublé sur la période (+127% pour les soins de beauté, +118% pour le commerce d’alimentation générale, +102% pour la restauration traditionnelle et +102% pour la boulangerie - pâtisserie). Ces secteurs, très fragilisés par la crise liée au Covid-19, étaient maintenus par un soutien de l’Etat à travers les aides publiques. Maintenant que ces dernières sont nettement plus ciblées, une remontée rapide des procédures collectives commence à s’amorcer dans ces secteurs.

   

 

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