Aucune embellie à l’horizon pour l’économie française

Une croissance à 2,5 %, une inflation à 7 %, l’économie Française n’est pas prête de retrouver des tendances positives dans les prochains mois.

Depuis plusieurs trimestres, l’activité mondiale a ralenti et l’inflation s’est généralisée, conduisant les principales banques centrales à resserrer leurs politiques monétaires, tandis que la plupart des gouvernements ont pris des mesures budgétaires visant à limiter les hausses de prix ou à soutenir les revenus. Les cours mondiaux des matières premières et de l’énergie ont globalement reculé au second semestre 2022 mais ils restent élevés, reflétant tout à la fois la baisse des perspectives de croissance d’une part et la persistance de tensions sur l’offre d’autre part.

La France n’échappe pas à ces difficultés. En particulier, l’industrie est la plus exposée au choc actuel de prix de l’énergie. Au sein du secteur manufacturier, certaines branches utilisent beaucoup d’énergie dans leurs processus de production (chimie, papier-carton, métallurgie, fabrication d’autres produits minéraux non métalliques).

Diminution des marges

Par ailleurs, au niveau de chaque entreprise, l’exposition au choc dépend non seulement de la consommation d’énergie mais aussi des modalités des contrats d’approvisionnement. Plus de la moitié des entreprises industrielles françaises apparaissent particulièrement exposées à la hausse du prix de l’électricité, parce qu’elles dépendent soit d’un contrat à prix fixe sur une durée contractuelle arrivant à échéance fin 2022 ou courant 2023, soit d’un contrat directement indexé sur le prix de marché. Les hausses de prix unitaire facturé (avant éventuel recours au guichet d’aides) qui sont anticipées pour 2023 par les entreprises industrielles sont très hétérogènes, avec une moyenne qui dépasse 100 %, après +75 % estimé pour 2022.

Dans ce contexte, la majorité des entreprises manufacturières déclarent avoir l’intention de répercuter au moins une partie de la hausse des prix énergétiques sur leurs propres prix de vente et une part non négligeable d’entre elles anticipent de diminuer leurs marges. La proportion d’entreprises déclarant envisager de baisser leur production est plus faible.

Par ailleurs, plus de la moitié des entreprises envisagent d’engager des investissements pour réduire de manière pérenne leurs coûts énergétiques.

Au total, les signaux conjoncturels, contrastés, laissent augurer un recul industriel et donc un repli de l’activité économique fin 2022, qui va au-delà des effets a priori ponctuels des grèves dans les raffineries et du manque de disponibilité du parc nucléaire, lequel pèse sur la production d’électricité.

Consommation contractée

Le PIB français pourrait donc fléchir au quatrième trimestre 2022 (-0,2 % prévu, après +0,2 au trimestre précédent), sous l’effet d’une production industrielle en recul et d’une activité atone dans les services. La consommation des ménages se contracterait nettement, en raison notamment d’un fort recul de la consommation d’énergie et d’un repli des dépenses en hébergement-restauration. Après un fort rattrapage cet été sur les achats de véhicules, l’investissement marquerait le pas.

Le début d’année 2023 resterait marqué par la hausse des prix de l’électricité et du gaz, pour les entreprises comme pour les ménages. L’activité rebondirait néanmoins très légèrement au premier trimestre (+0,1 % prévu), à la faveur du rebond attendu dans la cokéfaction-raffinage après les grèves de l’automne, et du redémarrage programmé de plusieurs réacteurs nucléaires actuellement en maintenance. Le rebond serait plus franc au deuxième trimestre (+0,3 % prévu) avec une accélération de l’activité dans les services. Au total, la croissance annuelle atteindrait +2,5 % en 2022 (après +6,8 % en 2021). Pour 2023, l’acquis de croissance du PIB à mi-année serait positif mais modeste (+0,4 %). Pour les autres principaux pays de la zone euro, cet acquis à mi-année pour 2023 s’échelonnerait de -0,2 % pour l’Allemagne à +1,1 % pour l’Espagne, en passant par +0,3 % pour l’Italie.

Ralentissement de l’emploi

L’inflation atteindrait environ 7 % cet hiver, avec une point dans les prix de l’alimentation qui atteindraient environ 13 %. Depuis la mi-2021, l’inflation a vivement progressé et s’est élargie à un grand nombre de biens et services. Cet élargissement ne laisse pas augurer de repli à très court terme, même si l’on observe une relative détente des cours de l’énergie et de certaines matières premières et un ralentissement de certains prix de production. Les anticipations d’évolution des prix de vente restent en effet élevées, selon les enquêtes de conjoncture

L’emploi ralentirait au cours des prochains trimestres (+0,2 % prévu au quatrième trimestre 2022, puis +0,1 % au premier comme au deuxième trimestre 2023). À l’horizon de la prévision, le taux de chômage resterait stable (à 7,3 % de la population active), car la population active et l’emploi évolueraient au même rythme. 

   

 

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