14 317 défaillances d’entreprises au 1er trimestre 2023

Les défaillances d’entreprises retrouvent leur niveau d’avant crise, alors que les liquidations judiciaires directes sont à un niveau historiquement haut

 

Avec 14 317 entreprises tombées en défaillance au premier trimestre 2023, le volume de défaillances est en hausse de 43,6 % par rapport à la même période une année plus tôt. La France retrouve ainsi exactement sa sinistralité de début 2018, proche de 2019. Les TPE ne sont pas épargnées, plus des trois quarts (77 %) sont immédiatement liquidées. Le nombre de liquidations directes (10 730) est ainsi au plus haut depuis 2017.

Thierry Millon, directeur des études Altares, précise : « Ce premier trimestre se situe dans la moyenne calculée par Altares sur 25 ans. Une période en trois phases. Du début des années 2000 jusqu’à la crise financière en 2008, chaque premier trimestre comptait en moyenne 12 500 procédures. La crise des dettes souveraines qui a ensuite secoué l’Europe à partir de la fin 2009 a engendré plus de 17 000 défaillances en moyenne chaque premier trimestre jusqu’en 2017. Depuis 2018, cette moyenne trimestrielle retombe sous 12 500, proche des valeurs d’avant 2008 à la faveur d’une année 2021 au plus bas depuis plus de trois décennies. Si la volumétrie des défaillances peut paraitre conforme aux attentes, il demeure que le rythme ne ralentit pas alors que l’Urssaf reprend désormais progressivement les procédures de recouvrement. Dans ces conditions, le niveau des défaillances d’entreprises devrait, comme envisagé il y a quelques mois, avoisiner voire dépasser le seuil des 55 000. »

Avec 307 jugements enregistrés ce trimestre, le nombre de procédures de sauvegarde augmente de 39,5 %. Toutefois, ce dispositif réservé aux seules entreprises n’étant pas en cessation de paiement, représente seulement 2,1 % de l’ensemble des procédures.

Les procédures de redressement judiciaire (RJ) sont quant à elles en hausse rapide de 49,9 % pour 3280 jugements prononcés, mais demeurent plus faibles qu’au premier trimestre 2019 (4 057). Elles représentent moins d’un jugement sur quatre (23 %) et concernent des structures de plus grande taille. Depuis janvier 2023, 27 sociétés de plus de 100 salariés ont été placées en redressement judiciaire, alors qu’on en comptait moitié moins un an plus tôt (12).

Les liquidations judiciaires directes sont également en forte augmentation (+41,9 %). Leur nombre (10 730) est ainsi à son plus haut niveau depuis 2017 (10 802).

Sévère tendance de défaillances pour les PME et les ETI

Près de 13 200 entreprises défaillantes comptent moins de 10 salariés. Si ces TPE restent, de loin, les plus nombreuses (92 %), les PME-ETI affichent des tendances plus sévères. 1125 sociétés d’au moins 10 salariés ont fait défaut au cours de ce premier trimestre 2023. Ces défaillances ont bondi de 59 % sur un an et sont désormais supérieures à celles enregistrées début 2016 (1092).

Le secteur textile-habillement concentre plusieurs défauts de PME ce trimestre. Il est suivi par le bâtiment, le transport routier de marchandises, la restauration mais aussi des activités sociales en particulier l’aide à domicile et l’action sociale.

 

Les secteurs d’activité retrouvent au mieux leurs valeurs de début 2019

COMMERCE

Le commerce interentreprises repasse au-dessus de 600 défauts (610 ; + 46 %) pour la première fois depuis début 2019 mais demeure sous les 649 de cette période. Deux activités se distinguent. Si les grossistes alimentaires (101) remontent à leur niveau de début 2018, ceux des matériaux de construction (61) en revanche retrouvent à peine le volume de 2020.

Le commerce de détail fait moins bien (1933 ; + 49 %) et remonte déjà aux valeurs de 2018. Le détail alimentaire souffre particulièrement (361 ; + 60%) et approche la valeur de 2017 (379). Les magasins multi-rayons (279 ; + 47 %) sont même au-delà des défaillances de 2017. La vente hors magasin (294 ; + 41 %) retrouve sa sinistralité de début 2018. Il s’agit pour l’essentiel de ventes sur les marchés et sur les plateformes.  Le commerce et réparation de véhicules (618 ; + 31 %) est sévèrement orienté. Au cours des quinze dernières années, seul le premier trimestre 2014 a comptabilisé un volume comparable.

RESTAURATION 

Le secteur de la restauration (1669 ; + 62 %) enregistre son pire volume de défaillances depuis 2016 (1750). En restauration traditionnelle, l’évolution est encore forte (902 ; + 50 %) mais semble un peu ralentir par rapport aux trimestres précédents. En revanche, la tendance reste vive (699 ; + 80 %) en restauration rapide. Les débits de boisson (286 ; + 42 %) conservent un niveau de défauts sous celui de début 2019 (327).

L’hébergement (112 ; + 58 %) retrouve son niveau du premier trimestre 2019.

SERVICES AUX PARTICULIERS

Dans le secteur des services aux particuliers, les salons de coiffure et instituts de beauté repassent pour la première fois depuis le premier trimestre 2015 la barre des 500 procédures (507 ; + 44 %).

Dans les autres activités, les activités récréatives, celles de santé humaine et action sociale, et d’enseignement comptent désormais plus de 200 défaillances chacune, mais se maintiennent néanmoins sous les seuils de début 2019.

CONSTRUCTION 

La construction est à son tour rattrapée par l’envolée des défaillances (3379 ; + 42 %) mais tient encore et demeure sous le niveau de sinistralité de début 2019 (3521). Une performance portée par le BTP (2801 ; + 43 %) tandis que l’immobilier est plus en difficulté.

INDUSTRIE MANUFACTURIERE / AGROALIMENTAIRE 

Dans l’industrie manufacturière (545 ; + 38 %) les défaillances sont encore un peu moins nombreuses que début 2019 (573). Toutefois, la situation varie selon les activités. Ainsi, la sinistralité revient au niveau de 2020 dans le bois et matériaux de construction (44 ; + 47 %) et dans l’imprimerie (49 ; + 58 %), approche les valeurs de 2019 dans le textile - habillement (52 ; + 33 %) mais dépasse ce référentiel dans la métallurgie – mécanique (94 ; + 31 %) voire celles de 2017 dans la réparation – maintenance (94 ; + 57 %).

L’agroalimentaire est à un plus haut sur plus de dix ans avec 501 procédures (+ 86 %). Le secteur concentre essentiellement la fabrication de produits de boulangerie-pâtisserie et pâtes. 373 procédures (+63 %) ont été ouvertes, un niveau qui n’avait plus été approché depuis début 2017 (382).

 SERVICES AUX ENTREPRISES

Le secteur des services aux entreprises présente une hausse globale de + 38 % pour 1822 procédures, un nombre qui n’avait plus été atteint depuis 2017 (1845).

 TRANSPORTS

363 (+ 40 %) transporteurs de marchandises sont tombés en défaillance au cours du premier trimestre 2023. La barre des 300 procédures n’avait plus été franchie depuis 2017 (338). Le transport routier de voyageurs affiche une faible augmentation (+ 5 %) du nombre de défaillances d’entreprises, soit 135 procédures, un niveau encore en-dessous de la valeur de début 2020 (139).

 AGRICULTURE

L’agriculture limite la hausse du nombre de défauts sous 3 % à 284, un nombre proche de celui de début 2020 (280).

   

 

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